Les Bourses européennes ont ouvert en légère hausse, hier matin, reprenant quelques couleurs après une séance de fort recul la veille, mais les doutes quant à la capacité de la zone euro à sortir enfin de la spirale de la crise de la dette restaient présents. Paris a ainsi commencé sur une progression de 0,23%, Francfort de 0,28%, Londres de 0,26%, Madrid de 0,2% et Milan de 0,4%. Wall Street a clôturé en baisse de 1,3%, Tokyo de 1,17%. "La dette européenne continue de dominer l'agenda des marchés boursiers mondiaux, alors que les investisseurs se montrent extrêmement méfiants sur les prochains développements", a indiqué Terry Pratt, analyste chez IG Markets. Les marchés européens doutaient toujours mardi des solutions politiques mises en place lors du sommet européen de Bruxelles la semaine dernière, qui a notamment insisté sur une plus grande discipline budgétaire. Dès lundi, les agences de notation ont commencé à mettre la pression sur l'Europe, alors que plane la menace d'une dégradation de la note de pays comme l'Allemagne et la France par Standard & Poor's. Après Moody's qui a jugé le sommet insuffisant, Fitch a regretté l'absence de "solution exhaustive" à la crise de la dette mais a relevé des améliorations graduelles coûteuses qui maintiennent la pression des marchés sur la zone euro. La perspective de dégradations de certains pays "commence à être le thème dominant de cette fin d'année", pour M. Pratt. Pour les économistes du courtier Aurel BGC, "la semaine " cruciale " du début du mois de décembre, n'a pas ramené le calme et la sérénité", comme en témoignait la tension des taux obligataires en Espagne et Italie. Madrid doit d'ailleurs emprunter sur les marchés mardi alors que Moody's envisage d'abaisser la note d'une dizaine de banques espagnoles, touchées par la crise de l'immobilier dans le pays. Selon Aurel BGC, le principal regret des marchés est que la Banque centrale européenne (BCE) refuse d'intervenir davantage alors que certaine estiment que seul un rachat massif d'obligations pourrait soulager à court terme la zone euro. Outre la crise de la dette, les investisseurs surveilleront, hier, quelques statistiques dont l'indice ZEW de confiance des milieux financiers (11H00) en Allemagne ou les ventes de détails pour novembre (14H30), et les stocks et ventes des entreprises pour octobre (16H00) aux Etats-Unis. Très attendu également, vers 20H15, soit après la clôture des Bourses européennes, le communiqué de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui tenait sa réunion du Comité de politique monétaire. La Fed devrait maintenir mardi le cap de sa politique monétaire ultra-accommodante mais pourrait préparer les esprits à l'idée d'un nouvel assouplissement. L'euro remontait pour sa part aussi très légèrement face au dollar mardi mais restait sous pression après les annonces des agences de notation. Paris tente de rebondir dans la douleur La Bourse de Paris tentait péniblement de rebondir, hier matin, dans les premiers échanges (+0,56%) au lendemain d'un fort recul, toujours méfiante quant à l'efficacité des solutions politiques envisagées pour enrayer la crise en zone euro. Peu après l'ouverture, le CAC 40 gagnait 17,30 points à 3106,89 points. La veille, il avait lâché 2,61%. Les valeurs bancaires étaient encore mal orientées après leur chute de la veille, à l'image de BNP Paribas (-0,73% à 30,64 euros), Crédit Agricole (-0,20% à 4,56 euros) et Société Générale (-0,65% à 18,48 euros). Le courtier Nomura a de son côté abaissé sa recommandation sur les banques européennes à "neutre", contre "acheter" auparavant. Carrefour prenait 1,51% à 18,10 euros après avoir annoncé vouloir racheter son plus gros franchisé, Guyenne et Gascogne, dont le titre est suspendu depuis lundi, via une offre publique d'achat et d'échange qui le valorise à 493 millions d'euros. Le géant de la distribution a annoncé en outre son intention de céder sa participation de 50% dans Altis au prix de 153 millions d'euros. Areva gagnait 0,31% à 19,26 euros alors que le groupe présente mardi matin des détails de son vaste plan de réorganisation adopté la veille par son conseil de surveillance. Silic lâchait 1,17% à 72,64 euros. La Caisse des dépôts (CDC) et l'assureur Groupama devraient signer mardi un accord en vertu duquel l'institution publique va échanger des actions Icade (+0,13% à 54,32 euros) contre la part de l'assureur dans Silic, et injecter 300 millions d'euros dans Gan Eurocourtage, selon Les Echos. Le titre souffrait également d'un abaissement de recommandation à "neutre", contre "surperformer" par Exane-BNP Paribas. Enfin, Havas (+3,83% à 3,12 euros) et Lagardère (+5,20% à 19,24 euros) bénéficiaient d'un relèvement de recommandation à "acheter", contre "conserver", par Deutsche Bank. Francfort se ressaisit en attendant la Fed La Bourse de Francfort se ressaisissait quelque peu, hier matin, après ses grosses pertes de la veille et avant une réunion de la Banque centrale (Fed) aux Etats-Unis dans l'après-midi. L'indice Dax des trente valeurs vedettes prenait 0,42% à 5810 points dans les premiers échanges. Il avait chuté de 3,4% la veille dans un marché inquiet et nerveux. Parmi les gagnants, Deutsche Börse grimpait de 