Un égyptien parmi les militants qui bloquaient l'entrée du siège du gouvernement, était première victime après deux jours d'accalmie dans la capitale, ont affirmé des sources médicales. Les heurts se sont produits vers 07H00 (05H00 GMT) lorsque, selon des témoins, la police anti-émeutes a attaqué à coup de grenades lacrymogènes des manifestants qui ont campé toute la nuit devant le siège du gouvernement pour protester contre la nomination d'un nouveau Premier ministre par l'armée. Des renforts de manifestants sont arrivés de la place Tahrir et ont répliqué avec des pierres et cocktails molotov. Des témoins ont affirmé que le jeune homme a été écrasé par un véhicule des forces de sécurité. La victime est morte à la suite d'une hémorragie causée par de multiples fractures au bassin, probablement causées par un contact avec un véhicule lourd, a affirmé une source médicale, sous couvert de l'anonymat. Le calme est revenu par la suite devant le siège du gouvernement où des dizaines de jeunes poursuivaient leur sit-in. Des milliers d'Egyptiens occupent l'emblématique place depuis plus d'une semaine pour réclamer le départ du pouvoir du Conseil suprême des forces armées, accusé de vouloir maintenir sa mainmise sur les affaires du pays et de perpétuer la politique de répression de l'ancien régime L'incident de samedi est survenu à 48 heures des premières élections depuis la chute de Hosni Moubarak, alimentant les craintes que le scrutin soit émaillé de violences. Avant-hier, l'armée au pouvoir a nommé Kamal el-Ganzouri, 78 ans, comme nouveau Premier ministre en remplacement d'Essam Charaf, démissionnaire. Mais le choix de cet ancien chef du gouvernement sous Hosni Moubarak a immédiatement été rejeté par la foule à Tahrir. Ganzouri nommé Premier ministre, rejeté par les manifestants Des dizaines de milliers d'Egyptiens se sont rassemblés, avant-hier, au Caire pour réclamer à nouveau le départ du pouvoir militaire, qui a nommé comme Premier ministre Kamal el-Ganzouri, 78 ans, un ancien chef de gouvernement sous Hosni Moubarak rejeté par les manifestants. Cette manifestation dite "de la dernière chance" s'est déroulée sans violences, après plusieurs jours marqués par de graves affrontements au Caire et dans d'autres villes, qui ont fait officiellement 41 morts et plus de 3 000 blessés. M. Ganzouri, Premier ministre de 1996 à 1999, a souligné son "expérience dans le domaine du pouvoir" et a assuré qu'il disposerait de prérogatives "dépassant de loin" celles de ses prédécesseurs. Cet économiste formé aux Etats-Unis succède à Essam Charaf, nommé en mars et dont le gouvernement a jeté l'éponge face à l'ampleur de la crise. M. Ganzouri, ancien fidèle de Hosni Moubarak, été immédiatement rejeté par les manifestants de la place Tahrir. Ganzouri veut un gouvernement d'union nationale, manifestation au Caire Kamal al-Ganzouri, a affirmé espérer former son gouvernement de salut national "avant la fin de la semaine prochaine", appelant à attribuer des portefeuilles à des jeunes, dans un entretien avec la télévision publique. Il a déclaré à la chaîne gouvernementale espérer que le gouvernement serait constitué "avant la fin de la semaine prochaine" pour "faire face au vide sécuritaire" et relancer le développement du pays. M. Ganzouri, 78 ans et ancien chef de gouvernement sous Hosni Moubarak, a affirmé qu'il serait "très heureux d'avoir des jeunes à ses côtés". Des dizaines de milliers d'Egyptiens se sont rassemblés vendredi au Caire pour réclamer le départ du pouvoir militaire, rejetant également son nouveau Premier ministre, à leurs yeux trop lié au régime Moubarak. Cette manifestation dite "de la dernière chance" s'est déroulée sans violences, après plusieurs jours marqués par de graves affrontements au Caire et dans d'autres villes, qui ont fait officiellement 41 morts et plus de 3 000 blessés. Des centaines de protestataires