Que faire de nos ressources hydrocarbures fossiles ? Si l'on focalise le débat aujourd'hui sur la promotion des énergies alternatives, particulièrement le solaire et le nucléaire, lequel est aujourd'hui au cœur d'une polémique mondiale au lendemain du séisme qui a frappé l'archipel Nippon et la catastrophe nucléaire qui s'en est suivie, il ne faut pas perdre de vue le fait qu'entre-temps la nécessité de créer de la valeur ajoutée à partir des ressources fossiles se pose plus que jamais. Et c'est sur cette base qu'une réflexion est menée au ministère de l'Energie et des Mines, lequel pense dans un premier temps à rentabiliser nos exportations de pétrole. Dans ce sens, le ministre de l'Energie et des Mines a annoncé, hier à Alger, lors de son intervention devant la Commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification de l'Assemblée populaire nationale, que son département réfléchissait à la possibilité d'exporter le pétrole algérien reconnu pour sa qualité à l'état brut, pour importer du brut moins cher et le raffiner pour l'obtention de bitumes et BRI. Il faut savoir, dans ce sens, que la variété de brut algérien est appelée Sahara Blend. C'est l'un des plus chers au monde, parce que c'est un pétrole léger, à moindre teneur en souffre. Il est, de ce fait, apprécié des raffineurs. Son prix s'établit en fonction du marché de Londres. Le Brent, le baril de la mer du Nord, coté sur le marché londonien est la référence s'agissant de la cotation du baril algérien, sachant que la prime de qualité varie selon l'offre et la demande de bruts légers. Elle peut osciller entre 40 cents et 4 dollars. C'est sur cette base justement que le département de Youcef Yousfi mènera une réflexion incluant les facteurs économiques afin d'étudier la rentabilité de la chose. L'idée part du principe que le pétrole algérien valant plus cher, il serait plus rentable de l'exporter en l'état brut que d'exporter les produits raffinés, lesquels de toutes façons sont cotés au même prix quelle que soit leur origine. Si une telle idée aboutit, les projets de réalisation de certaines raffineries dans les Hauts-Plateaux seraient de facto remis en cause pour des considérations pratiques et logistiques. Le ministre, qui a évoqué dans ce sens le projet de réalisation de la raffinerie de Tiaret - omettant de parler du devenir de la raffinerie d'Adrar opérationnelle depuis peu - a indiqué que ce genre de projet pourrait devenir source d'investissements obsolètes car il apparaîtrait qu'il serait plus rentable d'installer des raffineries dans les ports pétroliers, pour la réception de brut et l'exportation de produits raffinés. Aussi, et au-delà du fait que cette nouvelle idée propose une vision basée sur la rentabilité de l'exploitation des ressources hydrocarbures, elle redéfinit la stratégie aval du secteur hydrocarbures. Depuis quelques années, les appels se font pressants quant à la nécessité de conserver cette ressource limitée pour en faire profiter les générations futures. C'est ainsi qu'un ralentissement a marqué les efforts d'exploration et de nouvelles règles ont été édictées pour l'attribution de permis d'exploitation. Or, un ralentissement trop marqué de l'activité d'exploration et d'exploitation risquerait d'accentuer le déclin de certains gisements et poserait des difficultés quant à la satisfaction de la demande sur le double plan interne et externe. Il s'agit donc aujourd'hui de faire le meilleur usage de ces ressources et de les rentabiliser de la meilleure manière, afin d'assurer la transition énergétique, et de créer de la valeur ajoutée. Dans ce sens, plusieurs experts du domaine énergétique avaient, à diverses occasions, préconisé de mettre le paquet sur la pétrochimie et de développer une véritable industrie de transformation seule garante d'emplois durables et de valeur ajoutée. Il n'y a qu'à prendre pour référence le Singapour, lequel ne dispose pas de ressources hydrocarbures mais qui s'impose pourtant comme l'un des géants de l'industrie pétrochimique. L'Algérie serait-elle en passe de suivre l'exemple ? En tout état de cause la question mérite réflexion.