Les cours du pétrole étaient mitigés, hier matin, en Asie, après les élections en France et en Grèce qui font craindre un abandon des mesures d'austérité et dans un marché inquiet sur le niveau des stocks de brut aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin restait sous le seuil des 100 dollars le baril. Il perdait 13 cents à 97,81 dollars dans les échanges matinaux. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin gagnait lui 18 cents à 113,34 USD. Comme la veille, "les résultats des élections européennes ont ravivé les inquiétudes sur la crise de la dette dans la zone euro, renforçant la crainte d'une croissance anémique de l'économie et de la demande de pétrole", ont indiqué les analystes du cabinet Phillip Futures dans une note. Les Français ont élu dimanche le socialiste François Hollande, lors d'un vote-sanction contre le sortant conservateur Nicolas Sarkozy. Le nouveau président a appelé de ses voeux une politique européenne plus orientée vers la croissance et moins vers l'austérité. En Grèce, le leader des conservateurs Antonis Samaras a déclaré forfait lundi soir après avoir échoué à former un gouvernement de coalition, au lendemain d'une défaite historique des deux piliers du système politique grec dont les conséquences inquiètent l'Europe et les marchés. Enfin, le marché pétrolier s'attend à une hausse des stocks hebdomadaires américains de brut, qui seront dévoilés mercredi. "Les stocks américains de brut pourraient avoir grimpé à des niveaux jamais vus depuis 20 ans, ce qui pèse sur les cours", a noté Justin Harper, analyste chez IG Markets Singapour. Ce serait alors la septième hausse hebdomadaire consécutive, reflétant une demande affaiblie d'or noir de la part du premier consommateur au monde de pétrole. Le brut poursuit son repli à New York La veille les cours du pétrole ont poursuivi leur mouvement de repli à New York entamé la semaine dernière, plombés par des craintes d'une aggravation de la crise de la dette en zone euro après des élections en France et en Grèce, dans un marché globalement moins optimiste. Le baril de "light sweet crude" pour livraison en juin a fini en baisse de 55 cents par rapport à vendredi, à 97,94 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), à un nuveau plus bas en clôture depuis le 6 février 2012. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin reprenait 12 cents par rapport à la clôture de vendredi, à 113,30 dollars au cours des échanges électroniques. Les marchés étaient clos lundi en Grande-Bretagne en raison d'un jour férié. Après avoir chuté sous le seuil symbolique des 100 dollars vendredi, les cours du pétrole new-yorkais ont succombé aux appréhensions des investisseurs, inquiets pour l'avenir de la dette en zone euro à l'issue des scrutins en Grèce et en France au cours du week-end. "Avant même l'ouverture des marchés, on s'attendait à un marché très volatil avec un changement de dirigeants en France et une situation instable en Grèce, et dès la réouverture des échanges électroniques, le brut est tombé jusqu'à 95,34 dollars", a relevé Rich Ilczyszyn, de iiTrader. "Les marchés craignent que les nouveaux élus ne soutiennent pas les mesures d'austérité qui devaient être mises en place, il y a tout simplement beaucoup d'incertitude", a relevé Tom Bentz, directeur pour le marché des matières premières chez BNP Paribas à New York. "Les choses sont devenues moins claires et les investisseurs s'inquiètent. Outre un ralentissement de la création d'emplois aux Etats-Unis, on voit une crise de la dette en zone euro qui n'en finit plus, et tout cela pèse sur l'appétit du risque au sein du marché et emporte les prix du brut à la baisse", a ajouté Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric). Un rapport mensuel officiel sur l'emploi aux Etats-Unis, très attendu par les courtiers, a fait état vendredi d'un net ralentissement des créations d'emplois provoquant une chute des cours de 4,05 dollars, les courtiers craignant un ralentissement de la reprise économique plus fort qu'anticipé et une baisse de la demande dans le premier pays consommateur d'or noir. A la suite de ces mauvais chiffres que les observateurs n'avaient pas anticipé, "on a connu une telle chute des prix vendredi que le seuil symbolique de 100 dollars a été cassé, alors que les courtiers s'attendaient à ce qu'il tienne et les investisseurs restent désormais très prudents" redoutant une nouvelle baisse des cours, a expliqué M. Smith. Par ailleurs, l'anxiété des investisseurs s'est également traduite par un recul marqué de l'euro face au dollar, ce qui a accentué la pression sur les cours du pétrole, une hausse du billet vert, rendant moins attractifs les achats d'actifs libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. En deuxième partie des échanges new-yorkais, les prix du brut ont cependant amorcé un léger rebond, malgré une clôture en baisse. "Après une baisse d'environ 10 dollars sur trois séances, les investisseurs voient une opportunité d'acheter", ce qui soutenait les cours, a souligné M. Ilczyszyn, d'iiTrader.