L'Algérie déploie, depuis 1996, un programme de réhabilitation et de modernisation des élevages laitiers dans le cadre d'un dispositif d'aide publique au profit des éleveurs laitiers algériens. Selon le Cabinet conseil Gredaal, la pertinence de ce programme ainsi que son efficience sont de plus en plus mis à l'index par les industries de transformation. Les experts du Gredaal mettent en avant le fait que les exploitations agricoles et unités d'élevage se caractérisent par une très forte atomisation peu propice au développement des ateliers de grande taille. Et d'ajouter que les fortes restrictions foncières limitent fortement la formation des grands ateliers bovins compte tenu des difficultés d'affouragement. Ainsi, et selon Gredaal, dans les fermes privées, la taille moyenne des élevages est de 15 têtes. Au delà de cette taille critique, la rentabilité du cheptel devient dés lors faiblement rémunératrice pour l'éleveur. Par ailleurs, le potentiel fourrager est peu développé. La part du fourrage vert cultivé (Avoine, sorgho..) reste négligeable (0,04 %). La surface irriguée est très faible et représente moins de 9% de la surface agricole utile. Les parcours et pacages exploités détiennent une superficie non négligeable, près du cinquième de la superficie totale de la zone d'étude, indiquant que l'élevage traditionnel orienté vers la production de viande est encore dominant. La faiblesse des disponibilités fourragères mais aussi, et surtout, la recherche d'un engraissement des animaux, explique le recours important aux aliments concentrés. La productivité laitière y est trop faible comparativement aux standards internationaux, soit une moyenne annuelle de 3 148 litres par vache. Selon les mêmes experts, l'efficience de l'activité de production laitière est faible, d'autant que l'utilisation des ressources domestiques n'est pas optimisée, ce qui laisse suggérer l'existence d'une marge de manœuvre pour l'amélioration des profits. Pour rappel, afin de mettre un terme aux pénuries de lait en sachet et de permettre une meilleure intégration du lait de collecte dans le processus de transformation, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a mis en place un nouveau dispositif pour la filière lait qui lie les laiteries à l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL). Le nouveau dispositif entré en vigueur le 1er janvier prévoit d'ailleurs des sanctions à l'encontre des transformateurs qui contreviendraient à leurs engagements. Sur les 139 laiteries ayant répondu à l'appel à manifestation d'intérêt lancé par l'Onil en novembre 2010 et qui ont retiré le cahier des charges relatif aux conditions de contractualisation du partenariat avec l'office, 118 ont déposé leur dossier de candidature dans les délais. Le nouveau dispositif de fonctionnement de la filière laitière a le double objectif de " développer la production nationale et de mettre en oeuvre la dimension sociale inscrite dans la politique alimentaire du pays", souligne le ministère, rappelant que l'adhésion des transformateurs privés à ce partenariat est volontaire. Par contre, les laiteries publiques sont mises sous sujétion des pouvoirs publics pour la production de 50% des besoins du marché en lait subventionné. Ce dispositif, selon le ministère, est mis en place à travers deux contrats spécifiques: le premier porte sur l'acquisition par les laiteries d'une quantité de poudre de lait subventionnée en contrepartie d'un engagement pour la transformer (...) et de le mettre à la disposition des consommateurs au prix de 25DA/litre. Le second contrat consiste en l'engagement de la laiterie à collecter le lait cru, à le pasteuriser et ''à le revendre à des prix libres, moyennant une information distincte et lisible sur le sachet'', précise le ministère. ''En contrepartie, la laiterie bénéficiera de la prime d'intégration de 4 DA et, si celle-ci (laiterie) renonce à la poudre de lait importée et n'utilise que le lait cru, elle verra sa prime d'intégration passer à 6 DA le litre de lait intégré'', précise t-on. Cependant, 112 laiteries seulement, dont 15 publiques et 97 privées, ont été retenues pour engager les négociations de contrats de partenariat avec l'Onil. Celles-ci se partagent à part égales les capacités totales de transformation du lait. Le ministère précise que 7 laiteries n'ont pas été retenues "soit parce qu'elles n'ont pas communiqué d'informations fiables, soit qu'elles ont des affaires en justice ou font l'objet d'une enquête, soit qu'elles ont refusé les procédures de contrôle". Sur les 112 laiteries qui signeront des contrats avec l'Onil, 69 d'entre elles, soit 62%, font de la collecte de lait cru. "Elle constituent la base durable du partenariat envisagé et sont considérées comme prioritaires", souligne la même source. Les 43 laiteries restantes bénéficieront d'un moratoire jusqu'au 30 septembre 2011 pour intégrer le programme de participation au développement de la production nationale par la collecte de lait cru, ou par le développement de partenariat avec les éleveurs pour le peuplement des étables ou leur repeuplement. Pour autant, ces laiteries bénéficieront de propositions de poudre de lait subventionné dans des proportions inférieures à celles dont bénéficient les 69 premières. Ces mesures visant à développer la production nationale "ont suscité un engouement certain chez les agriculteurs et les éleveurs", indique le ministère qui note "avec satisfaction" la réaction "positive" des éleveurs depuis les deux dernières années. Certains ont commencé à peupler, alors que d'autres repeuplé leurs étables. "Cette franche adhésion des agriculteurs et des éleveurs s'est traduite par une nette progression de l'acquisition de génisses de haute valeur génétique importées", relève la même source. Les importations sont ainsi passées de 1.200 têtes en 2008 à 15 000 têtes en 2009 et à 24 000 génisses à la fin 2010. Ces nouveaux cheptels viennent s'ajouter aux effectifs existants, qui sont de l'ordre de 250 000 têtes pour le bovin laitier moderne (BLM) et 650 000 pour le bovin local et amélioré. En outre, "un large mouvement d'investissement dans le domaine des cultures fourragères, l'ensilage et les équipements d'élevage" a été également constaté, relève le ministère. Il est attendu, dans ce sens, "une implication plus large et plus soutenue des industriels de la filière, qui se mobilisent davantage pour développer les réseaux de collecte de lait cru et nouer des partenariats avec les éleveurs(...), selon le ministère. Ce partenariat se traduira également par l'importation de vaches laitières et leur mise à la disposition des éleveurs, alors que les industriels assureront à ces derniers un appui technique.