Les prix du pétrole accentuaient leur chute, hier, tombant sous le seuil de 100 dollars le baril à Londres, et descendant à New York à un niveau plus vu depuis plus d'un an, pâtissant des inquiétudes sur la zone euro et de la dégringolade des places boursières européennes. Peu après l'ouverture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre est tombé à 99,32 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, son plus bas niveau depuis le 9 août, perdant plus de deux dollars par rapport à la clôture de la veille. A la même heure, le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance a chuté jusqu'à 74,95 dollars sur le New York Mercantile Exchange, en baisse de plus de 2,60 dollars. C'est son plus bas niveau depuis le 24 septembre 2010. Les cours du pétrole creusaient leurs pertes parallèlement à une débâcle des Bourses, les investisseurs fuyant de concert tous les actifs considérés comme risqués, marchés actions comme matières premières. L'absence d'avancée dans le soutien européen à la Grèce grevait sévèrement le moral des investisseurs, et ravivaient les craintes d'un défaut de paiement d'Athènes et les inquiétudes sur la solidité du secteur bancaire européen face à l'aggravation de la crise des dettes souveraines. Réunis la veille, à Luxembourg, les ministres des Finances de l'Eurogroupe ont reporté toute décision sur le déblocage d'un nouveau prêt qui doit sauver la Grèce de la faillite, tout en exigeant d'Athènes des mesures de rigueur supplémentaires pour 2013 et 2014. Alors que le tableau économique mondial est toujours aussi morose, les tourments de la zone euro et la dégringolade des Bourses accroissent encore la pression sur les marchés de l'énergie, observait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden. Les marchés sont totalement dominés par l'incertitude, alors que la situation en zone euro semble prête à exploser, et il faut s'attendre à ce que la baisse des cours du baril s'accentue encore, soulignait-elle. Asie: ouverture en baisse (76,50 USD), inquiétudes persistantes Les cours du pétrole ont ouvert en baisse, hier, en Asie sous l'effet conjugué des inquiétudes persistantes sur l'économie mondiale et d'une reprise de la production de brut en Libye. Le baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre perdait 1,11 dollar, à 76,50 USD dans les premiers échanges électroniques. Le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en novembre abandonnait 92 cents à 100,79 USD. "Les prévisions de croissance économique (mondiale), la crise de la dette dans la zone euro et l'atonie de l'économie américaine sont un des facteurs qui jouent sur les cours du pétrole", avançait Victor Shum, analyste chez Purvin and Gertz à Singapour. Pour Victor Shum, les cours du pétrole restent également sous pression en raison de "la hausse des (capacités) d'approvisionnement en brut (...). La production de pétrole en Libye repart, plus fortement qu'attendu, tirant les cours à la baisse". Le géant pétrolier et gazier autrichien OMV a annoncé, avant-hier, que sa première commande de pétrole de Libye depuis le mois de mars avait été livrée vendredi au port italien de Trieste (nord-est) pour être raffinée dans ses installations à Schwechat, près de Vienne. De manière générale, les marchés redoutent un recul mondial de la demande de brut, entre la situation en Europe, les signes de ralentissement de l'activité en Chine et les perspectives moroses de l'économie américaine. Le renchérissement du dollar, considéré comme une devise refuge est monté, hier, à son plus haut niveau depuis neuf mois face à l'euro, n'arrange pas les choses en rendant encore moins attractifs les achats de matières premières libellés dans la monnaie américaine, ajoutait Mme Sokou.