ont bloqué dès, avant-hier soir, l'entrée du siège du gouvernement pour empêcher M. Ganzouri d'y pénétrer, et s'apprêtaient à camper sur place. "Dégage!", "Ganzouri est un feloul (vestige)", "Révolution!" scandaient les manifestants. Le grand imam de l'institution théologique renommée d'Al-Azhar, cheikh Ahmed el-Tayyeb, a fait savoir par un représentant aux manifestants qu'il soutenait et priait pour leur "victoire". Une prise de position contre le pouvoir est rare de la part d'une institution dont le grand imam est nommé par le chef de l'Etat. Les manifestants scandaient "Maréchal, réveille-toi, c'est ton dernier jour!", faisant allusion au maréchal Hussein Tantaoui, chef de l'armée et à ce titre dirigeant de fait du pays. Parallèlement à la mobilisation de la place Tahrir, quelques dizaines de milliers de partisans de l'armée se sont rassemblés à quelques kilomètres plus loin dans le quartier d'Abbassiya, en scandant "L'armée, la police et le peuple, d'une seule main". "A bas Tahrir, vive le maréchal", ont scandé ces manifestants qui prônaient un retour à "la stabilité" dans un pays dont l'économie est de plus en plus affectée par les incertitudes politiques. M. Ganzouri a quant à lui rappelé la promesse du maréchal Tantaoui de ne pas s'éterniser au pouvoir. L'armée avait écarté jeudi une nouvelle fois l'hypothèse d'un départ immédiat du pouvoir, des hauts gradés assurant que cela reviendrait à "trahir le peuple". Le maréchal Tantaoui a annoncé mardi une présidentielle avant fin juin, qui permettra à l'armée de remettre le pouvoir exécutif à un chef d'Etat élu, mais les manifestants estiment cette annonce insuffisante. Mohamed El Baradei rejoint les manifestants place Tahrir Mohamed El Baradei, ancien haut fonctionnaire international, a rejoint, avant-hier, les manifestants qui réclament sur la place Tahrir au Caire le départ sans délai de l'armée du pouvoir. L'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui affiche ses ambitions pour la présidence de l'Egypte, s'est joint à des dizaines de milliers de manifestants qui participaient à la prière musulmane hebdomadaire sur la place. Dès le sermon fini des dizaines de personnes autour de lui ont crié le peuple veut le départ du maréchal, en référence au maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute en février du président Hosni Moubarak. L'imam conduisant la prière sur la place a réclamé dans son sermon le transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement de salut national et a prévenu que les manifestants ne quitteraient Tahrir qu'une fois leurs revendications satisfaites. Il n'y a d'autre option qu'un gouvernement de salut national avec les pouvoirs d'un président, a déclaré l'imam Mazhar Chahine. L'UE réclame la fin des violences La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a demandé, hier, que les violences cessent en Egypte, où les violences ont déjà fait plus de 40 morts, et que la primauté du droit soit maintenue à 48 heures des premières élections depuis la chute de Hosni Moubarak. La violence doit cesser et la primauté du droit doit être maintenue, a dit Mme Ashton dans un communiqué. A Washington, la Maison Blanche a plaidé pour un "transfert complet de pouvoir à un gouvernement civil" et un retour "dès que possible" à une gouvernance civile en Egypte. L'Union européenne a condamné la violence "excessive" des forces de l'ordre égyptiennes au cours des derniers jours, et a appelé l'armée à un transfert "rapide" du pouvoir à une autorité civile. Le ministre français de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, a condamné, avant-hier, "avec indignation les agressions dont ont été victimes les journalistes couvrant les manifestations au Caire" et "en particulier" une journaliste française de la chaîne France 3, frappée et agressé sexuellement jeudi par des hommes en civil dans le secteur de Tahrir.