L'approche de la fin de l'année universitaire attise les inquiétudes des étudiants de médecine quant à leur avenir immédiat. Hier, une centaine d'étudiants de l'Institut national de l'enseignement des sciences (INESM) d'Oran ont observé un sit-in à l'intérieur de cet institut pour « exiger l'ouverture de négociations sérieuses entre les hospitalo-universitaires et les deux ministères de tutelle. A Constantine, le mouvement de protestation des étudiants se poursuivait hier encore. Les étudiants ont brandi des banderoles où on pouvait lire : « Les blouses blanches contre l'année blanche », « Sauvez-nous du spectre de l'année blanche » et « Science avec conscience ». Le boycott des examens observé par les hospitalo-universitaires depuis le 21 mars dernier dans les dix facultés de médecine du pays est à l'origine de ce désarroi des étudiants en sciences médicales, qui assistent impuissants à un pourrissement du bras de fer entre les grévistes et les deux ministères de tutelle, à savoir le ministère de la Santé et de la réforme hospitalière et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Les étudiants des 4ème, 5ème et 6ème années de médecine et ceux de la chirurgie dentaire et de pharmacie sont les plus pénalisés par le boycott des examens. « Nous suivons un système modulaire et l'accumulation des examens aura des conséquences sérieuses sur notre cursus universitaire », explique cette déléguée des étudiants. Les représentants des contestataires ont déposé une déclaration au rectorat de la Faculté de médecine pour « appeler à l'ouverture aux plus brefs délais du dialogue entre les différentes parties du conflit ». Ils avaient également réitéré leur « refus de tout pourrissement pouvant mener soit vers une année blanche ou à des évaluations de masse qui sanctionneraient plus les étudiants ». Les représentants des étudiants, tout en espérant un dénouement rapide à ce conflit, avaient menacé de recourir à d'autres actions de contestation à l'avenir au cas où leurs doléances ne seraient pas satisfaites par les deux ministères de tutelle. Cette montée au créneau des étudiants de médecine n'est pas une action restreinte pour la seule Faculté d'Oran, puisque les étudiants des autres Facultés de médecine du pays se sont mobilisées contre le spectre de l'année blanche. Les étudiants en médecine de la Faculté d'Alger utilisent le net comme canal pour la mobilisation. Un groupe qui s'est baptisé « Mouvement algérien des étudiants en médecine - Mobilisation massive » recrute désormais sous le pseudonyme Simpho Ny sur Facebook. Objectif de cette mobilisation est d'« éloigner le spectre de l'année blanche qui pourrait être conséquence à la grève par intermittence qui paralyse le secteur sanitaire depuis décembre 2008 ». Le 29 avril dernier, une AG des étudiants réunissant des externes toutes années confondues a eu lieu à la Faculté de médecine Maherzi d'Alger (ex-Laperrine). Les efforts consentis par les étudiants de médecine de la Faculté d'Alger ont été sanctionnés par une plateforme de revendications qui sera adressée aux deux ministères de tutelle. A Constantine, les étudiants en médecine ne décolèrent pas. La grève des enseignants « provoque une vive inquiétude, voire de la colère » chez les étudiants. Le mouvement de protestation engagé cette semaine par les étudiants de la Faculté de médecine de Constantine ne cesse de se développer et de s'amplifier. Ils ont, d'ailleurs, été rejoints hier par les étudiants en chirurgie dentaire et en pharmacie quin encadrés par l'UGEL organisatrice du mouvement, ont organisé une seconde marche de protestation à l'intérieur du centre hospitalo-universitaire Dr. Benbadis de Constantine qui a connu une forte participation. « Nous refusons d'être les victimes ! », « nous refusons l'année blanche ! », « Assez, le verre déborde ! », tels sont quelques-uns des slogans clamés par les marcheurs, qui ont demandé l'intervention urgente des ministères de tutelles, voire même des plus hautes autorités de l'Etat, pour débloquer la situation. Arrivés devant le grand portail d'entrée de l'hôpital, les protestataires ont observé une halte pour lire une déclaration et ont tenté de sortir de l'enceinte hospitalière pour clamer leur colère dans la rue, mais ils furent empêchés par les services de police. Le responsable de la section médecine de l'UGEL affirme que son organisation compte poursuivre les mouvements de protestation et il n'exclut pas un durcissement de la contestation dans l'avenir, si les choses restent en l'état.