Les mouvements de protestation se sont amplifiés, hier, avec la mobilisation des étudiants, des médecins résidents et des fonctionnaires des services économiques. Ainsi, des centaines d'étudiants d'universités et d'écoles supérieures de plusieurs wilayas du pays se sont rassemblés à Alger devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, brandissant des revendications socio-pédagogiques. Les protestataires demandent, dans ce mouvement auquel a appelé la coordination nationale indépendante des étudiants, "la démocratisation de l'université" afin que l'étudiant puisse, selon eux, "élire librement le recteur et les responsables de l'université". Ils appellent également à la réhabilitation des systèmes "classique" et "L.M.D" (Licence-Master-Doctorat) en vigueur dans l'enseignement supérieur, affirmant la nécessité de maintenir l'ancien système. Les représentants de la coordination revendiquent aussi l'amélioration du cadre de formation dans les universités, les instituts et les écoles supérieures, en les dotant des moyens nécessaires à une formation de qualité. D'autre part, la plate-forme de revendications comprend la généralisation de l'enseignement des langues étrangères dans tous les paliers de l'enseignement et le maintien de la filière traduction dans toutes les universités du pays. Un responsable du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique a, pour sa part, indiqué que "les premières revendications exprimées par le mouvement ont été prises en considération par le Conseil des ministres qui a recommandé de fournir toute l'aide au ministère pour la prise en charge des revendications pédagogiques, et scientifiques légitimes", affirmant que la tutelle "ne peut prendre en charge les revendications autres que pédagogiques, en dehors du cadre de sa compétence". Le ministère, a ajouté la même source, a "engagé en février dernier un large dialogue avec les étudiants, c'est pourquoi les troubles sont restés confinés dans certains établissements et filières seulement. Les autres instituts et universités poursuivent normalement leurs activités". Pour le responsable, la "démocratisation de l'université" est "une revendication politique", qui se situe en dehors de l'espace universitaire, estimant que "l'élection des responsables des universités ne relève pas des prérogatives de l"'étudiant". Le recteur de l'université d'Alger 2 (Bouzaréah), Abdelkader Henni a, pour sa part, déclaré que les étudiants étaient impatients de voir la concrétisation sur le terrain des décisions, précisant que "les alternatives devant être fournies requièrent beaucoup de réflexion et de temps". "Les universités s'attellent depuis plus de deux semaines à l'examen des questions liées aux revendications des étudiants à travers des rencontres de concertation auxquelles ont été associés les étudiants", a indiqué M. Henni. De leur côté, les médecins résidents ont entamé une grève nationale de deux jours, "largement suivie", pour revendiquer l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle et pédagogique, a-t-on constaté. "Le taux de suivi a dépassé les 90% au niveau national en ce premier jour de grève", a affirmé à l'APS le Dr Amine Benhabib, membre du Collectif autonome des médecins résidents algériens. Un service minimum est cependant "assuré pour les urgences et les gardes médicales dans les différents centres et établissements hospitalo-universitaires", a encore affirmé, Dr Benhabib. Il a signalé, par ailleurs, que les grévistes n'avaient reçu, pour l'instant, "aucune réponse" de la part des ministères de tutelle (Santé et Enseignement supérieur) concernant les revendications "légitimes" des médecins résidents. Cette grève survient après deux sit-in observés par le collectif des médecins résidents, la semaine dernière, au CHU Mustapha-Pacha d'Alger. Leur canevas de revendications englobe notamment l'abrogation du service civil, la révision de l'actuel statut, un relèvement des salaires et la validation des formations spécialisées nationales et internationales effectuées par les résidents au cours de leurs cursus. Par ailleurs, la coordination nationale des fonctionnaires des services économiques affiliée à la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE) et à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a organisé, hier à Alger, un sit-in de protestation pour faire valoir une série de revendications. La coordination nationale des fonctionnaires des services économiques réclame l'indemnité de documentation, l'indemnité d'expérience pédagogique et d'autres indemnités avec un effet rétroactif, conformément au décret exécutif 08-315 qui a bénéficié à tous les travailleurs et fonctionnaires de l'éducation à l'exception de ceux des services économiques. Ils ont indiqué que leurs revendications ne dataient pas d'hier mais qu'elles remontaient à 2003, précisant que les contacts en cours entre les représentants du ministère et de la coordination n'ont toujours rien donné. Les protestataires ont exprimé leur désarroi quant à leur classement. C'est pourquoi ils réclament d'être classés dans l'un des deux ministères pour pouvoir bénéficier des avantages et indemnités prévus. Ils ont déclaré n'être classés ni comme le reste des travailleurs et fonctionnaires de l'éducation ni comme ceux du ministère des finances.