Le président du Kazakhstan félicite le président de la République pour sa réélection pour un second mandat    Organisation de 7 marchés saisonniers spécialisés pour réguler les prix des produits agricoles    Le Premier ministre pakistanais félicite le président de la République pour sa réélection    Ghaza: le bilan de l'agression sioniste s'alourdit à 41.788 martyrs et 96.794 blessés    Arrivé lundi à Laâyoune pour ce qui constitue sa première visite dans la région    Cisjordanie occupée: au moins 15 Palestiniens arrêtés par les forces sionistes    CAN-2025: une liste de 26 joueurs pour la double confrontation face au Togo dévoilée    Pluies orageuses sur plusieurs wilayas du nord à partir de jeudi    Constantine: inauguration du lycée régional de mathématiques    Accidents/zones urbaines: 14 morts et 455 blessés en une semaine    Ghaza: plusieurs martyrs et blessés dans des bombardements de l'armée sioniste    Ligue 1 Mobilis : L'entraîneur de l'ASO Chlef Samir Zaoui suspendu un mois    Dessalement d'eau de mer: le PDG de Sonatrach inspecte la remise en service de la station d'El-Hamma    Algérie-Niger: signature d'un procès-verbal des discussions dans le domaine des hydrocarbures    Le président de la République installe la Commission nationale de révision des codes communal et de wilaya    Mascara: le Moudjahid Kada Ameur inhumé au cimetière de Sidi Othmane    Festival international d'Oran du film arabe: 18 documentaires longs et courts métrages en compétition    Cas de diphtérie et de paludisme dans certaines wilayas du sud: les équipes médicales de la Protection civile poursuivent la campagne de vaccination    Backyard Ultra Algérie: la course sans fin le 19 octobre prochain à Alger    La narration assumée de l'histoire constitue un "socle référentiel" pour les générations    Ligue 1 Mobilis: le coup d'envoi du match MC Oran-ASO Chlef décalé à 20h30    L'Algérie met en garde contre les plans israéliens    Une délégation du Conseil de la nation participe à la 4e partie de la session ordinaire 2024    Examen des opportunités de partenariat entre Sonelgaz et «Elsewedy Electric Algeria»    De Mistura en visite, jeudi, aux camps des réfugiés sahraouis    Décès de l'ancien président du MC Oran Mohamed Brahim Mehadji    Nettoyage et embellissement    La cellule d'écoute et de prévention appelle à une nutrition plus saine des enfants    Les impacts entre 2025/2030/2050 des politiques de la transition énergétique seront déterminantes    L'intelligence artificielle, un allié pour les journalistes    Les Verts pour un sans-faute face au Togo    Scarthin Books à Cromford, antre du livre en pleine campagne    Ouverture du premier atelier national sur l'actualisation de la liste indicative    La création de l'Etat-nation algérien au fondement de l'islamisme (II)    Audience Le président du CSJ reçoit une délégation du groupe de la Banque islamique de développement    Chefs d'Etat et dirigeants du monde continuent de le féliciter    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Entretien
RACHID GRIM, POLITOLOGUE �La porte de la succession est ouverte�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 04 - 2011


R�alis� par Brahim Taouchichet
Dans cet entretien, nous avons tent� d�aller au fond des questions d�actualit� qui interpellent la soci�t� dans toutes ses composantes ainsi que le pouvoir politique. Connu pour ses nombreuses contributions, Rachid Grim, politologue, directeur � l�Institut de recherche � l�Universit� de Tizi-Ouzou, a bien voulu se pr�ter � une s�rie de questions portant sur les pr�occupations citoyennes du jour � les luttes sociales pour tout dire � leur impact sur le pouvoir exprim� � travers ses r�ponses aux revendications des diff�rents corps sociaux : augmentations des salaires, soutien aux prix de produits de large consommation et autres subventions.
