El Bahia a abrité, dimanche dernier, en guise d'activité de clôture de la tournée artistique entamée mercredi dernier à Alger par la troupe hôte, une conférence-démonstration autour du genre théâtral traditionnel japonais dit Nô. La séance en question a été animée sur la scène de l'auditorium de l'Université des sciences et de la technologie Mohamed-Boudiaf, ce qui a permis à un large public composé en partie d'étudiants de s'imprégner de l'évolution du genre Nô dont la création remonte à plus de 600 ans. Et c'est à l'occasion que l'assistance a appris que la scène spécifique au Nô est unique, dans la mesure ou elle fait face au public selon une orientation oblique, divisée en secteurs appelés "shomen" qui signifie en face, "naka-shomen" ,en face, au milieu, et enfin "waki-shomen" ,qui par traduction donne en face, à côté. Au départ, la scène de Nô était installée en plein air, a-t-on rappelé en expliquant que le style en salle d'aujourd'hui où la scène et l'audience sont à l'intérieur d'un grand bâtiment, appelé "Nôgakudo", n'est apparu qu'après l'ère de Meiji soit à la deuxième moitié du 19ème siècle. Le nombreux public a pu également se familiariser avec les instruments de musique les plus utilisés dans le Nô, à l'image du Fue qui est une flûte traversière à base de bambou, le Ko-tsuzumi , un tambour se porte sur l'épaule, le O-tsuzumi, tambour sur la hanche et le Taïko, un tambour à baguettes. Ponctuée par de courtes démonstrations sur scènes, cette conférence a permis en outre aux membres de la troupe de souligner que le Nô est un des plus anciens arts de la scène du monde, comptant plus de 250 pièces regroupées en cinq catégories majeures en fonction du rôle de Shite, le personnage principal. Le Shite peut ainsi être un dieu d'une mythologie, un esprit de guerrier défunt tombé lors d'une bataille sanglante, une femme esprit d'une plante, une femme démente, ou encore un personnage non humain. La conférence-démonstration animée à l'USTO intervient en clôture des spectacles et conférences proposés successivement à l'auditorium de l'Université de Bouzaréah, à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El-Feth à Alger et au Théâtre régional Abdelkader Alloula d'Oran. La troupe japonaise est composée de 15 artistes, dont 9 classés comme possesseurs du patrimoine culturel immatériel, titre reconnu parmi les plus hautes distinctions décernées par l'Etat japonais, a indiqué M. Yoshiya Amitani, diplomate à l'ambassade du Japon en Algérie.