Des funérailles d'Etat étaient organisées, hier, pour les victimes de l'explosion d'un dépôt de munitions qui a fait au moins 246 morts la semaine dernière à Brazzaville ainsi que des milliers de blessés et de sans-abri. Seuls 168 corps ont été identifiés à ce jour, selon les registres de la morgue. La catastrophe s'est produite le 4 mars sur une base militaire des quartiers Nord de la capitale congolaise. A la suite d'un incendie dans un dépôt d'armes, des grenades et obus ont explosé. Les déflagrations ont été si violentes que des églises, écoles, commerces et autres bâtiments se sont effondré sur leurs occupants. Certaines des victimes ont été écrasées, d'autres ont été tuées par les munitions elles-mêmes. Le gouvernement a ordonné que toutes les dépouilles soient placées dans des cercueils identiques afin de souligner le caractère national de l'hommage. Toute la nuit de samedi à dimanche, les familles ont attendu devant la morgue que le haut-parleur extérieur cite le nom de leurs disparus pour lesquels elles avaient apporté des vêtements neufs. Leur tour venu, les proches étaient équipés de masques à gaz et emmenés dans la salle carrelée pour faire la toilette de leurs morts. La veille, un vieil homme qui avait perdu son enfant a eu une crise cardiaque, selon un responsable des urgences ayant requis l'anonymat. Deux femmes qui ont fait des crises de nerfs et pleuré jusqu'à l'évanouissement ont été emmenées à l'hôpital. Les autorités ont promis aux familles une allocation de 500 000 francs CFA (environ 762 euros) par proche tué afin d'habiller la dépouille, mais des disputes ont éclaté au guichet de paiement de la morgue car le compte n'y était souvent pas. Hier matin, les cercueils ont été chargés sur des camions pour la cérémonie officielle dirigée par le président Denis Sassou N'Guesso. Elle était organisée à côté du mémorial des victimes de l'attentat de 1989 contre l'avion DC 10 d'UTA, qui avait fait 170 morts dont 48 Congolais. L'explosion du dépôt a choqué les Congolais mais les a aussi mis en colère car le gouvernement s'était déjà engagé à déplacer les munitions il y a trois ans, après une première explosion moins meurtrière en 2009. Le porte-parole du gouvernement a imputé l'incendie de dimanche dernier à un court-circuit mais des habitants affirment que des témoins ont vu un soldat jeter un mégot dans le local. Pour prévenir tout incident lors des funérailles, des militaires, gendarmes et policiers ont été déployés dans les rues dans un périmètre d'un kilomètre autour du palais des Congrès où devait se dérouler la cérémonie officielles, ainsi qu'aux alentours du cimetière du centre de Brazzaville où devaient être enterrées les victimes. Plusieurs églises ont de leur côté organisé des veillées de prières afin que les obsèques se déroulent dans le calme, comme l'a expliqué le pasteur Lourdes Dangassa, de l'église pentecôtiste. La radio et télévision officielles ont diffusé de la musique religieuse toute la semaine pour marquer le deuil national décrété par le gouvernement à la mémoire des disparus.