1,13% à 41,94 euros après avoir annoncé de nouvelles concessions destinées à amadouer la Commission européenne, et faciliter un feu vert de celle-ci à son mariage avec NYSE Euronext. Les deux groupes entendent notamment augmenter le nombre d'actifs cédés dans le domaine des dérivés actions. Volkswagen s'appréciait de 1,46% à 121,75 euros. Le patron de sa filiale haut de gamme Audi affirme dans un entretien au Handelsblatt qu'il est sûr de dépasser son concurrent Mercedes en termes de ventes cette année. Daimler, maison mère de Mercedes, prenait tout de même 0,44% à 33,20 euros. Dans le rouge Commerzbank continuait sa descente aux enfers, perdant 1,88% à 1,20 euros après une chute de près de 8% la veille. Malgré un démenti du ministère des Finances, les rumeurs de négociations entre la deuxième banque allemande et l'Etat sur un renflouement par des fonds publics continuaient à enfler. EON perdait 1,91% à 16,68 euros, après avoir annoncé la veille au soir des dépréciations massives de 3 milliards d'euros, à cause de ses activités italiennes et espagnoles à la peine, sur fond de crise de la dette. Suisse : le SMI très volatile Le marché suisse des actions, toujours très volatil, oscillait hier, après l'ouverture, au niveau de clôture de la veille. L'environnement était plutôt négatif. Peu après l'ouverture, le SMI figurait à 5736,92 points (-0,18%), le SLI à 857,22 points (-0,18%) et le SPI à 5182,30 points (-0,16%). Actelion (-0,8%) cédait du terrain. Le groupe biotechnologique a renoncé à acheter le laboratoire français Trophos après l'échec d'une étude clinique de phase III sur un médicament (olesoxime) contre la contre la sclérose latérale amyotrophique. Actelion devra amortir 10 mio EUR. Les autres valeurs pharma baissaient un peu, comme Novartis (-0,2%), après la publication de plusieurs études. Roche cédait 0,3%. Le troisième poids lourd, Nestlé (-0,1%), se maintenait, quasi-insensible face à son environnement. Le groupe de logistique SGS (+0,6%) a repris l'américain Innovative Technical Services (Intech). Cette entreprise, en mains privées, fournit des services pour l'industrie du pétrole et du gaz et enregistre un chiffre d'affaires annuel de 3 mio USD. Les valeurs sensibles à la conjoncture n'étaient pas à l'unisson, telle ABB (+0,8%) qui prenait le vert, alors qu'Adecco (-0,2%) préférait le rouge. Les bancaires UBS (-0,3%), Credit Suisse (-0,3%) et Julius Bär (-0,2%) perdaient quant à elles du terrain. Les assureurs étaient mitigés, tel ZFS (Zurich Financial Services) qui baissait de 0,1%, alors que Swiss Re grimpait de 0,2%. Le groupe de réassurance a annoncé la veille le départ de son CEO Stefan Lippe. Lanternes rouges du SMI/SLI, Swatch Group (-1,6%) et Richemont (-1,5%) poursuivaient leurs baisses de la veille. Parmi les valeurs secondaires, on relevait Orell Füssli (-3,4%) qui a annoncé ce matin, avant-bourse, un avertissement sur bénéfice. Le groupe s'attend pour 2011 "à un résultat clairement en dessous de celui obtenu l'an passé". L'avertissement sur bénéfice est dû à la production des nouveaux billets de banque suisses qui n'a pas débuté comme attendu au 4ème trimestre à cause de retards d'un fournisseur. Infranor (pas encore négociée) a enregistré sur son exercice annuel 2011/12 (au 31.10) un bénéfice net replié de moitié malgré un chiffre d'affaires en hausse. Tokyo: le Nikkei clôture en baisse de 1,17% La Bourse de Tokyo a terminé la séance d'hier, en nette baisse de 1,17% après les mises en garde formulées par des agences de notation financière aux pays européens endettés. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a perdu 101,01 points à 8552,81 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a reculé de son côté de 0,80%, lâchant 5,98 points à 740,71 points. L'activité a été faible, avec 1,65 milliard d'actions échangées sur le premier marché. Les valeurs bancaires ont été malmenées, les opérateurs craignant une contagion des problèmes européens en cas d'aggravation de la crise financière: Mitsubishi UFJ Financial Group a chuté de 2,87% à 338 yens, Sumitomo Mitsui Financial Group abandonnant 1,49% à 2.239 yens et Mizuho Financial Group 0,95% à 104 yens. Sensibles aux fluctuations de la conjoncture économique mondiale, les groupes sidérurgistes ont eux aussi pâti des inquiétudes pesant sur l'Europe: Nippon Steel a perdu 2,02% à 194 yens et JFE Holdings 1,57% à 1.501 yens. Vers la fin de la journée, les pertes se sont quelque peu réduites, les investisseurs se tournant vers les Etats-Unis où sont attendues des statistiques macroéconomiques et une réunion du comité de politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed). La Bourse de Tokyo a de surcroît souffert d'un nouveau repli de l'euro face au yen. Cette dévalorisation réduit la valeur des revenus tirés d'Europe par les groupes exportateurs japonais, une fois convertis en devise nippone, ce qui pèse sur leur cotation. Comme souvent, les fabricants d'électronique ont été en première ligne: Sony a cédé 2,60% à 1.386 yens, Panasonic 1,56% à 695 yens, Sharp 0,82% à 726 yens et Canon 1% à 3.465 yens. Les constructeurs automobiles ont aussi reculé: Honda de 2,89% à 2.384 yens, Toyota de 1,15% à 2.587 yens et Nissan de 1% à 690 yens.