Les pays occidentaux considèrent que l'Etat doit se recentrer sur les missions essentielles. Pourquoi faudrait-il "Be draa" que nos perceptions et les leurs devraient coïncider ? Les pays occidentaux nous demandent d'aller toujours plus loin dans les réformes pour instaurer l'économie de marché et, bien sûr, la démocratie qui va avec. Quel pays de ce qu'on appelle le tiers-monde a su s'en sortir à son avantage après avoir initié chez lui les réformes économiques telles que celles-ci ont été recommandées ? Ce n'est pas un secret que l'Algérie n'est pas encore parvenue à disposer d'une vraie économie de marché, celle qui est capable de financer le développement. Peut être même que nous n'y parviendrons pas de sitôt, quand on observe les légitimes revendications formulées par le secteur privé national pour ce qui concerne sa protection contre une concurrence étrangère. Les contextes ont beaucoup changé en peu de temps, détruisant le socle sur lequel étaient fondées les anciennes certitudes. Il est évident que des discours " dictés prônant les avantages de l'entrée de l'Algérie dans l'économie de marché ne peuvent plus "marcher". Cela l'est maintenant, plus particulièrement depuis les implications sur notre pays de la récession économique des pays développés soumis au séisme de la crise financière internationale. Il n'existe plus aucun élément pouvant valider la thèse de la venue des investisseurs étrangers massivement comme cela avait été compris au moment des réformes. Les pays occidentaux pourtant nous promettaient des IDE massivement si on adoptait les réformes libérales. Compte tenu qu'il est pratiquement une certitude pour le moyen terme, il ne sera plus question d'intégrer dans une large majorité les investisseurs étrangers et que c'est d'abord l'Etat qui va piloter et financer selon des ressources dites aléatoires dans une bonne période la restructuration de l'industrie, allons-nous reprendre les revendications adressées à l'Etat par les syndicats de ne plus obéir aux institutions financières internationales, de ne plus abaisser la barrière de protection sociale. Elle en est même très loin le niveau de la protection sociale ? L'argumentation sera bien simple. Les sacrifices étaient consentis, car au bout il devait y avoir la venue massive des investisseurs étrangers qui allaient amortir le choc des licenciements massifs, et même les compenser. C'était en tout cas l'argumentation fournie invariablement par les pouvoirs publics pour faire accepter l'économie de marché aux travailleurs, et ceci, depuis qu'il a été décidé de libéraliser notre économie, donc de désengager l'Etat de la gestion et même du capital des entreprises. Les travailleurs, en réalité, ne l'entendent pas de cette oreille. La preuve en est que les populations ont bien compris qu'il leur faut demander plus d'Etat, que l'Etat devrait être leur seul employeur, comme cela l'était avant, et ce sur tous les plans de l'économie, de l'emploi, du social, des questions de sécurité bien sûr. Cette revendication traduit pour l'opinion publique la conviction qu'il n'est pas question que vienne le moment pour que l'Etat de se désengage des missions de gestion directe, encore moins de se recentrer sur des missions exclusivement de régulation et qu'il se déleste de tout ce qui peut être effectué par le secteur privé. Le rôle de garant ne fait pas partie de nos traditions économiques et sociales. L'Etat, pour une grande partie des populations, doit être gérant et n'a pas à faire des bénéfices sur le "dos" des citoyens, alors on a vu qu'avec la perception qui a cours au niveau des opérateurs sur le rôle de l'Etat, il s'en est suivie une dérive des prix des produits alimentaires. Les populations elles-mêmes s'aperçoivent pour longtemps encore, qu'elles auront besoin que l'Etat s'implique dans la prise en charge de leurs préoccupations quotidiennes. Elles ne voient pas du tout l'utilité de privatiser les services, ou, à tout le moins, la protection sociale.