Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International, professeur d'Université, ancien conseiller et directeur d'Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1980-1990/1995-000/2006 En effet, concernant les perspectives de financement, un dollar équivalant à 75 dinars contre 64 dollars en 2008, les prix du pétrole brut étant passés, en moyenne annuelle, à 61,5 dollars le baril en 2009 contre 99,2 dollars le baril en 2008, les exportations de l'année 2009 s'élèvent à 44,3 milliards de dollars contre 76,9 milliards de dollars en 2008, les produits ayant été de 4 239 milliards de dinars contre 9 095 milliards de dinars en 2008, marquant une baisse de 53% selon Sonatrach, dans son rapport financier 2009 diffusé officiellement fin juillet 2010,les produits de l'exercice 2008 comprenant en plus des produits propres à l'année, la régularisation des fiscalités pétrolières des années 2006 et 2007. Par rapport aux produits propres à l'année 2008, les produits de l'exercice 2009 ont marqué une diminution de 27% soit 1 580 milliards de dinars, due essentiellement à l'effet combiné de la baisse des quantités vendues et du prix du baril, cette baisse du point de vue des recettes fiscales évaluées en dinars ayant été légèrement atténuée par la parité dinar / dollar US. La part des associés est passée de 4,2 milliards de dollars en 2008 à 3,9 milliards de dollars en 2009, marquant une baisse de 6% en liaison avec l'effet combiné de la baisse des quantités vendues et du prix du baril et la taxe sur les profits exceptionnels (TPE), prélevée sur les droits des associés et reversée au Trésor public, s'est élevée à 1,2 milliard de dollars US. La rémunération brute des associés, constituant le profit-oil, est passée à 407 milliards de dinars en 2009 contre 516 milliards de dinars en 2008, marquant une baisse de 21%. Le résultat net de l'exercice 2009 s'est établi à 284 milliards de dinars, en baisse de 52% par rapport au résultat de 2008. Aux recettes de Sonatrach, il faut ajouter la somme modique de 2 milliards de dollars hors hydrocarbures, et soustraire l'autofinancement de Sonatrach. qui selon les responsables ne subira pas de changement évalué à 63 milliards de dollars entre 2010/2014 , montant auquel il faut ajouter les investissements souhaitables pour éviter une très grave crise de Sonelgaz pour environ 15 milliards pour la même période, au total 78 milliards donc une moyenne annuelle de plus de 19 milliards de dollars par an, soit près de 50% des recettes de Sonatrach sous réserves qu'il n'y aura pas de réévaluation des projets. Il restera pour les autres secteurs de l'économie 45 milliards de dollars au cours du baril en moyenne de 70 dollars à prix constants milliards moins 19 milliards de dollars, soit 26 milliards de dollars. Sans compter la baisse du quota OPEP où le manque à gagner selon les responsables du secteur est d'environ 5 milliards de dollars par an, avec le prix actuel du baril et du prix de cession du gaz, la capacité financière est d'autant plus réduite, l'Algérie ayant réalisé d'importants investissements gaziers, alors que comme analysé précédemment, le prix du gaz naturel a chuté de moitié au niveau mondial. Ainsi, l'Algérie pourrait faire face à une crise interne de financement dans les huit prochaines années, si le prix international se maintient à son niveau actuel ainsi que les actuelles prévisions d'exportation et de consommation intérieure. Ce d'autant plus, qu'après les nouvelles mesures gouvernementales de limitation de l'investissement étranger dont la modification de la loi des hydrocarbures limitant à moins de 49% l'apport étranger tant à l' amont, qu'à l'aval, que dans le transport par canalisation, il y a eu une nette diminution des investissements étrangers dans ce secteur qui requiert des technologies de pointe. C'est que ces mesures pouvaient se justifier en partie pour l'amont (l'essentiel de la rente actuelle), mais pas pour l'aval et les canalisations dont les coûts sont élevés et la rentabilité financière beaucoup plus faible ce qui explique, que pour l'avenir, Sonatrach devra puiser sur ses fonds propres, les étrangers se limitant à la construction sans prendre de risque commercial ne devant pas attirer de veritables partenaires étrangers dans ces segments en étant majoritaire dans le capital social. C'est que les produits semi-finis et finis pétrochimiques sont soumis à une rude concurrence au niveau mondial et les segments contrôlés au niveau mondial par quelques firmes, (marché oligopolistique), l'Algérie n'ayant pas par ailleurs investi à temps dans ces filières contrairement à bon nombre de pays du Golfe, les parts de marché au niveau mondial sont déjà prises sans compter que l'amortissement a été largement effectué pour ces pays réduisant substantiellement leurs coûts contrairement à l'Algérie qui aura fort à faire pour avoir un prix compétitif du fait de la lourdeur des coûts d'amortissements de départ. Aussi, la question stratégique qui se pose est la suivante : avec l'hémorragie de ses cadres, (882 experts et ingénieurs auraient quittés Sonatrach entre 2001/2009 selon un rapport interne à Sonatrach, ce qui a amené le Groupe à confier la charge des puits à des sociétés étrangères), la Sonatrach a-t-elle les capacités de faire des découvertes intéressantes rentables financièrement, une