La première rencontre de concertation sur le développement local, tenue lundi à Tindouf, marque le lancement effectif d'une profonde réflexion, qui se veut de la base au sommet afin d'adapter les objectifs de développement local aux attentes des populations. Les consultations menées par le Conseil national économique et social (Cnes) et qui doivent aboutir avant la fin 2011 à des assises nationales sur le développement local, se sont déroulées en deux étapes. La première a permis au Cnes de rencontrer les représentants des citoyens et du mouvement associatif local, alors que la seconde étape a regroupé le président du Cnes, Mohamed Seghir Babès, avec les élus locaux et l'administration locale. Les représentants de la société civile de la wilaya de Tindouf ont suggéré, dans le cadre de cette première rencontre , la mise en place d'une base industrielle afin de booster le développement de leur région. Une démarche qui devrait, notamment, s'appuyer, selon eux, sur "l'ouverture des gisements miniers de Ghar-Djebilat et de Mecheri Abdelaziz". L'intérêt des jeunes s'est porté sur l'exploitation des richesses minières que renferment ces deux grands gisements, et dont l' ouverture générera des emplois permanents susceptibles d'améliorer leurs conditions de vie. Les interventions de la société civile de Tindouf se sont également axées sur divers sujets liés essentiellement à l'amélioration du cadre de vie de la population et la mise en œuvre des principes de "démocratie" et de "transparence" dans les rapports administration-citoyen. Parmi leurs propositions figurent également la création d'un conseil local de jeunes qui prendrait en charge leurs préoccupations et l'installation d'une cellule de communication directe avec les instances gouvernementales. Cette rencontre a été l'occasion pour eux de soulever les contraintes rencontrées par la femme, notamment son insertion dans la vie professionnelle. Les représentants du mouvement associatif local ont également mis en exergue les difficultés empêchant un "développement équilibré", à l'exemple de la distribution de l'énergie électrique. Ils ont évoqué aussi la forte salinité de l'eau potable qui oblige la population à l'alimentation en eau à partir des puits, souvent non contrôlés et non traités, d'où la nécessité de chercher d'autres sources d'AEP. Ils ont aussi considéré "faible" le soutien de l'Etat à la construction dans cette région vu son éloignement, des centres d'approvisionnement en matériaux de construction. Par ailleurs, des membres d'associations culturelles ont saisi l'opportunité de cette rencontre pour la prise en charge et la relance de l'activité culturelle qui serait d'un grand apport dans le développement local, proposant, à cet égard, la création d'un théâtre régional pour les jeunes talents. Des élus locaux ont estimé, par ailleurs, que la limitation de leurs prérogatives demeure la principale entrave devant une plus grande contribution à l'effort de développement local. Ils appellent les pouvoirs publics à l'ouverture de canaux de dialogue et de communication. Ils ont mis également l'accent sur la nécessité de mettre en place des mesures incitatives pour la fixation des cadres de la santé et de l'éducation venus d'autres régions en vue de réduire le déficit en matière d'encadrement ainsi que l'amélioration des services et infrastructures sanitaires. Pour sa part, le wali de Tindouf, Abdelhakim Chater, a exposé les principales contraintes qui gênent l'action de développement dans la région et l'exploitation optimale des potentialités et ressources dégagées en faveur de cette collectivité de l'extrême sud-ouest du pays. Parmi ces contraintes, il a relevé l'absence de connaissances précises et suffisantes sur le potentiel hydrique de la wilaya, qui constitue un handicap pour toute action d'extension urbaine et de création d'un tissu industriel ou agricole, en dehors des espaces connus traditionnellement. L'autre facteur contraignant soulevé par l'exécutif de wilaya réside dans l'éloignement de Tindouf par rapport aux centres d'approvisionnement, engendrant un important impact sur les coûts, les délais et la qualité des projets et programmes retenus en faveur de la wilaya. La rareté de la main-d'œuvre qualifiée, et le coût élevé de celle importée des régions du nord du pays, ont également été évoqués lors de cette rencontre. Le rapport présenté aux membres du Cnes fait état aussi d'une ''inconsistance'' de la nomenclature des projets accordés à la wilaya de Tindouf, notamment les programmes communaux de développement (PCD) qui ne renferment pas actuellement des projets structurants pour cette région saharienne. Soulignons enfin que le président du Cnes s'est montré solidaire quant aux préoccupations et aux propositions formulées par les représentants locaux de la société civile et mouvement associatif, des élus et de l'administration, qu'il a rencontrés durant les trois séances distinctes.