Celles-ci ne visent, nous dit-il, qu�� gagner du temps pour le syst�me en achetant la paix sociale. Pendant ce temps, se pr�cisent les luttes ouvertes de succession � travers une r�forme annonc�e de la Constitution dans le dessein de perp�tuer le syst�me voulu par un pr�sident �� la sant� d�faillante mais tr�s lucide�. Au sommet du s�rail politique, les partis de l�Alliance aff�tent leurs armes. Que dire du MSP qui se red�couvre une vocation d�opposant au syst�me ? Quant � l�opposition, �divis�e, travers�e par l�adversit�, elle n�est pas encore pr�te � constituer l�alternative, selon le politologue, alors que la �soci�t� civile commence � relever la t�te et � mettre au placard toutes les organisations du pass酻
Le Soir d�Alg�rie : C�est un contexte bien particulier dans lequel est aujourd�hui le r�gime : s�isme politique dans les pays arabes et, au plan interne, une agitation sociale permanente. Quel regard portez-vous sur cette r�alit� ?
Rachid Grim : Quel que soit le qualificatif que ceux qui nous gouvernent appliquent aux �v�nements qui se d�roulent dans le pays depuis le mois de janvier dernier, nous sommes bel et bien entr�s dans une p�riode d�incertitudes. L�Alg�rie, m�me si nos gouvernants, comme pour conjurer le sort, disent le contraire, est bel est bien partie prenante de ce que vous appelez le s�isme politique arabe et ce que d�autres qualifient de printemps arabe. Nos gouvernants refusent syst�matiquement de parler de revendications politiques de la part des jeunes et des moins jeunes qui ont investi la rue. Pour eux, il ne s�agit que de revendications � caract�re social. Il y a bien entendu du vrai : la revendication sociale existe bel et bien : logements, emploi, pouvoir d�achat, �cole, universit�, mal-vie, hogra, et bien d�autres choses. Mais elle n�est pas la seule : la revendication politique est pr�sente partout ; elle est essentielle et permanente, m�me si elle ne s�exprime pas directement en tant que telle. Nous la retrouvons dans les revendications des �tudiants � qui finalement ne font rien d�autre que de remettre en cause tout le syst�me scolaire et universitaire qui a men� le pays directement dans le mur. Quoi de plus politique ? Si on �tudie de tr�s pr�s les revendications des diff�rents corps professionnels, on y trouvera en filigrane la remise en cause de tout le syst�me, qui a men� le pays dans la situation catastrophique dans laquelle elle se trouve aujourd�hui. Et cela nos gouvernants commencent � le comprendre et � craindre ses cons�quences sur la p�rennisation du syst�me. Le pouvoir sait qu�il devra l�cher du lest pour se maintenir. Il esp�re comme cela gagner du temps et jouer sur les divisions de l�opposition d�mocratique (partis, syndicats et associations de la soci�t� civile) pour reprendre la main. Gagner du temps, c�est le leitmotiv du pouvoir. C�der sur des broutilles, pour gagner le temps n�cessaire � se refaire une virginit�, telle est sa d�marche. Mais m�me quand il fait semblant de l�cher du lest, le pouvoir s�y prend de telle mani�re qu�il ne peut pas �tre cr�dible. L�exemple effarant est donn� par le Pr�sident lui-m�me qui, dans son discours � la nation, avait promis plus de d�mocratie et plus de pouvoirs, � la repr�sentation populaire ; et quelques jours plus tard, il fait voter contre l�avis de tous les partis pr�sents � l�APN � moins bien entendu le FLN et le RND � un code communal � l�exact oppos� de ses promesses.
Ne vivons-nous pas un grand paradoxe, � savoir d�un c�t� une coalition gouvernementale qui explose avec le vote du code communal par une assembl�e discr�dit�e, une opposition d�mocratique r�prim�e et qui n�arrive pas � mobiliser et le peuple qui se pr�occupe plus de son quotidien. Votre analyse sur une telle r�alit�...
