L'euro continuait à perdre du terrain, hier, affaibli par les inquiétudes concernant la crise de la dette européenne et l'état de l'économie mondiale qui refont surface avec la publication d'un mauvais indicateur chinois. Dans les premières transactions, la monnaie européenne valait 1,3797 dollar contre 1,3851 dollar la veille à la clôture. Face à devise japonaise, elle reculait également à 107,79 dollars contre 108,28 yens la veille. La monnaie américaine était stable face au yen à 78,12 yens contre 78,16 yens, avant-hier soir. La livre britannique montait un peu face à l'euro à 86,02 pence pour un euro mais baissait face au billet vert à 1,6038 dollar. Le franc suisse progressait légèrement face à l'euro à 1,2148 franc pour un euro, mais reculait face au billet vert à 0,8805 franc pour un dollar. L'euro est repassé la veille sous le seuil de 1,39 dollar après l'annonce d'un referendum en Grèce et d'un vote de confiance au Parlement sur l'accord conclu jeudi au sommet européen de Bruxelles qui prévoit notamment un effacement d'une partie de la dette grecque. Yen fort: Tokyo engagé dans une guerre des nerfs contre les spéculateurs Le ministre japonais des Finances a prévenu, hier, que les autorités nippones étaient engagées dans une guerre des nerfs contre les spéculateurs qui ont propulsé le yen à des niveaux historiques, au lendemain d'une intervention directe de Tokyo sur le marché des changes. “Nous sommes engagés dans une guerre des nerfs avec les spéculateurs,” a déclaré Jun Azumi lors d'une conférence de presse. “Nous suivons de près les développements sur le marché des devises et prendront les décisions appropriées le moment venu”, a ajouté M. Azumi, ce qui signifie que Tokyo est prêt à intervenir de nouveau si le yen devait trop remonter. Les autorités japonaises sont passées à l'action, avant-hier, après la chute du dollar jusqu'à 75,32 yens, son plus faible niveau depuis 1945. Elles n'ont pas dévoilé le montant des sommes mises sur le marché, mais la presse japonaise y voyait, hier, la plus importante action unilatérale jamais lancée par le gouvernement, estimant que les autorités avaient vendu entre 6.000 et 10.000 milliards de yens (entre 55 et 92 milliards d'euros). Lors de sa précédente intervention, en août, quelque 4.500 milliards de yens avaient été mobilisés pour faire baisser la monnaie nippone. Soutenu par ces rachats massifs, le dollar s'est envolé la veille au-delà de 79 yens mais s'est quelque peu affaibli depuis et cotait 78,20 yens, hier. Fin septembre, M. Azumi a annoncé que le Japon allait augmenter de près de 50% ses fonds disponibles pour intervenir sur le marché des changes.Tokyo doit élever de 15.000 milliards de yens (143 milliards d'euros au taux de change actuel) les finances utilisables à cette fin et en porter le montant total accessible à 46.000 milliards de yens. A deux jours de l'ouverture du sommet du G20 à Cannes (sud-est de la France) où la question des monnaies sera abordée, M. Azumi a souligné que l'intervention du Japon ne visait qu'à mettre un terme à des mouvements excessifs et désordonnés sur le marché des changes. Le Japon était déjà intervenu unilatéralement en septembre 2010 et en août dernier, ainsi qu'une autre fois en mars 2011 avec l'appui des autres pays riches du G7. Ces actions ont temporairement diminué la valeur du yen, mais jamais de façon durable. Le billet vert n'en finit plus de chuter depuis des mois face à la monnaie japonaise, à cause des incertitudes pesant sur la croissance économique mondiale et de la crise d'endettement de pays européens, menaçant la reprise de l'activité du Japon en récession. Un yen trop élevé renchérit le coût des produits fabriqués au Japon sur les marchés extérieurs, oblige les entreprises nippones à rogner leurs marges et amoindrit la valeur de leurs revenus tirés de l'étranger.