Le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou se penche, depuis hier, sur une affaire qui sort de l'ordinaire, puisqu'elle est liée à l'espionnage au profit des services étatiques étrangers. L'affaire, dont l'examen intervient à l'avant-dernier jour de la deuxième session criminelle de cette année 2007 au tribunal de Tizi Ouzou, concerne deux mis en cause, un policier et un civil. Ces derniers sont poursuivis pour des chefs d'inculpation liés à la "transmission au profit de pays étrangers de renseignements secrets et sensibles, portant ainsi atteinte à l'économie nationale et la défense nationale". Le huis clos qui a été requis par le procureur général, hier à l'ouverture du procès, a été retenu par la présidente du tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou. Ni les journalistes, ni le public n'ont pu assister à l'audience. Selon des informations recueillies au sein de l'institution judiciaire, l'affaire remonte au début des années 2000, lorsque l'inculpé civil a été appréhendé en détention d'informations jugées stratégiques qu'il s'apprêtait à transmettre vers des destinations établies au Bénin et au Kenya, sans pour autant que le contenu de ces informations ne soit divulgué. Auprès de certains avocats, rencontrés hier à la cour de Tizi Ouzou, il s'agit de dossiers classés confidentiels, traitant de l'état de l'investissement étranger dans notre pays, des importations et des possibilités de transfert de capitaux, que le mis en cause compte envoyer aux services secrets des deux pays cités. Le dossier de l'instruction précise aussi que cet accusé, qui est originaire de la wilaya de Tizi Ouzou mais qui a toujours travaillé dans les pays africains, a pu accéder à ces dossiers avec la complicité du policier qui comparaît avec lui. L'affaire a été, en tout cas, examinée pour la première fois par le tribunal militaire de la première Région militaire qui a prononcé l'acquittement en faveur des deux mis en cause. Ce verdict est basé sur la non-consistance du dossier d'instruction qui y a été présenté. D'autres sources ont précisé que le premier accusé a eu à exercer comme journaliste dans les pays africains mais sans qu'il ne soit connu en Algérie. Il aurait même fondé un journal au Bénin avant qu'il ne tombe en disgrâce et actuellement il serait poursuivi par la justice pour d'autres affaires. Par contre, certains autres laissent entendre que cet accusé aurait voulu se faire passer pour un journaliste dans l'unique but de donner un large écho médiatique à son affaire en Algérie. En tout cas, il y a lieu de préciser que c'est la première fois que la juridiction civile en Algérie se penche sur un dossier lié à l'espionnage, puisque les affaires de cette nature relèvent exclusivement de la compétence soit d'un tribunal militaire, soit d'un tribunal spécial.