prospection coûtant, et lorsque la rentabilité n'étant pas assurée, ce sont des fonds perdus? Sonatrach a-t-elle les capacités d'investir seule sans un bon partenariat, sans le partage des risques à l'aval sans être assurée de la commercialisation sachant que pour diminuer les coûts , il faut une grande capacité des installations, et que le marché intérieur est limité? Quelle est la rentabilité financière des investissements de Sonatrach à l'étranger, tant dans sa participation que dans des fonds d'investissement qu'elle aurait réalisés? Quelle est la rentabilité, Sonatrach s'étant fortement dispersée depuis 2000, devenant un Etat, dans un Etat s'étant éloignée de ses métiers de base, faisant double emploi avec les départements ministériels, dans l'aviation, dans la construction et dans les unités de dessalement de l'eau de mer. Sonatrach doit revenir à ses métiers de base. DEUXIEME PARTIE SONATRACH ET L'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL Qu'en est-il de la place de Sonatrach dans le commerce mondial? Selon le classement du Petrolum Intelligence Weekly (PIVV) dans son rapport de décembre 2008,mais il semble que ce rapport soit dépassé, Sonatrach est la 13ème compagnie mondiale (12ème en 2007) , ce classement associant les compagnies internationales privées et les sociétés nationales autour de quatre critères (les réserves de pétrole et de gaz, la production de pétrole et de gaz , la capacité de raffinage et les ventes de produits pétroliers) , Sonatrach étant classée 7ème groupe mondial par la taille de ses actifs, 13ème pour le bénéfice net , 22ème pour le chiffre d'affaires, et 25ème pour le nombre d'emplois. Avec environ une production de 1,4 million de barils jour dont 1,2 million barils/ jour d'exportation, c'est la première compagnie en Afrique, maintenant un très net écart avec ses deux poursuivants sur le podium 2010 des 500 premières entreprises africaines: l'angolaise Sonagol et la sud-africaine Sasol , selon une enquête récente de Jeune Afrique (numéro spécial décembre 2009) sur le top 500. Au niveau local, Sonatrach est suivie de Naftal (34), Naftec (61), Sonelgaz (72), Algérie Télécom (143), Air Algérie (153), Cosider (165), ENTP (266), l'entreprise nationale de géophysique (394), Cevital (69), OTA (67), Watania (225). Sonatrach est également le 2e exportateur de GNL et de GPL et le 3e exportateur de gaz naturel (GN) notamment à travers ses réseaux Medgaz (Europe via Espagne) et Galsi (Europe via Italie) devant passer de 62 en 2009 à 85 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2012, (alors que les exportations en 2009/2010 sont en baisse, et se pose la question si les objectifs sont realistes ) ayant des activités diversifiées touchant toute la chaîne de production : exploration, exploitation, transport, raffinage. En effet,il ya urgence de confirmer ou non les informations de la revue internationale Petroleum Economist, d'octobre 2010 qu'en dix ans, les exportations de GNL seraient passées de 12 à 6% du total des échanges mondiaux de ce gaz, alors que sur la même période, le volume des échanges de gaz dans le monde s'est développé de 8,1%, et que les exportations algériennes ont baissé de 11% où l'Algérie perd de plus en plus des parts de marché ? En effet, selon Petroleum Economist, l'Algérie a perdu deux marchés de fourniture de pipeline, en Italie, principalement? la Libye ayant bénéficié au dépend de Sonatrach du pipeline Greenstream en Sicile , la Norvège qui a commencé à fournir l'Italie depuis ses terminaux continentaux en 2001, les Pays-Bas ayant vu leurs échanges avec l'Italie s'allonger et pis encore, le client traditionnel de l'Algérie, à savoir l'Espagne, du fait des différends commerciaux. La Russie , le Nigeria, l'Egypte et le Qatar ont tous vu leurs positions se renforcer malgré leur situation géographique et logistique beaucoup moins favorable que celle de l'Algérie débouché du GNL algérie de gaz algérien représentent en 2009 un tiers des recettes de Sonatrach et n'ont pas dépassé 54,5 milliards de m3 en 2009, fort loin de l'objectif de 85 milliards de m3 pour 2012. La concurrence du marché spot et des retards dans certains projets dont celui de Gassi Touil, qui devait entrer en production justement en 2009, expliqueraient le recul de 2009 selon le site www.maghrebemergent, citant le site de Sonatrach et des responsables du secteur, alors que le rythme des exportations annuelles de gaz naturel tournait autour des 64 milliards de m3 par an, depuis 3 ans, en attendant l'entrée en production de nouveaux gisements gaziers. L'objectif pour 2009 était d'exporter 65 milliards de m3. Par ailleurs, les acheteurs, principalement les Italiens, les Espagnols et les Français - plus de 60% des quantités engagées- n'ont recouru qu'à l'enlèvement minimal des volumes contractuels à un prix moyen indexé sur le prix du brut, situé entre 7 et 10 dollars le million de BTU durant l'année. Le reste des approvisionnements a été réalisé par les clients de Sonatrach sur les marchés spot où le gaz naturel - cargaisons GNL - étaient cédées à moins de 5 dollars le million de Btu en moyenne sur le second semestre 2009, la crise mondiale ayant entrainé une baisse des enlèvements de gaz naturel par les Italiens, les Espagnols et les Français, de plus de 60% des quantités engagées contractuellement.