Wall Street se prépare à une nouvelle semaine de turbulences et, une fois n'est pas coutume, les investisseurs devraient avoir l'œil rivé sur les prévisions météorologiques. L'ouragan Irene a atteint, avant-hier, New York, la ville la plus peuplée des Etats-Unis et la capitale financière du pays, et opérateurs boursiers comme salles marchés ont dû se préparer à faire face aux coupures de courant et aux inondations. Le New York Stock Exchange (Nyse) a réaffirmé ce week-end, qu'il s'attendait à une séance normale, hier. "Les préparatifs sont terminés dans nos salles de marchés et nos centres de gestion des données", a dit l'opérateur dans une note publiée samedi. Un porte-parole du Nasdaq, dont les transactions sont entièrement électroniques, a également déclaré que le marché ouvrirait comme prévu lundi. Les deux opérateurs ont répété, avant-hier, s'attendre à ce que leurs marchés respectifs soient ouverts, bien que la décision finale n'ait pas encore été prise. La plate-forme de transactions BATS prévoit elle aussi de fonctionner normalement. Selon une source proche du dossier, des responsables des opérateurs boursiers devaient s'entretenir dimanche après-midi avec la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme boursier américain, pour évoquer les conséquences de l'ouragan. Le Nyse et d'autres marchés aux Etats-Unis sont en majeure partie automatisés, grâce à des centres de gestion des données dans le New Jersey ou ailleurs, et les transactions devraient fonctionner normalement la semaine prochaine sauf coupures d'électricité à grande échelle "Nous avons l'intention d'ouvrir, mais Mère Nature pourrait avoir d'autres projets", a déclaré vendredi Lou Pastina, vice-président de Nyse. Un trader new-yorkais estime que l'ouragan Irene va doucher les possibilités de rebond à Wall Street, alors qu'un rally semblait probable vu le fort nombre de positions courtes ('short') à couvrir sur le marché. "Si cet ouragan tourne à la catastrophe, mon sentiment est que nous allons reculer, hier, ", a-t-il déclaré vendredi. Les assureurs Allstate et Travelers sont tombés vendredi en séance à des plus bas de deux ans, les investisseurs s'inquiétant des destructions engendrées par la puissante tempête. LE CHOMAGE DANS LE VISEUR DES MARCHES Après le passage d'Irene, le marché devrait se tourner vers un autre amoncellement de nuages à l'horizon, sur le marché du travail cette fois-ci. Le département américain du Travail doit publier vendredi les chiffres de l'emploi non agricole pour août aux Etats-Unis, qui permettront d'en savoir plus sur la vitalité de l'économie. Dans son discours très attendu vendredi dernier à la conférence de Jackson Hole, dans le Wyoming, le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke a estimé qu'il était primordial pour l'économie de réduire le taux de chômage de long terme, accentuant la pression sur la Maison blanche et le Congrès pour adopter des mesures en ce sens. Le président Barack Obama devrait présenter un plan pour l'emploi à son retour de vacances, dans une semaine, ce qui laisse un peu de temps aux investisseurs pour se positionner sur la question. Si certains ont cru que le soutien viendrait d'une annonce de Jean-Claude Trichet, qui s'est exprimé samedi à Jackson Hole, ils en ont été pour leurs frais: le président de la Banque centrale européenne s'est borné à rappeler l'attachement de la BCE à la stabilité des prix, et n'a pas évoqué la crise de la dette en zone euro. En outre, les marchés pourraient s'inquiéter des propos de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, qui a mis en garde contre le risque de voir l'économie mondiale plonger dans la récession et a appelé à restructurer les banques européennes, notamment via des recapitalisations. Le mois d'août s'annonce comme le pire sur les marchés d'actions américains depuis février 2009, alors que l'idée d'une reprise en forme de "W" fait son chemin parmi les investisseurs. Depuis le début du mois, le Dow Jones abandonne 7,1%, tandis que le S&P 500, plus large, recule de 8,9%. Le composite du marché Nasdaq a de son côté perdu 10%. Les trois principaux indices de Wall Street ont toutefois fini vendredi sur une hausse hebdomadaire, après quatre semaines consécutives de repli, en profitant d'un regain d'espoir né de l'intervention de Ben Bernanke qui a laissé la porte ouverte à de nouvelles mesures de soutien. La semaine sera scandée par une salve de statistiques qui permettront de se faire une idée plus précise de l'état de l'économie américaine, avec notamment la consommation des ménages lundi, le prix des maisons mardi, les commandes à l'industrie mercredi et l'indice ISM de l'activité manufacturière jeudi.