Air France, contrainte à un vaste plan d'économies sur trois ans, poursuit les négociations avec les syndicats pour fortement améliorer la productivité des personnels, ce qui pourrait générer des sureffectifs et par conséquent des suppressions de postes. "L'élaboration du plan de transformation de l'entreprise, visant à restaurer notre compétitivité à horizon 2015, se poursuit au niveau du management ainsi qu'avec les organisations représentatives du personnel", a affirmé, hier, un porte-parole de la compagnie. Jeudi, un comité central d'entreprise sera l'occasion de faire un point d'étape sur la situation de la compagnie. La direction a souligné que de ces négociations, qui revisitent une bonne partie des accords d'entreprise (amplitude horaire, prise de congés, composition d'équipage, etc.), dépend la réussite du plan d'économies triennal (Transform 2015) et "la capacité d'Air France à éviter des départs non volontaires". Le porte-parole réagissait à une information du Figaro faisant état d'un projet de 5000 suppressions de postes d'ici 2015, dont une moitié via des départs naturels (retraite, démissions) et l'autre via un plan de départs volontaires. Air France a démenti ces informations. Du côté des syndicats, la CFDT estime que "c'est probablement la fourchette vers laquelle on se dirige". "A ce jour, la direction n'a jamais annoncé de chiffre", précise toutefois Michel Salomon, délégué CFDT. "Ce ne sont que des estimations en se basant sur les 20% d'économies recherchées sur les coûts", ajoute le responsable syndical pour qui un plan de départs volontaires pourrait être ouvert à toutes les catégories de personnel. En 2009/2010, 1 800 personnes avaient quitté Air France via des départs volontaires, limités au personnel au sol. Depuis plusieurs centaines de départs naturels au sol n'ont également pas été remplacés. Globalement, environ 800 personnes quittent chaque année Air France. Des décisions attendues fin juin Cette fois, le personnel navigant (environ 4 000 pilotes et 15 000 hôtesses/stewards) pourrait donc être visé par une compression des effectifs. Dès la fin avril, la section PNC (hôtesses et stewards) de l'Unsa avait exprimé sa préoccupation sur "des suppressions de postes massives à l'horizon 2014". Une analyse que ne partage pas l'Unac (CFE-CGC): "A ce jour, je n'ai aucune info dans ce sens, ce ne sont que des rumeurs", a confié, hier, Franck Mikula, délégué Unac (hôtesses et stewards). "Nous avons ces dernières semaines étudié un catalogue possible de mesures, maintenant nous allons négocier pour savoir celles qui seront appliquées; il est donc prématuré de chiffrer d'éventuels sureffectifs", explique le syndicaliste. La direction a réaffirmé qu'elle ferait fin juin des annonces structurelles, sur le plan social, industriel et commercial, après une premier série de mesures d'économies dévoilées en janvier (gel des salaires et des embauches, publicité, investissements, frais de déplacements, billets réduits, etc.). Le développement du "low-cost", la reconfiguration de l'offre long-courrier, une réorganisation à la maintenance, l'optimisation de l'activité cargo sont à l'étude. D'ici là, la conjoncture et les résultats du 1er semestre pourraient alourdir ou au contraire alléger les mesures sociales. "Si les efforts de productivité génèrent du sureffectif chez les hôtesses et stewards, nous espérons qu'il pourra être absorbé par les départs naturels et la croissance de l'activité", avance Franck Mikula. Les pilotes pourraient pour la première fois se voir proposer des mesures d'incitation au départ. Selon un pilote du syndicat minoritaire Alter, la direction a récemment avancé le chiffre d'un sureffectif de 272 personnes, qui pourrait encore être gonflé par une productivité accrue.