Les efforts entrepris il y a plus de dix ans par Airbus pour réduire le poids de son très gros porteur A380 sont à l'origine des fissures récemment détectées sur l'appareil, explique le constructeur, une erreur qui pourrait lui coûter près de 500 millions d'euros au total. La filiale du groupe européen EADS a révélé en janvier l'existence de ces fissures, ce qui a déclenché une inspection systématique de l'ensemble de la flotte mondiale d'A380, sans remettre en cause la capacité de l'appareil à voler. Le président exécutif d'Airbus, Tom Enders, a reconnu que ces fissures, repérées dans les ailes à la jonction entre des composants en métal et d'autres en matériaux composites, illustraient la difficulté de repousser les limites techniques dans un secteur ultra-concurrentiel. "Il est certains qu'au moment de la conception il y a dix ans, c'était une innovation. Nous pensions qu'alléger les ailes avec un hybride de nervures en fibres de carbone et de nervures de métal était une idée formidable. C'était censé permettre une réduction de poids importante, et ça a été le cas dans une certaine mesure", a-t-il dit à un groupe de journalistes spécialisés. L'A380 a été conçu au début des années 2000 et à l'époque, les ingénieurs du groupe n'étaient pas en mesure de dire comment l'assemblage de composants métalliques et composites réagirait à des températures extrêmes. "Nous étions persuadés à l'époque que nous maîtrisions la technologie, que nous sélectionnions les bons matériaux, que nous comprenions leur propriétés et l'interface entre les fibres de carbone et le métal", a dit Tom Enders. "Nous avons découvert de manière brutale que nous ne savions pas tout ce que nous aurions dû savoir avant de prendre cette décision." EADS a annoncé la semaine dernière avoir provisionné 158 millions d'euros dans ses comptes pour couvrir les coûts de réparation des fissures sur les 71 appareils en service à fin mars. Cela représente 263 millions en y ajoutant estimation déjà annoncée de 105 millions, ou 3,7 millions d'euros par avion. Mais des chiffres communiqués par le groupe ces derniers jours lors de points d'information technique suggèrent que la facture définitive pourrait approcher 450 millions d'euros. Tom Williams, vice-président exécutif du groupe, a en effet estimé à 120 le nombre d'A380 nécessitant des réparations avant qu'une solution définitive soit mise en œuvre, soit en 2014. Ceci implique un coût supplémentaire de 181 millions sur la base des chiffres déjà connus. Le calendrier du premier Airbus A350 serré mais réalisable L'objectif que s'est fixé Airbus de livrer au premier semestre 2014 le premier exemplaire de son nouveau long-courrier A350 est "serré mais il reste réalisable", a déclaré cette semaine le directeur du programme au sein du groupe européen. L'A350 doit concurrencer le Boeing 787 "Dreamliner" et le B777. Airbus avait qualifié la semaine dernière de "très ambitieux" le programme A350, évalué à 11 milliards d'euros, lors de la présentation de ses résultats trimestriels. Didier Evrard, vice-président exécutif d'Airbus chargé du programme, a souligné que les défis immédiats à relever incluaient la construction de la première "cellule" de l'appareil, destinée uniquement à subir des tests au sol, et la gestion de la chaîne d'approvisionnement pour l'adapter à la montée en charge de la production. "Pour ce qui est des fournisseurs, il sont raisonnablement en forme. Ils ont tous des points forts et des points moins forts, mais nous devons surveiller la situation financière", a-t-il ajouté. Airbus a récemment racheté l'un de ses fournisseurs allemands pour prévenir d'éventuelles perturbations dans son approvisionnement en composants. Didier Evrard s'exprimait lors d'une série de présentations techniques. L'assemblage du premier A350 destiné à voler doit commencer durant l'été. Airbus propose en Amérique des sièges extra-larges pour obèses Airbus propose aux compagnies américaines d'équiper ses monocouloirs A320 de sièges extra-larges pour obèses qui rapporteraient plus, a déclaré cette semaine une directrice de marketing de l'avionneur européen. Dans ses campagnes de vente, Airbus profite de ce que l'A320 est plus large que son concurrent, le 737 de Boeing, pour proposer plusieurs configurations, dont une qui permet d'installer deux sièges larges de 20 pouces (50,8 cm) de part et d'autres du couloir, et de les faire payer plus cher. Ces sièges ne conviennent pas seulement à des obèses, a souligné la directrice du marketing pour les intérieurs de cabine, Zuzana Hrnkova. Les mamans avec enfants sont peut-être prêtes à payer un peu plus pour garder leur bébé sur les genoux, et l'offre peut aussi accommoder les grosses carures des joueurs de football américain. Nous avons quelques clients très intéressés, a-t-elle assuré. Les compagnies américaines nous ont demandé comment elles pouvaient tirer profit de cette largeur supplémentaire de la cabine et nous avons eu cette idée, a-t-elle déclaré. Dans un prospectus, le constructeur chiffre à 3 millions de dollars sur 15 ans les revenus supplémentaires que rapporterait cette formule d'un tiers de sièges extra-larges. Le projet a été présenté pour la première fois sur un salon professionnel à la fin du mois de mars, et Airbus n'a pas encore trouvé de client pour cette configuration, qu'il propose en partenariat avec la société américaine B/E aerospace, un leader mondial des aménagements de cabine. L'avionneur européen propose normalement une configuration de trois sièges de 18 pouces (45,7 cm) de large de chaque côté du couloir de l'A320. Les deux sièges de 20 pouces peuvent être proposés en ramenant la largeur des autres sièges de la rangée à 17 pouces (43 cm), soit la largeur normale des sièges du Boeing 737. La compagnie peut aussi préférer conserver des sièges de 17 pouces pour élargir le couloir, afin d'éviter les bouchons à l'embarquement et au débarquement des passagers, et mieux utiliser l'appareil avec une rotation supplémentaire par jour, a expliqué Mme Hrnkova. Les sièges de 18 pouces sont déjà un progrès pour le confort des passagers forts. En effet, selon elle, les statistiques montrent que cette largeur permet d'accommoder 16% de la population dont l'indice de masse corporelle est de 25, le seuil du surpoids selon l'Organisation mondiale de la santé. Un tiers de la population des Etats-Unis est considérée comme obèse. L'obésité progresse aussi dans d'autres régions du monde, comme l'Europe et le Golfe. Seules les compagnies américaines ont jusqu'à présent exprimé ce besoin, a indiqué la directrice.