La coalition gouvernementale � FLN/RND/MSP � n�a jamais �t� rien d�autre qu�un rassemblement fait de bric et de broc, cr��e dans le seul but de servir le ma�tre du jeu : le Pr�sident. Tant que son �tat de sant� lui permettait de rester le ma�tre, les trois partis �taient aux ordres. La situation pr�sente est quelque peu diff�rente : tout le monde sait maintenant que la porte de la succession est ouverte. Et que cette succession ne pourra plus se faire, comme elle avait �t� imagin�e par le pouvoir � y compris par les trois partis de la coalition. Il ne peut plus y avoir � gr�ce en soit rendue aux r�volutions tunisienne et �gyptienne � de succession familiale. Chacun essaie donc de se placer pour, le moment venu, participer � la course et essayer de la gagner. C�est �vident pour le parti islamiste, avec Aboudjerra Soltani qui devient un �opposant� pour se refaire une virginit� et pr�tendre faire partie de ceux qui pourront participer � la course finale pour le pouvoir. C�est tout aussi �vident pour les deux autres partis, dont les chefs se marquent � la culotte : chacun pr�tendant �tre le plus l�gitime, pour succ�der au za�m. Dans un pays �normal�, l�opposition d�mocratique devrait tirer un �norme avantage de cette situation et se pr�parer � la prise du pouvoir. Mais pour cela elle devra �tre cr�dible. Ce qui n�est absolument pas le cas. Non seulement elle est r�prim�e par le pouvoir qui l�emp�che de marcher et de s�exprimer, mais surtout elle est tellement d�sunie que personne ne peut croire qu�elle pourra �tre une alternative au pouvoir. Et non seulement elle est d�sunie, mais les partis qui la constituent d�veloppent entre eux une adversit� plus grande que celle qu�ils d�veloppent vis-�-vis du pouvoir. Et c�est bien ainsi que l�opinion publique per�oit la situation. Les islamistes par ailleurs ne sont pas en meilleure posture. Le MSP, devenu par son entrisme, un parti de gouvernement, est per�u de la m�me fa�on que ses partenaires de la coalition. M�me si l�on doit se m�fier de la puissance de ses satellites de la soci�t� civile (femmes, �tudiants, associations caritatives, etc.) qui ont fait un �norme travail de p�n�tration en profondeur de la soci�t�, le parti ne semble pas encore pr�t � prendre le pouvoir et g�rer � seul � le pays. Pour l�instant, il constitue un appoint pour les deux partis de la famille r�volutionnaire, et il s�en contente. Il est en train de faire l�exp�rience du pouvoir et de se pr�parer aux futures �ch�ances. Ce qu�Aboudjerra Soltani avait pos� comme objectif politique supr�me de son parti � �tre majoritaire � l�APN en 2012 � n�est pas encore pr�s de se r�aliser. Le jeu actuel du parti, qui fait de l�opposition, tout en restant au gouvernement, n�a pas d�autre signification que de montrer qu�il existe en dehors de la coalition et qu�il en est ind�pendant. Une mani�re de se rappeler � son �lectorat pour les prochaines �ch�ances. Et le peuple dans tout �a, il continue de manger son pain noir et de r�ver � des lendemains meilleurs (pour beaucoup, en dehors du pays). Pour lui, il s�agit avant tout de survie. L�Alg�rien est connu pour sa patience l�gendaire. Jusqu�au moment o� la goutte d�borde� Et la goutte est en train de d�border. Ce ne sont pas les milliards de dinars que le pr�sident et son gouvernement sont en train d�injecter dans les salaires, le soutien des prix, les projets de logements et autres, qui vont r�gler leurs probl�mes de mal-vie, de hogra, d�emplois, de scolarit�, de sant�, etc. D�ailleurs, cette �norme masse mon�taire qui est inject�e pour tenter de juguler la revendication sociale risque de se transformer tr�s rapidement en une inflation � deux chiffres. Avec ses cons�quences catastrophiques sur le pouvoir d�achat d�j� � ras terre de l�immense majorit� de la population.
En d�pit des d�n�gations, les insurrections dans le monde arabe rejaillissent sur le pouvoir, oblig� de faire des concessions pour acheter la paix sociale. C�est �l�union sacr�e� face aux p�rils. Mais le pr�sident Bouteflika lors de son discours du 15 avril � Tlemcen est apparu � bout de souffle mais pas � bout d�arguments...
