Il est temps de penser à donner un contenu concret au pacte social de stabilité qu'avaient envisagé de faire les autorités à un moment donné. Les éléments constitutifs d'un nouvel ordre social inscrit à la fois dans la vision des implications du programme d'action du gouvernement visant à créer la croissance et à soutenir, à celle-ci, et dans les principes qui fondent la démarche balisée au sein de la tripartite devraient être mieux explicités pour fournir aux populations une lecture peut-être plus sereine que celle qu'elles se font parfois de leur avenir. Pratiquement, à part les discours du Président qui tentent de mobiliser l'opinion publique sur la base de l'identification des objectifs poursuivis et du balisage des itinéraires empruntés, tout en faisant le lien entre l'impératif du succès du programme mis en œuvre et les retombées positives sur le bien être des populations, il n'est pas mené une politique permanente d'explication qui puisse servir de relais à celle que développe le Président. Il est vrai que des ministres n'ont pas observé de pause dans les politiques de communication des actions de leur secteur mais il y a de ces concepts utilisés qui ne font pas partie du vocabulaire du profane, compte tenu que la transition économique n'a pas été accompagnée d'une familiarisation et pas seulement des populations aux nouveaux concepts qui traduisent les orientations ou axes directeurs de travail autour desquels s'articulent les nouvelles politiques d'action pour ce qui concerne les politiques économiques et sociales. Nombreux parmi les populations qui accréditent la thèse selon laquelle ces dernières seront jetées en pâture aux forces du marché craignent que leur bien être ne soit considéré comme une charge pour les entreprises et qu'ils vont faire les frais d'une vision économique fondée sur l'abaissement des coûts salariaux et sociaux en vue de créer les conditions d'une compétitivité performante. Dans ce contexte justement, où la compréhension de ce qui se passe sur le plan des privatisations parait assez difficile et où il apparaît également au vu de la difficulté à trouver un premier emploi pour les jeunes arrivés sur le marché du travail et même pour les diplômés que le processus d'entrée dans l'économie de marché est difficilement maîtrisable, la tendance constatée est aux manifestations et parfois même aux émeutes localisées en substitution à la patience et au dialogue.