L'offre du New York Stock Exchange sur la Bourse européenne est un succès. Certaines confirmations ont encore une saveur de victoire. Celle, tombée hier, du succès de l'offre à 10,5 milliards d'euros du New York Stock Exchange (Nyse) sur Euronext avait ce goût-là, tant à Wall Street qu'à Paris. 91,4 % des actionnaires d'Euronext ont apporté leurs actions à l'offre lancée par la Bourse américaine. Un résultat qui n'avait rien d'évident il y a quelques mois encore, tant la création d'un vaste opérateur boursier transatlantique a suscité de débats et de critiques en Europe et singulièrement à Paris. Désormais, les choses vont s'enchaîner rapidement pour le nouveau groupe Nyse-Euronext, dont la première cotation interviendra dès le 4 avril. L'offre publique sera prolongée quelques jours encore, afin de permettre au Nyse de franchir la barre des 95 % du capital qui lui permettra de retirer les titres Euronext de la cote. Le nouveau groupe pèsera 22 milliards d'euros en Bourse, et la valeur cumulée des sociétés cotées sur l'ensemble de ses marchés atteindra 19 000 milliards de dollars (en excluant les titres d'entreprises étrangères), lui donnant une taille supérieure à tout autre concurrent. Sa création intervient dans un contexte agité, notamment marqué par les tentatives d'union des marchés à terme de Chicago et l'offensive manquée du Nasdaq américain sur la Bourse de Londres. En Europe continentale, les Bourses de Madrid, de Milan mais aussi et surtout de Francfort sont à la recherche du bon partenariat, tandis que celle de Luxembourg vient de nouer un accord avec Euronext. Récemment, New York a noué une alliance avec Tokyo. Dans cette grande partie d'échecs mondiale, la création de Nyse-Euronext est vantée par ses partisans comme une véritable opportunité pour les places du groupe européen. Un exemple : alors que Wall Street souffre des lourdeurs de sa réglementation, les entreprises issues des marchés émergents qui souhaitent une cotation sur une place occidentale pourraient demain se tourner plus souvent vers Paris que vers Londres. L'opération " défend les intérêts de la Place de Paris ", a d'ailleurs affirmé celui qui les représente via l'association Paris Europlace, Gérard Mestrallet (président de Suez). L'association présentait hier son cahier des charges, articulé autour de quinze mesures, à l'intention des candidats à la présidentielle. Leur objectif est que les pouvoirs publics prennent, au cours de la prochaine législature, la mesure de l'enjeu représenté par l'industrie financière (banque, assurance, gestion d'actifs) qui pèse 4,5 % du PIB et emploie 720 000 personnes. Parmi les mesures souhaitées figurent, notamment, des dispositions fiscales, dont l'allégement, réclamé de longue date, de la taxe sur les salaires qui pèse sur le secteur, ou encore le plafonnement de l'assiette des charges sociales. Enfin, pour attester de la mobilisation des pouvoirs publics, la profession espère voir enfin labelliser son projet de pôle de compétitivité, d'ores et déjà engagé sur une dizaine de projets visant entre autres à créer un pôle de recherche en économie et finance " de réputation mondiale ".