Le pr�sident n�est pas seulement � bout de souffle. Il est aussi � bout d�arguments. Ses seuls arguments sont ceux de la manne financi�re dont il dispose (et qu�il ne doit qu�� l�augmentation du prix du p�trole, depuis son �lection en 1999 !). Acheter la paix sociale, il le peut effectivement. Mais pas pour tr�s longtemps. L�argent n�est pas in�puisable et les cons�quences des d�cisions prises, et appliqu�es, d�injecter de telles masses dans le soutien des prix de produits de large consommation, l�augmentation des salaires des fonctionnaires, etc. seront tr�s vite d�sastreuses. Tous ses projets �conomiques � du moins jusqu�� pr�sent � ne sont pas des projets de d�veloppement et de cr�ation de richesses. Il �tait n�cessaire d�investir dans les �quipements publics de base. Mais ceux-ci co�tent de l�argent et ils n�en rapportent pas. Et ils n�entrainent pas un vrai d�veloppement �conomique. Jusqu�� maintenant, l�investissement cr�ateur de richesses est absent des r�alisations du pr�sident. Tout ce qu�il pourra faire � partir de maintenant � en admettant qu�il donne un autre cap � sa politique �conomique � n�aura pas de r�sultat imm�diat, qui pourra faire patienter une population qui plonge de plus en plus dans la pauvret�. Il ne mettra pas fin aux �meutes de la mis�re, qui ne feront que s�accentuer. D�ailleurs, la politique des pouvoirs publics qui consiste � r�pondre par la positive � toutes les revendications violentes de la rue a pour cons�quence de d�multiplier celles-ci. Il ne me semble pas que le pr�sident ait devant lui assez de temps pour renverser la vapeur et tenir toutes ses promesses de lendemains meilleurs pour le peuple alg�rien. D�ailleurs, m�me s�il le voulait, il ne le pourrait pas dans les conditions actuelles. Il ne dispose pas du personnel politique et des managers capables de concevoir et mettre en �uvre une politique �conomique nouvelle et porteuse d�avenir. Le gouvernement Ouyahia, comme les pr�c�dents d�ailleurs, a montr� ses limites. La grande majorit� du personnel politique et de gestion de l��conomie n�a pas d�autre comp�tence que celle de savoir bien plier l��chine. Des courtisans qui n�ont d�autres objectifs que celui de durer et de profiter de la rente. Ce n�est pas de lui que pourra venir la solution � la situation gravissime que conna�t le pays depuis des d�cennies.
Au vu de son �tat de sant�, les supputations reprennent de plus belle quant � sa succession. L�apr�s-Bouteflika estil d�ores et d�j� lanc�, selon vous ?
Oui ! L�apr�s-Bouteflika est d�j� lanc�. La seule question qui se pose est celle de savoir si c�est lui qui pr�parera et mettra en application la proc�dure pour sa succession, ou si celle-ci viendra d�ailleurs. Il me semble que, malgr� sa sant� physique visiblement d�faillante, le Pr�sident a gard� intactes ses facult�s mentales. Il sait pertinemment qu�il n�ira pas vers un quatri�me mandat. Il sait qu�il doit tout faire pour p�renniser le syst�me qu�il a mis en place ; ne serait-ce que pour prot�ger ses proches des revanchards de tous bords. Il a annonc� dans son discours � la nation sa d�cision de r�former la Constitution. Je pense que cette annonce est le pr�lude � la pr�paration constitutionnelle de sa succession ; bien entendu, une succession en faveur du maintien du syst�me en place. On sait que la Constitution actuelle organise la succession (en cas de d�c�s ou d�incapacit� totale) en faveur du pr�sident du Conseil de la nation, qui sera charg� d�organiser �sans pouvoir lui-m�me s�y pr�senter � les �lections pr�sidentielles. C�est une proc�dure qui n�arrange pas le pr�sident : compte tenu de la sc�ne politique actuelle et des d�rapages que l�on voit d�j� poindre, une telle succession sera tr�s difficile, pour ne pas dire � probl�mes. Il n�y aura ni consensus ni m�me une majorit� nette pour d�partager les diff�rents partis (y compris ceux de la coalition qui deviendront des adversaires irr�conciliables). L�arm�e sera m�me peut-�tre oblig�e d�intervenir