Entre deux maux, la Chine a choisi le moindre. Pour réévaluer sa monnaie, l'atelier du monde a opté pour la modération. Confrontée à une pression croissante pour réévaluer sa monnaie de la part de ses principaux partenaires, la Chine a choisi l'option modération pour combattre l'inflation, de l'avis de certains analystes sur les marchés des changes. Les Chinois "sont prêts à laisser (leur) monnaie s'apprécier si cela permet de combattre l'inflation, mais seulement modérément", a-t-on indiqué.Notons que la question de la flexibilité de la politique monétaire chinoise a fait l'objet de débat le lundi dernier à Washington à l'occasion d'un dialogue économique et stratégique. Les Etats-Unis vont faire pression pour que Pékin "laisse le taux de change s'apprécier plus vite afin de corriger la sous-évaluation substantielle" du yuan, que des parlementaires américains évaluent entre 20% et 40%, a indiqué un haut responsable du Trésor américain, David Loevinger. Le vice-ministre chinois des Finances, Zhu Guangyao avait déclaré la semaine dernière à la presse que "sur ce sujet, pour être francs, nous avons des points de vue différents qui rendent la discussion nécessaire". Pour les analystes, l'administration Obama va renouveler ses appels à une appréciation plus rapide du yuan, mais Pékin ne cédera pas, selon eux. Néanmoins, les Chinois "reconnaissent davantage ce qui alimente l'inflation (chez eux), à savoir le lien entre le dollar et le yuan, générateur de liquidités dans l'économie", affirme l'un d'entre eux. En échange des énormes réserves de change accumulées par la Chine, qui ont dépassé cette année les 3 000 milliards de dollars, la banque centrale injecte l'équivalent en yuans dans l'économie. Si le yuan vaut plus, cela permettrait d'en injecter moins. Sur ce registre, la banque centrale chinoise a annoncé jeudi sa décision de relever de 50 points de base le taux des réserves obligatoires des banques, à partir du 18 mai, pour lutter contre l'abondance de liquidités génératrice d'inflation. Il s'agit du cinquième relèvement cette année de ces taux, qui ne sont pas les mêmes pour tous les établissements. Les réserves obligatoires sont les dépôts que les banques sont obligées de placer auprès de la banque centrale et ne peuvent pas prêter. Le relèvement de ces réserves permet de freiner le volume des nouveaux prêts que les banques peuvent accorder et de réduire la croissance de la masse monétaire. La Chine commence à marquer des points dans sa lutte contre l'inflation, qui a légèrement fléchi en avril, et affiche sa détermination à ne pas laisser déraper les prix, relèvent les experts. Sur un an, l'indice des prix à la consommation a progressé de 5,3% le mois dernier contre 5,4% en mars.