Suite à une forte demande de modernisation des infrastructures que l'on observe actuellement dans l'ensemble du pays, tout porte à croire que le secteur du BTP algérien proposera cette année, toute une série d'importants projets à des entreprises algériennes et internationales. Le gouvernement est de plus en plus conscient de la nécessité de faire en sorte que les entreprises locales, notamment les entreprises de travaux publics, les cabinets d'architectes et de consultants en conception architecturale ainsi que les sociétés d'ingénierie, se voient donner une chance lors des processus d'appel d'offres. Alors que certains contrats d'ingénierie sont généralement attribués à des partenariats, comme dans le cas de Cosider et Dywidag, les autorités algériennes ont débloqué des fonds publics à destination des entreprises locales de BTP, permettant à celles-ci de s'impliquer davantage dans les projets de développement du pays. La Société de Gestion des Participations de l'Etat Travaux Publics (SGP SINTRA) a pour mission de faciliter l'accès au financement de plus de 50 entreprises, parmi lesquelles on trouve des bureaux d'étude, des laboratoires de contrôle des travaux et des entreprises de travaux publics, en les faisant bénéficier d'avantages fiscaux et d'une bonification des crédits bancaires lorsqu'elles répondent à des appels d'offre pour des contrats de travaux publics. Parmi les autres initiatives que connait le secteur du BTP, citons également la création d'une Ecole Nationale de l'Habitat. Ce nouveau centre de formation sera principalement chargé de développer les compétences des employés locaux du secteur, et ce dans toutes les missions liées au bâtiment. Cet établissement public s'attèlera tout particulièrement au développement des compétences d'ingénierie, des connaissances et de l'expertise. L'architecture, l'aménagement des espaces urbains et l'urbanisme figurent également au programme de l'institut de formation, l'objectif général étant l'amélioration de la gestion et du suivi des plans d'aménagement et d'urbanisme. En Algérie, ce sont le secteur de l'électricité, le secteur hydraulique et celui du transport urbain qui fourniront le plus de travail aux entreprises de BTP. Début avril, la Société nationale d'électricité et du gaz, Sonelgaz, a annoncé qu'elle prévoyait d'investir jusqu'à 30 milliards de dollars pour produire 1200 MW d'électricité supplémentaires par an d'ici 2020. Ces projets sont nécessaires pour répondre à une demande croissante en électricité. D'après Noureddine Boutarfa, PDG de Sonelgaz, la demande augmente au rythme de 10% par an, avec des pics de consommation pendant les mois d'été. Ce projet d'investissement vient renforcer les programmes déjà en cours de Sonelgaz pour faire face à la demande, tel que son programme de 80 milliards de dollars qui permettra de fournir 21 000 MW d'énergie d'origine renouvelable - soit 40% de la production totale- entre 2011 et 2030. Cet investissement massif dans de nouvelles centrales électriques fait partie d'un programme d'investissement plus large en Algérie, à savoir le plan quinquennal 2010-2014, qui suscite un fort intérêt de la part des entreprises dans le monde entier. Grâce à cette intensification des activités, le secteur algérien du BTP devrait, d'après le cabinet de conseil Business Monitor International, afficher en 2012 une croissance de 5,5% en glissement annuel et générer jusqu'à 21,7 milliards de dollars. S'exprimant lors d'une conférence à Casablanca début mars, Faycal Reda Laraba, directeur de l'Algerian Energy Company (compagnie algérienne de l'énergie, AEC), a annoncé que des manifestations d'intérêt concernant trois nouvelles usines de dessalement seraient publiées d'ici fin 2012. Ces usines, situées à El Tarf, Oued Sebt et Bejaia, auront chacune une capacité de 100 000 mètres cube d'eau par jour (m⊃3;/jour). Ces nouvelles usines font partie d'un vaste programme de création de nouvelles usines de dessalement à travers le pays d'ici 2015. Au total, ce sont 11 usines qui devraient voir le jour, grâce à des financements privés, avec une capacité totale de 1,91 millions de m⊃3;/jour. Jusqu'à présent, l'AEC a fait appel à des entreprises privées pour construire les usines dans le cadre de contrats de concession de type " construction-propriété-transfert ". Bien que le gouvernement algérien se soit tourné vers le secteur privé pour assurer le financement et la construction de ces projets d'infrastructure, il a également pu compter sur d'autres partenaires pour accéder à des fonds, tel que l'UE. Par exemple, en juillet 2011, l'UE a alloué la somme de 30 millions d'euros au programme algérien d'assainissement de l'eau (EAU II). Le programme est financé à hauteur de 75% par l'UE tandis que la contribution du gouvernement algérien s'élève à 13,06 millions de dollars. Des travaux d'infrastructure sont également en cours, en particulier à Alger où de nombreuses améliorations sont prévues. Un budget de 2,6 milliards de dollars a été attribué pour la modernisation de l'infrastructure de la ville. En première ligne de ces projets de développement se trouvent des entreprises internationales qui ont remporté des marchés soit séparément soit en formant des joint ventures avec des entreprises locales. C'est le cas par exemple du groupe algérien de BTP Cosider et des Allemands de Dywidag qui réalisent ensemble une extension de 4 kms de la ligne 1 du métro d'Alger, entre Hamma et Hai El Badr. Mais si de nombreuses multinationales ont manifesté leur intérêt économique dans le pays en répondant à des appels d'offre dans le cadre du programme d'investissement, le ministère algérien des travaux publics et les entreprises nationales devraient aussi tirer profit de ces projets. Toutefois, si le gouvernement souhaite voir les entreprises locales endosser un rôle plus actif dans les projets d'ingénierie complexe, il est également soucieux de trouver un équilibre entre ce soutien et la nécessité de tenir les délais de construction des infrastructures du pays. Les grands chantiers dans les secteurs de l'eau, de l'électricité et du transport, qu'ils soient au stade de projet ou en cours, sont déjà synonymes pour les entreprises internationales d'immenses opportunités. Le soutien financier que l'état apporte aux entreprises locales qui répondent aux appels d'offre et la création d'un institut de formation de l'habitat devrait entraîner une plus grande participation des acteurs nationaux, entreprises, ouvriers et ingénieurs, au Plan Quinquennal tout en munissant ceux-ci de compétences indispensables pour l'avenir.