directement, pour �viter le pire ou m�me pour imposer un candidat. Tout milite donc pour que le pr�sident, tr�s rapidement, impose une nouvelle Constitution qui organise au mieux sa succession, pendant qu�il est encore au pouvoir. Il s�agit d�une v�ritable course contre la montre ; et contre tous ceux qui � et ils sont nombreux, au sein m�me du pouvoir � essayeront de freiner des quatre fers. Dans cette perspective, le MSP (ou Hamas), parti de la coalition, se red�couvre une vocation d�opposant au syst�me et se lance dans la revendication d�un r�gime parlementaire. Lucidit� ou opportunisme politique ? Et l�un et l�autre ! D�une part, c�est de l�opportunisme parce qu�il est apparu � tout le monde, MSP compris, que la succession de Bouteflika est lanc�e. Le parti islamiste se positionne donc sur la ligne de d�part, comme ses deux comp�res de l�Alliance. S�il se positionne comme opposant � tout en se gardant bien da quitter l�Alliance et donc, le gouvernement �, c�est pour indiquer qu�il est diff�rent des deux autres et qu�il prend ses distances. Un message subliminal � son �lectorat qu�il sait tr�s d��u par ses positions depuis dix ans. Par ailleurs, le HMS est tr�s lucide. Il sait qu�un r�gime pr�sidentiel ne lui est pas favorable. Celui-ci exige un candidat, donc un pr�sident, qui a une tr�s forte personnalit� ; qui plus est est reconnu comme telle, y compris par ses adversaires. Cet homme n�existe pas au sein du parti islamiste. Celui-ci est encore tr�s divis�, malgr� la scission de Menasria et de son groupe. Aboudjerra Soltani sait que la seule chance du parti d�exister encore et d�arriver un jour au pouvoir, il ne la devra qu�� la voie parlementaire. Seul un r�gime parlementaire lui permettra de vivre, de se d�velopper et de devenir un jour majoritaire, pour pouvoir former un gouvernement. La voie qu�a suivi l�AKP de Turquie. C��tait d�ailleurs le sens de sa d�claration � l�issue des derni�res �lections l�gislatives, quand il pr�disait que son parti deviendra majoritaire aux �lections de 2012.
Les r�formes politiques annonc�es par Bouteflika sont confi�es pour leur conduite et leur application au minist�re de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales (!) qui prend acte et qui ne se prononce sur aucun �ch�ancier. Une telle d�marche vous para�t-elle cr�dible ?
Non ! Absolument pas ! Le ministre de l�Int�rieur et de Collectivit�s locales n�a absolument pas le profil d�un r�formateur. Toutes ses d�clarations publiques � qui sont souvent apparues comme des d�rapages verbaux � militent pour cette affirmation. Rappelons-nous que, s�agissant du contenu du projet de nouveau code communal, il avait tonn� que le gouvernement ne le retirera pas et qu�il le fera passer sans en d�naturer la philosophie. Ce qu�il a fait ! DOK est un soldat disciplin�. Il ob�it au chef. Et rien qu�� lui. Ce qu�il a fait pour le code communal, il le fera pour tous les autres textes � �r�former� : code de wilaya, loi sur les partis, loi �lectorale, Constitution. Il mettra dans ces �r�formes� exactement ce que le Pr�sident voudra qu�il y mette. C�est-�-dire presque rien qui ira dans le sens d�une r�elle d�mocratie et qui �tablira les bases d�une vraie alternance. Ould Kablia n�est ni l�homme du renouveau (n�oublions pas qu�il est toujours le pr�sident de l�association des anciens du MALG, association tourn�e vers le pass� et non pas vers l�avenir) ni un porteur d�id�es capable d�aller de l�avant. Or, pour r�former, il faut �tre tourn� vers l�avenir, ouvert sur sa soci�t� et porteur d�espoir. Et l�homme n�a aucune de ces caract�ristiques. Le fait qu�il ait accept� la �mission� que lui a confi�e le Pr�sident sans pour autant fixer un �ch�ancier signifie bien qu�il ne va rien changer au d�roulement tranquille des choses : il n�y a rien de tr�s press�, semble-t-il nous dire.
Marches interdites, meetings dispers�s, le pouvoir n�h�site pas � recourir aux grands moyens de r�pression. Qu�est-ce qui lui permet une telle arrogance ?
