Le numéro un mondial des ordinateurs Hewlett-Packard a fait état, avant-hier, d'une chute de 19% de son bénéfice net annuel, à 7,1 milliards de dollars, mais les résultats du quatrième trimestre ont mieux résisté que prévu, malgré un changement de stratégie et de direction. Le bénéfice du quatrième trimestre a chuté de 91% à 239 millions de dollars, mais hors éléments exceptionnels, il revient à 1,17 dollar par action, mieux qu'attendu par les analystes. Le résultat net trimestriel a été amputé à hauteur de 2,1 milliards de dollars par le revirement stratégique annoncé il y a trois mois, qui avait pris les investisseurs par surprise, en particulier l'arrêt de la tablette de HP fonctionnant sous son système webOS, la dévalorisation et l'amortissement d'actifs intangibles, ainsi que des coûts de restructuration et d'acquisition, alors que le groupe a acheté l'éditeur de logiciels Autonomy. Le chiffre d'affaires trimestriel, qui s'annonçait difficile à tenir en raison du trouble provoqué par l'hypothèse de l'arrêt de l'activité des ordinateurs personnels, seulement levée le mois dernier, a un peu moins reculé qu'anticipé (-3% à 32,1 milliards de dollars au lieu de -3,7% à 32,05 milliards attendu par les analystes). Le chiffre d'affaires annuel a dégagé une hausse modeste de 1% à 127,2 milliards de dollars. "Il faut que durant l'exercice 2011-12 on revienne aux fondamentaux, y compris en faisant des investissements prudents et en dégageant une exécution plus régulière" des objectifs, a commenté la directrice générale Meg Whitman, nommée à son poste en septembre, moins d'un an après l'arrivée de son prédécesseur Léo Apotheker. La directrice financière Cathy Lesjak a convenu que l'exercice 2011, clos le 31 octobre, avait été "difficile" et elle a souligné que le groupe était "prudent" pour l'exercice qui s'ouvre. Les prévisions fournies par le groupe californien sont par ailleurs inférieures aux attentes des analystes: il table sur un bénéfice par action, hors éléments exceptionnels, compris entre 83 et 86 cents, au lieu du 1,11 dollar qu'attendaient jusqu'à présent les analystes. Le bénéfice courant par action annuel est attendu à "au moins 4 dollars", au lieu de 4,84 dollars attendus par le marché. L'action perdait encore 2,27% à 26,25 dollars dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse, après avoir déjà lâché 4,04% en séance. "Nous avons trois ensembles de problèmes", a précisé Mme Whitman. Elle a cité "les tendances économiques", c'est-à-dire la faiblesse persistante du marché grand public et le ralentissement des marchés entrepris, et des "vents contraires dans toutes les régions, particulièrement en Europe". A cela s'ajoutent les problèmes d'approvisionnement en disques durs en raison des inondations en Thaïlande, et enfin la reconstruction du groupe après les annonces du mois d'août. Mme Whitman a assuré, toutefois, que la coûteuse acquisition d'Autonomy (10,24 milliards de dollars), décidée avant qu'elle arrive aux commandes, débouchait sur un "solide début" d'intégration. Mais elle a aussi assuré que le groupe ne prévoyait plus de grosses acquisitions à court terme: "on regardera peut-être deux ou trois acquisitions du côté des logiciels", a-t-elle dit, mais cela restera en tout état de cause relativement modeste. "S'il y a quelque chose autour du milliard (de dollars), on regardera, mais nous serons disciplinés", a-t-elle assuré. En revanche elle prévoit de poursuivre la hausse des dépenses de recherche et développement, un secteur qui "a perdu beaucoup de muscle" ces dernières années. Enfin le groupe a annoncé qu'il cessait de donner des prévisions de chiffre d'affaires. "Nous gèrerons nos affaires en visant la performance des bénéfices", a indiqué Mme Lesjak, qui a précisé par ailleurs que le groupe disposait encore de 8,1 milliards de dollars de liquidités "brutes" au 31 octobre.