Allociné veut donner un coup d'accélérateur à sa percée dans la télévision en posant sa candidature pour une chaîne gratuite grand public, un projet ambitieux mais risqué pour l'entreprise qui a surtout démontré jusque-là son expertise Sur internet. Le site dédié au cinéma a de bonnes chances d'être retenu pour l'une des fréquences que l'Etat va créer sur la TNT, a déclaré son P-DG Grégoire Lassalle, mais ce feu vert l'obligerait à redimensionner ses investissements, voire à lever des fonds. "C'est un autre palier, un autre niveau d'investissement", a déclaré le dirigeant, interrogé dans le cadre du Forum des pépites de l'internet. L'entreprise française, qui a généré des revenus publicitaires de 16 millions d'euros l'an dernier, finance aujourd'hui ses projets grâce aux marges très confortables qu'elle génère sur son marché historique, essentiellement en vendant de la publicité. "Si je devais l'emporter, toutes les hypothèses d'alliance ou de financement seraient à l'étude", prévient le dirigeant de la société dont 90% du capital est détenu par le fonds américain Tiger Global. Devenu une référence sur internet pour le septième art avec ses 36 millions de visiteurs par mois, Allociné a fait ses premiers pas dans la télévision à la rentrée en s'offrant une chaîne sur les "box" des opérateurs télécoms, à laquelle il a consacré un budget de 6 à 8 millions d'euros. En accédant à la TNT, il atteindrait un public beaucoup plus large, mais devrait débourser des montants plus importants pour l'achat de droits et de coûts de diffusion, ce qui pourrait faire doubler son enveloppe TV initiale. Allociné, qui sera fixé sur son sort d'ici la mi-mars 2012, avec la décision du CSA, avait jusqu'à présent dit viser l'équilibre d'ici trois ans pour sa chaîne de télévision. 50 millions d'euros dans deux ans L'entreprise s'est fixé pour objectif d'atteindre un chiffre d'affaires publicitaire de 50 millions d'euros dans deux ans, pour 50 millions de visiteurs uniques, en misant sur l'international ainsi que sur des partenariats. "Il y a trois grands axes : la France, l'international et la télé", a résumé son P-DG, qui prévoit d'étendre l'empreinte du groupe partout sauf aux Etats-Unis, où son concurrent IMdB, filiale d'Amazon, règne en maître. Allociné investit en Chine et commence à atteindre un seuil confortable en Russie, où il dégage des bénéfices, ainsi qu'au Brésil et en Allemagne, où il projette d'être à l'équilibre très prochainement. "La France ne représente que 30% de l'audience mais 80% du chiffre d'affaires. Dans deux ans, je pense qu'on sera à peine à 60%", a détaillé Grégoire Lassalle, également actionnaire de son groupe à hauteur de 10%. Sur le plan des partenariats, Allociné vient de sceller une alliance avec le numéro un de la télévision payante en France, Canal+, dans le cadre de sa nouvelle offre de vidéo à la demande par abonnement illimité baptisée Canal Play Infinity. "Allociné a été choisi comme le bras armé internet de l'offre Canal Play Infinity", précise le dirigeant, qui envisage de dupliquer l'expérience dans d'autres pays.