Ce qui lui permet cette arrogance, c�est la manne financi�re qu�il a entre les mains. Tant qu�il disposera d�autant d�argent et qu�il pourra en faire ce que bon lui semble, sans jamais en �tre comptable, il aura cette arrogance. D�autant plus que pour l�instant, il y a du r�pondant au niveau de certaines couches sociales d�sesp�r�es. Les sans-logements esp�rent b�n�ficier de logements sociaux qui ne leur co�teront rien ; les sans-emplois esp�rent qu�un miracle aura lieu avec tous les emplois aid�s promis ; les salari�s attendent leur tour pour une augmentation cons�quentes. Sans parler de ces contre-manifestations de jeunes �baltaguia� organis�es pour montrer que, hors du Pr�sident, il n�y a pas de salut. Il faudra certainement ajouter cette peur que les Alg�riens ont de l�inconnu : qui est capable de remplacer le Pr�sident, si celui-ci s�en allait ? Cela donne de l�assurance aux tenants du syst�me. C�est d�ailleurs beaucoup sur ce th�me que les tenants du syst�me r�pondent aux revendications des marcheurs du samedi : Sadi n�est m�me pas capable de faire l�unanimit� dans son propre douar ! A�t Ahmed est s�nile et il pr�f�re les rives du lac L�man � son pays ! Benbitour, il ne repr�sente rien ! Personne, y compris dans le s�rail, n�a assez de carrure pour remplacer notre za�m ! Et �a marche ! Ecoutez autour de vous les remarques des uns et des autres, quand vous abordez ce sujet ; vous y d�couvrirez cette peur de l�inconnu, sur laquelle surfe le pouvoir.
Les animateurs du �changement pacifique et d�mocratique� du syst�me ont rendu publique une plate-forme politique qui �voque les modalit�s de transition. Votre lecture � ce propos ?
C�est exactement ce que l�on entend depuis des lustres. Un changement par une Constitution nouvelle qui donnerait plus de libert�s, plus de contre-pouvoirs, plus de� C�est toujours le m�me probl�me : on pense qu�il suffit de changer les textes pour que tout s�arrange. Le p�le d�mocratique dans toute sa diversit� (et les adversit�s qui le traversent) oublie que la d�mocratie est avant tout une culture. Et que les plus beaux textes du monde, s�ils ne sont pas appliqu�s ne restent que des textes. C�est le citoyen qui fait la d�mocratie, pas les textes. Or, le citoyen � dans sa majorit� le plus silencieuse � n�a vu de la d�mocratie qu�une cacophonie port�e par tous les courants. Les islamistes se disent des d�mocrates qui ont gagn� les �lections l�gislatives, dont on les a spoli�s ; alors qu�ils ont eu et ont encore le m�me comportement de pr�dateur que le FLN qu�ils combattaient. Les �lus des autres partis dits d�mocratiques se sont av�r�s �tre exactement identiques � ceux du FLN (d�ailleurs beaucoup d�entre eux en sont issus). Ce que les partis du p�le d�mocratique ont montr� est absolument l��gal de ceux qui gouvernent le pays depuis son ind�pendance. Je pense sinc�rement qu�� ce jour, personne dans l�opposition d�mocratique n�est pr�t pour une transition qui m�nera � une vraie d�mocratie. Je ne mets pas en doute la sinc�rit�, ni le courage, de ceux qui m�nent le mouvement de revendication politique, mais je doute de leur capacit� � aller de l�avant et � prendre en main la destin�e du pays. Je leur souhaite pourtant de r�ussir, car au moins eux, ont montr� une volont� de se battre pour le changement, que l�on ne voit pas ailleurs.
Que vous inspire le d�bat sur le changement du syst�me de l�int�rieur pour certains ou de l�ext�rieur pour d�autres acteurs politiques ?
Sa�d Sadi l�a essay� et il s�en est mordu les doigts. Il avait pens� pouvoir faire �voluer de l�int�rieur le syst�me mis en place par l�actuel Pr�sident, en rejoignant le gouvernement. Non seulement, il n�a rien pu changer, mais il a fait preuve d�une na�vet� politique qui le poursuit aujourd�hui encore et qui le d�cr�dibilise en tant que recours possible pour la succession. Sans compter que la participation du RCD au gouvernement a contribu� � le d�mythifier en tant que LE PARTI de l�avenir d�mocratique de l�Alg�rie ; le parti vraiment citoyen. Il n�a r�ussi qu�� faire la d�monstration contraire : ses ministres �taient autant khobzistes que ceux du FLN, du RND ou du HMS. Et qu�il n�y avait rien de plus important pour eux que le koursi !
Voil� plus de deux mois que la crise libyenne perdure et prend des proportions impr�vues. Quelle analyse faites-vous de la pol�mique quant � la position de l�Alg�rie ?
