Photo : Riad Par Amel Bouakba Rien ne semble atténuer la colère des étudiants des écoles supérieures. Ils sont plus que jamais décidés à maintenir la pression sur la tutelle jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. Hier, ils étaient des centaines à manifester devant le ministère de l'Enseignement supérieur, situé à Ben Aknoun, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : «Halte au bricolage», «Ecole supérieure, diplôme inférieur» «Le décret de la honte», «Ingénieurs en colère», «Ingénieur d'Etat et l'Etat nous rabaisse»… Les étudiants en colère dénoncent le décret présidentiel numéro 10-315, publié le 15 décembre dernier, qui fixe la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires et qui dévalorise leur diplôme ; et ils exigent le retour à l'ancien système. Les étudiants représentants de huit écoles supérieures d'Alger, de Blida et de Boumerdès sont montés au créneau pour réclamer la valorisation de leur diplôme d'ingéniorat. «Nous revendiquons le titre d'ingénieur d'Etat, un diplôme qui est totalement dénigré par le décret incriminé», précise Zakaria Derbal, un des délégués des étudiants de magistère de l'Ecole supérieure de commerce (ESC). Ils demandent l'annulation pure et simple de ce qu'ils qualifient de «décret de la honte», qui prévoit, disent-ils, «l'équivalence et l'égalité entre le diplôme de magistère et le master malgré le fait que le cursus et les parcours pédagogiques et scientifiques franchis en vue de l'obtention des deux diplômes soient totalement différents». De même, ils s'insurgent contre le fait que «les étudiants qui ont un diplôme de magistère peuvent accéder aux concours de recrutement aux universités uniquement après être inscrits en doctorat». Ce qui, aux yeux des protestataires, «dévalorise le diplôme de magistère». De l'avis des étudiants, «ce bricolage n'est qu'une fuite en avant des pouvoirs publics qui n'arrivent pas à assumer l'échec du système LMD». Même colère et mêmes revendications chez Abderrahmane et Amine, représentants des étudiants de l'université Saad Dahlab de Blida qui se sont joints au mouvement de protestation. La grogne des étudiants est au summum. Ils réclament la valorisation du diplôme de magistère et l'instauration des écoles doctorales au niveau des grandes écoles ainsi que le changement des conditions d'accès. Les protestataires ont entamé depuis la semaine dernière une grève illimitée et ont décidé de boycotter les examens. «Nous avons déjà tenu un rassemblement la semaine dernière et nous sommes décidés à maintenir notre mouvement de protestation jusqu'à satisfaction de nos revendications. Nous envisageons également un rassemblement devant la Présidence», souligne Mohamed Garichi, de l'Ecole de planification et des statistiques (ENSSEA), un des délégués des étudiants. Notons qu'une plate-forme de revendications a été remise hier par les délégués des étudiants au chef de cabinet du ministère de l'Enseignement supérieur, qui a assuré prendre en charge leurs doléances. A. B. Ministère de l'Enseignement supérieur : «Les revendications sont légitimes» Interpellé pour connaître l'avis de la tutelle sur les doléances des étudiants des écoles supérieures, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, par la voix de son attaché de presse, a estimé que «les revendications sont légitimes». Il a souligné que les portes du dialogue sont ouvertes, précisant que le ministre de l'Enseignement supérieur a donné instruction d'accueillir les délégués des étudiants et de prendre en charge leurs préoccupations. Notre interlocuteur a, par ailleurs, expliqué qu'une réunion nationale est prévue aujourd'hui au siège du ministère, en présence des directeurs des écoles et des recteurs en vue d'examiner la plate-forme de revendications et de trouver les solutions adéquates.