Le Niger est devenu officiellement, avant-hier, producteur de pétrole avec l'inauguration d'une raffinerie à Oléléwa (centre-est), exploitée par l'Etat et une compagnie chinoise et qui traitera sa modeste production de brut d'abord pour la consommation nigérienne. Le président nigérien Mahamadou Issoufou et le patron de la China National Petroleum Corp (CNPC, publique), Jiang Jiemin, ont coupé dans la matinée le ruban inaugural de la raffinerie, décorée aux couleurs des deux pays et située près de Zinder, deuxième ville du pays. Saluant un grand jour, le chef de l'Etat s'est réjoui que le Niger soit entré dans cette ère de production pétrolière. Le Niger, qui importe jusqu'ici du pétrole, va désormais s'auto suffire en matière de consommation intérieure, jusqu'à en exporter. Longtemps jugée non rentable, la production du brut nigérien a démarré fin septembre à Agadem (est), zone désertique aux confins du Tchad et reliée à Oléléwa par un oléoduc de 460 km. Le Niger table sur une production de 20 000 barils par jour, qui sera dédiée dans un premier temps à la consommation intérieure, le reste devant ensuite être exporté par le Cameroun, grâce à un oléoduc qui doit être construit dans les deux ans et passant par le Tchad. Les réserves d'or noir du Niger, pays sahélien très pauvre mais parmi les plus grands producteurs mondiaux d'uranium, sont estimées à 480 millions de barils. Le contrat attribue 40% de la production au Niger et 60% à la compagnie chinoise. Il a été signé en 2008 par le régime du président Mamadou Tandja, renversé en 2010 par un putsch. Des ONG locales dénoncent depuis plusieurs années le flou qui a entouré sa signature. Mi-novembre, un collectif d'ONG a appelé les nouvelles autorités élues en mars dernier à procéder à sa révision, dénonçant des manipulations. Selon le ministre de l'Energie et du pétrole, Foumakoye Gado, les Nigériens commenceront jeudi à consommer leur propre pétrole. Le litre d'essence sera vendu à 570 FCFA (0,86 euro) contre 679 FCFA (1,02 euro) actuellement, et celui du gasoil à 577 FCFA (0,88 euro) contre 655 FCFA (1,03 euro). L'annonce de ces prix jugés trop élevés a suscité un tollé dans le pays, confronté cette année à une nouvelle crise alimentaire causée par la sécheresse. Le ministre s'est dit, lors de la cérémonie, prêt à examiner toutes les propositions réalistes. Le plus important, c'est que les ressources pétrolières profitent au peuple nigérien, surtout l'immense majorité qui vit dans le milieu rural et qui a besoin d'éducation, de soins de santé, de routes, a déclaré le président Issoufou. Depuis 2006, la Chine a renforcé ses liens économiques avec le Niger, où une autre de ses sociétés exploite depuis 2010 de l'uranium dans la région d'Agadez (nord). Si cette région est directement menacée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui retient toujours quatre otages enlevés sur un site du groupe nucléaire français Areva en septembre 2010, la zone pétrolière connaît une accalmie après avoir été le théâtre de la rébellion toubou (une ethnie minoritaire) qui réclamait le développement de cette région déshéritée.