On n'a pas tellement l'habitude de fournir des lectures consensuelles de l'avenir. Cela concerne aussi bien les économistes que les hommes et les femmes politiques. Les lectures distinguent leurs auteurs par rapport à leur distance du pouvoir. Proche du pouvoir, tout va bien et tout ira bien. Loin du pouvoir tout va mal et tout ira mal. Déjà qu'il est difficile dans les temps présents de se prévaloir d'un consensus pour légitimer toutes les décisions qui n'engagent pourtant que le moyen terme, et qu'en faudrait-il en terme de consensus pour engager le futur des générations à venir ? La question se pose davantage qu'il n'y a aucune prise sur l'évaluation des ressources financières futures. Entre les économistes et les politiques, qui influence les décisions portant sur l'avenir ? C'est certainement la classe politique et non la classe constituée par les professionnels de l'économie qui possède le savoir d'engager l'avenir et même de mettre en débat les règles du jeu économique. Est-ce elle qui modifie les règles du jeu économique depuis qu'il est apparu qu'il ne faudrait plus compter sur les IDE et les privatisations, les deux en termes de quantité et de qualité ? Mais, comment se prennent les décisions engageant l'avenir, alors qu'il n'y a pas tellement d'études de prospective et même que scruter l'avenir ne fait pas partie de nos traditions ? Les modifier dans quel sens pourquoi ? Qui pense avoir une légitimité éternelle, valable pour une durée qui va très au-delà des mandats temporaires pour des engagements de très long terme au nom des futures générations ? Elle se pose également davantage qu'il n'y a plus aucune étude de prospective même sur un horizon de dix années, qui nous décrirait à la fois l'environnement international et régional, plus particulièrement, dans lequel notre pays va évoluer, ce que nous avons décidé comme programme sur les dix années à venir et les retombées de ce programme. Il faut bien se rendre compte que l'économie qui dépend d'une ressource volatile ne peut pas être régulée. Il faut bien, également se rendre compte qu'avec cette obsession à définir et à quantifier les programmes par référence à une variable aléatoire, tout l'avenir s'inscrit dans une large marge d'incertitudes avec l'impossibilité d'une redistribution sociale. Redistribuer quoi ? Entre des règles du jeu politique qui excluent les rapports d'opinion et les règles du jeu économique qui excluent l'équité et l'initiative, dans un contexte où maintenant il est connu qu'aucun itinéraire proposé ne pourra être emprunté sans la mobilisation de toutes les forces disponibles, quels objectifs, à la fois politiques et économique, d'intérêt général pourraient être atteints ? Lorsqu'il est fait le constat qu'en matière de politique, durant toute l'époque du parti unique cela ne marchait pas bien du tout, et qu'en matière économique durant toute cette même époque, rien non plus ne marchait bien, et lorsque le constat est également fait que rien ne marche plus même avec un multipartisme débridé, et avec une entrée dans l'économie de marchée dévoyée, à l'évidence, il faudrait aller vers l'idée que le processus de transition n'a pas été tout à fait une transaction.