Le Pr�sident a consacr� indirectement � ce probl�me un long d�veloppement dans son discours � la nation. Il en ressortait que l�Alg�rie s�opposait frontalement �aux ing�rences �trang�res� dans les conflits � l�int�rieur des pays arabes. La lecture est claire : �Touche pas � Kadhafi !� Non pas que Bouteflika ait un quelconque atome crochu avec le dictateur de Tripoli (personne ne l�a, me semble-t-il, entendu dire du bien de lui) mais Bouteflika conna�t trop bien la th�orie des dominos (il �tait ministre des AE quand les Etats-Unis de son ami Kissinger appliquaient cette th�orie sur le front du Sud-Est asiatique) pour rester r�ellement neutre devant le risque de chute de Kadhafi. Apr�s lui, ce sera le tour de qui ? D�ailleurs, il suffit de voir quels autres pays arabes soutiennent Kadhafi pour se rendre compte que ce sont ceux qui se sentent les plus menac�s par la rue : Syrie et Y�men. Mais de l� � ce que le r�gime alg�rien aide militairement Tripoli, j�esp�re bien que ce n�est pas le cas. Et que ce ne le sera jamais le cas. Ce serait vraiment trop grave. D�autant qu�� lire ce que vient de publier le quotidien El Watan du 25 avril, sur les tentatives r�p�t�es du za�m de Tripoli de d�stabiliser l�Alg�rie, y compris militairement, il serait criminel pour le pr�sident d�aider son alter ego de Tripoli.
Si l�on part de l�hypoth�se que certaines officines occidentales avaient mis en plan la cr�ation d�un foyer de tension � la fronti�re est de l�Alg�rie pour l�affaiblir, partagez-vous ce point de vue et quels seraient selon vous les risques � venir ?
Mais bien entendu que des officines �trang�res ont toujours travaill� � d�stabiliser toute la r�gion du Sahel et du Sahara du sud ; c��tait leur int�r�t et il n�y a rien de plus normal � ce qu�il le fasse. C�est plus � la r�action alg�rienne, qui jusque-l� semble avoir �t� � la hauteur, qu�il faut s�int�resser. Les services de s�curit� du pays ont toujours �t� � la hauteur, concernant ce probl�me. M�me la diplomatie avait un temps �t� en phase avec les vrais int�r�ts du pays. Mais depuis un certain temps, depuis le positionnement du mouvement Al-Qa�da dans la r�gion, les choses semblent avoir �volu� en d�faveur de l�Alg�rie. La diplomatie semble en panne ; et m�me les services de s�curit� semblent pi�tiner, bien que leur engagement pour s�curiser la bande sud, et maintenant sud-est, du pays ait beaucoup cr�. Le danger est bien r�el � � Dieu ne plaise � de voir cette r�gion sud de l�Alg�rie devenir, sous l�effet conjugu� des officines dont vous parlez, des djihadistes d�Al-Qa�da, des gouvernements des pays limitrophes et m�me de certains chefs touareg, alg�riens ou non alg�riens, une v�ritable poudri�re. Une poudri�re qui pourra aller m�me jusqu�� une tentative de s�cession d�une partie de cette r�gion. Ce qui avait �t� un moment l�objectif de Kadhafi, dans sa recherche effr�n�e de grandeur et de leadership.
Tensions et troubles permanents � l�int�rieur, pressions � l�ext�rieur, l�optimisme doit-il rester de rigueur malgr� tout ?
Optimiste, oui ! Mais d�un optimisme volontariste ! Celui qui exige qu�on ne baisse pas les bras ; qu�on continue de se battre envers et contre tous ! Celui qui fera que nos �tudiants r�ussissent dans leur combat pour un avenir meilleur. Celui qui les poussera � faire jonction avec les revendications politiques ! Un optimisme qui se base sur le dur combat des syndicats autonomes, et qui commence � donner ses fruits ! Et qui les fera se rassembler sous la m�me banni�re pour revendiquer un avenir meilleur au-del� de leurs propres chapelles. Un optimisme que nourrit une soci�t� civile qui commence � relever la t�te et � mettre au placard toutes les organisations khobzistes du pass� (UGTA comprise) et qui se tourne r�solument vers des lendemains meilleurs. La d�mocratie est � ce prix !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.