Plus de 34 millions de litres de lait crû ont été produits en 2010 dans la wilaya de Béjaïa, en hausse de plus de 14% comparativement à l'année 2009, selon le directeur de wilaya des Services agricoles. Ce résultat, proche des prévisions du contrat de performance de la wilaya, fixé à 35 millions de litres, est jugé encore plus probant au regard de la jauge collectée, celle-ci ayant atteint un niveau de prés de 8 millions de litres contre à peine 2,7 millions de litres en 2007, considérée comme une année de référence. "C'est un résultat satisfaisant mais non suffisant", a estimé le DSA, Bouaziz, soulignant que cette production représente une couverture de 40% des besoins locaux, estimés à quelque 73 millions de litres/an. C'est dire l'effort qui reste à faire, notera-t-il avec optimisme vis-à-vis de l'avenir car, à ses yeux, "la filière lait suscite de plus en plus d'engouement et se caractérise par un dynamisme réel, puisqu'elle occupe désormais la deuxième place, d'un point de vue importance, après l'oléiculture". Cet engouement, initialement induit par les mesures incitatives de l'Etat, notamment les aides offertes autant à la production (12 DA/litre) et à la collecte (5DA/litre), qu'à la transformation ou encore à l'acquisition de matériels et autres cheptels, s'est renforcé du fait d'une meilleure organisation des exploitations, et des circuits de collecte et, au bout de la chaîne, une meilleure organisation des professionnels de la filière. "La conjonction de tous ces facteurs a manifestement instauré un nouvel esprit plus professionnel, plus entrepreneurial, et plus solidaire", a-t-il relevé, évoquant, à ce titre, que la réussite de certaines expériences pilotes tentées dans la wilaya font désormais tâche d'huile à travers l'ensemble du territoire national. Dans cet ordre d'idée, M. Bouaziz, mettra en relief, celle entreprise, à titre individuel, par la laiterie "Soummam" qui, pour réduire sa dépendance à l'égard des importations en poudre de lait, a pris sur elle de verser complètement dans l'élevage bovin laitier. La formule mise à l'épreuve repose sur la mise à disposition, sans payement préalable, de génisses importées à des éleveurs qui, en contrepartie, mettront à la disposition de la laiterie, leurs premières génisses et une partie de leur production laitière pendant 05 ans. Son succès est fulgurant comme en témoigne le nombre d'éleveurs qui font le pied de grue pour pouvoir y adhérer. En moins d'une année, 800 vaches ont déjà été distribuées et une autre opération de quelques 1000 autres est en route pour satisfaire la demande, a-t-il indiqué. A ce rythme, l'objectif de produire, conformément au contrat de performance fixé à la wilaya pour l'horizon 2014, quelque 45 millions de litres/an sera largement dépassé, y voit-il, misant, à ce sujet, sur la remise sur rail, d'une exploitation publique à Souk-El-Tenine, à 25 km à l'Est de Béjaïa, dont les résultats augurent dores et déjà d'un bouleversement total de la filière. Dénommée, "complexe agro-zootechnique et d'élevage" (CAZEL), cette exploitation, confrontée à sa création en 1998 à une multitude de contraintes, est en train de réaliser des prouesses dans l'élevage, la production de génisses et de lait, ainsi que les fourrages. Pourvue de prés de 300 vaches laitières, elle a collecté 723000 litres en 2010, et compte en livrer pour l'année en cours, plus du double, soit 1,5 million de litres. Son plan de charge est tel qu'il la destine à devenir un pôle régional, non seulement en tant que bassin laitier mais également comme pépinière de production de génisses, et de plants fourragers (Sorgho, vesce, avoine, luzerne, orge, mais, entre autres). En fait, "la dynamique de développement de la filière est réellement enclenchée" se réjouit Bouaziz, qui relève par ailleurs le relèvement du potentiel fourrager local, auteur d'une production en 2010, de 412.600 quintaux, contre 372.000 quintaux en 2009. Pour rappel, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a mis en place un nouveau dispositif pour la filière lait qui lie les laiteries à l'Office national interprofessionnel du lait (Onil). Le nouveau dispositif entré en vigueur le 1er janvier prévoit d'ailleurs des sanctions à l'encontre des transformateurs qui contreviendraient à leurs engagements. Sur les 139 laiteries ayant répondu à l'appel à manifestation d'intérêt lancé par l'Onil en novembre 2010, et qui ont retiré le cahier des charges relatif aux conditions de contractualisation du partenariat avec l'office, 118 ont déposé leur dossier de candidature dans les délais, indique par ailleurs le ministère. Notons que le nouveau dispositif de fonctionnement de la filière laitière a le double objectif de " développer la production nationale et de mettre en oeuvre la dimension sociale inscrite dans la politique alimentaire du pays", souligne le ministère, rappelant que l'adhésion des transformateurs privés à ce partenariat est volontaire. Par contre, les laiteries publiques sont mises sous sujétion des pouvoirs publics pour la production de 50% des besoins du marché en lait subventionné. Ce dispositif, selon le ministère, est mis en place à travers deux contrats spécifiques: le premier porte sur l'acquisition par les laiteries d'une quantité de poudre de lait subventionnée en contrepartie d'un engagement pour la transformer (...) et de le mettre à la disposition des consommateurs au prix de 25DA/litre. Le second contrat consiste en l'engagement de la laiterie à collecter le lait cru, à le pasteuriser et ''à le revendre à des prix libres, moyennant une information distincte et lisible sur le sachet'', précise le ministère. ''En contrepartie, la laiterie bénéficiera de la prime d'intégration de 4 DA et, si celle-ci (laiterie) renonce à la poudre de lait importée et n'utilise que le lait cru, elle verra sa prime d'intégration passer à 6 DA le litre de lait intégré'',. Cependant, 112 laiteries seulement, dont 15 publiques et 97 privées, ont été retenues pour engager les négociations de contrats de partenariat avec l'Onil. Celles-ci se partagent à part égales les capacités totales de transformation du lait.