L'étude d'impact sur la biodiversité des forages exploratoires prévus par le pétrolier Shell au large des côtes de Guyane, mais actuellement suspendus, est minimale et n'envisage pas le risque d'une pollution majeure, a dénoncé cette semaine l'ONG Robin des bois. L'étude d'impact du cabinet Creocean (commandé par Shell) aborde exclusivement le fonctionnement normal des forages, souligne l'ONG qui a pu consulter le texte. Et quoique minimale, l'étude de Shell/Creocean démontre que même si tout se passe bien, ça se passera mal pour un environnement marin fragile, productif et peu pollué, ajoute l'ONG qui a passé au crible les données fournies par l'étude. Alors que quatre forages ultra-profonds sont prévus à 150 km au large de Cayenne, le premier devait, selon l'ONG, atteindre 1 970 m jusqu'au fond de la mer et plus de 4 330 m sous les sédiments marins. Le document du cabinet d'étude parle bien d'une faune benthique (marine) riche diversifiée et largement répandue, selon l'ONG, mais n'évoque pas les conséquences dramatiques des rejets inévitables des déblais en mer. Shell n'a pas prouvé sa capacité à stopper rapidement et à confiner une marée noire accidentelle, dénonce Robin des bois dans un communiqué. La compagnie pétrolière n'a pas trouvé d'autre moyen que de rejeter en mer ses déchets liquides et solides d'exploration et de pompage expérimental, note l'ONG. Elle souligne que, dans l'attente de la preuve de la faisabilité d'autres solutions plus écologiques, la seule option pour le gouvernement français est de confirmer la +remise à plat+ des permis Shell en Guyane. L'ancien ministre de l'Ecologie Nicole Bricq avait annoncé la semaine dernière cette remise à plat qui a alimenté une multitude d'interprétations sur ce sujet à fort enjeu économique et écologique. Pour un seul forage la première phase dispersera autour de la tête de puits 200 tonnes de déblais et l'auréole de contamination sera visible jusqu'à 500 mètres, selon l'ONG. Les prochaines phases donneront ensuite lieu à des lâchers successifs depuis le navire de forage de plusieurs centaines de kilos de déblais et fluides usagés, avec des contaminants comme le baryum, le mercure et le plomb. Selon l'étude d'impact la quasi totalité de ces polluants sera uniformément répartie sur les fonds de l'océan et ne se dispersera pas dans la colonne d'eau, précise l'ONG. Mais, insistent les écologistes, cette pollution nuira à l'état sanitaire et aux capacités de reproduction des poissons, crevettes (dont la Guyane est une grande exportatrice) des mammifères marins, tortues et des oiseaux de mer comme l'albatros à bec jaune qui est en voie d'extinction. Sans oublier les émissions lors les essais de pompage, prévus sur 5 jours, de l'équivalent journalier en CO2 de 265.000 voitures, soit 2.300 tonnes, note l'ONG qui compare cela aux 155t/jour de CO2 émises par les voitures à Cayenne. S'y ajoutent le soufre et les métaux lourds émis par la torchère du navire de forage, non quantifiées par l'étude d'impacte, selon les écologistes.