Il est temps de penser à donner un contenu concret au pacte social de stabilité qu'avaient envisagé de faire les autorités à un moment donné. Un des objectifs fondamentaux, sinon l'objectif de l'économie de marché, est bien celui d'acquérir la capacité à financer le développement en substitution à l'endettement étatique et à la dépense publique. Un développement en mesure d'amortir considérablement les frustrations socio-économiques et ainsi construire un nouvel ordre social. Les éléments constitutifs d'un nouvel ordre social inscrit à la fois dans la vision des implications du programme mis en œuvre en matière socio-économique et dans les principes, qui fondent la démarche balisée au sein de la tripartite, devraient être mieux explicités pour fournir aux populations une lecture, peut être plus sereine que celle qu'elles se font parfois de leur avenir. Mieux explicités mais plus convaincants. De la transparence plus particulièrement. Pratiquement les discours prononcés par le pouvoir, ou plutôt par le président surtout, tentaient de mobiliser les opinions publiques sur la base de l'identification des objectifs poursuivis et du balisage des itinéraires empruntés tout en faisant le lien entre l'impératif du succès du programme mis en œuvre et les retombées sur le bien être des populations. Mais, il n'a pas été mené une politique permanente d'explication qui servira de relais à celle que développait constamment le président. Cela fait quand même un bon bout de temps que nous n'avons pas vu intervenir le président par des discours enflammés et appréciés par les populations. Lorsque des ministres sont amenés à intervenir, ils adoptent pratiquement tous des discours techniques mais même à ce niveau, ils semblent oublier qu'ils ont à faire à des populations, qui parfois, ne maîtrisent pas les concepts utilisés.Et pourtant, ce ne sont pas les chantiers qui manquent, et ce ne sont pas les fonds qui ont manqué car engagés d'une façon "colossale". Possible même que des engagements financiers de tels niveaux ne seront pas réédités. C'est une chance historique que de pouvoir financer la croissance à un tel niveau record de dépense publique. Y a-t-il une mobilisation réelle de façon à faire réussir le programme pour lequel ont été consenties des dépenses aussi colossales et qui se chiffrent à des centaines de milliards de dollars ? 283 milliards de dollars, ce qui représente un montant supérieur à l'ensemble des dépenses cumulées depuis l'Indépendance nationale. L'Etat s'est quand même vu contraint, dans cette période transitoire d'avancée vers l'économie de marché, de prendre en charge, sur des dépenses publiques, le financement de la croissance et notamment le rattrapage des déficits cumulés en infrastructure portuaires, routières, en équipement pour l'alimentation en eau des personnes et de l'agriculture ainsi que la construction de deux millions de logements et la réalisation cumulée de cinq millions d'emplois pour répondre aux attentes populaires en la matière. Dans ce contexte justement où la compréhension de ce qui se passe sur le plan des privatisations parait assez difficile et où il apparaît également au vu de la difficulté à trouver un premier emploi pour les jeunes arrivés sur le marché du travail et même pour les diplômés, que le processus d'entrée dans l'économie de marché est difficilement maîtrisable, la tendance constatée est aux manifestations, et parfois même, aux émeutes en substitution à la patience et au dialogue, ce dernier n'existant pas. N. B.