Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, M. Mohamed Benmeradi, a indiqué, hier, que "toutes les conditions sont réunies" pour lancer la construction de voitures en Algérie. "Aujourd'hui, je peux vous confirmer que toutes les conditions sont réunies, ou en cours de mise en œuvre, pour lancer une construction d'automobiles en Algérie (...). La fin de l'année 2012 constituera, nous l'espérons, la date de démarrage effectif du développement de l'industrie automobile en Algérie", a-t-il souligné. M.Benmeradi a toutefois précisé que l'Algérie ne se contentera pas seulement de produire des véhicules destinés au marché local mais envisage aussi d'exporter une partie de sa production, qui se fera en partenariat avec "un grand constructeur". Il a souligné à ce propos que "même si le gros de la production est destiné au marché local, une partie des produits devra être, à terme, destinée à l'exportation. Pour cela, il faut aussi exiger que les véhicules soient fabriqués avec le label d'un grand constructeur". M. Benmeradi a déploré le fait que l'Algérie importait annuellement plus de 400.000 véhicules de marques différentes, d'un coût global supérieur à 4 milliards de dollars, "sans qu'il n'y ait aucune contrepartie" ou impact économique au niveau local. Il relèvera un plus loin qu'il est nécessaire et urgent de satisfaire le marché local par une production nationale qui pourrait permettre un début de réduction de la facture des importations et la création de 15.000 à 20.000 emplois en amont et en aval du projet véhicules particuliers. Pour ce qui est des raisons qui entravent la réalisation d'une usine de construction de voitures en Algérie, qui a entamé dès 1970 le montage de véhicules industriels, le ministre a estimé que ce phénomène est dû notamment à l'absence des conditions nécessaires au développement d'un réseau de sous-traitants locaux conforme aux standards internationaux. Il précisera à ce propos que "tous les constructeurs automobiles exigent la disponibilité d'un réseau de sous-traitants locaux suffisants et répondant aux standards internationaux". M. Benmeradi a expliqué cependant que la faiblesse de la demande au niveau du marché nationale durant la période post-indépendance et l'absence d'un partenaire disposé à venir investir en Algérie pour produire des véhicules, ont freiné l'émergence d'une industrie automobiles en Algérie. Il a estimé à ce sujet qu'"outre le fait que la demande du marché était très faible, il fallait trouver un partenaire qui accepte d'investir en Algérie en partenariat avec des nationaux, pour produire une gamme de produits de standard international et sous le label du partenariat". Pour le ministre, les processus de production de véhicules industriels sont très différents de ceux pour la fabrication de voitures. Il a cité, dans ce sens, l'exemple du niveau des volumes de production qui sont de 20 à 400 fois plus importants pour les véhicules particuliers par rapport aux véhicules industriels. Le ministre de l'Industrie a par ailleurs assuré que le projet de fabrication de véhicules en négociation depuis 15 mois avec le constructeur français Renault "ne portera aucunement sur une activité de montage en tant que finalité". Le futur partenariat avec Renault est un projet véhicules particuliers intégré qui permettra une intégration au niveau du site de production (intégration verticale), mais aussi une intégration à l'extérieur du site de production (intégration horizontale) de pièces et de composants divers au niveau du réseau de sous-traitants locaux (privés et publics) à développer, estime-t-il encore. " L'activité montage, a-t-il ajouté, "ne sera pas donc qu'une phase d'apprentissage, mais elle ne constitue en aucune manière une finalité ", argumente le ministre. Selon lui, la mise à niveau des sous-traitants algériens choisis pour prendre part au projet Renault a été déjà entamée avec le concours du constructeur français. Cette mise à niveau permettra à terme d'atteindre des niveaux d'intégration des véhicules particuliers dans le nouveau projet avec Renault de 60%, a estimé le ministre. La stratégie de mise à niveau connaît, "un élargissement" grâce à la participation de l'ensemble des constructeurs qui réalisent des partenariats industriels en Algérie à l'image de Daimler, Liebherr, Deutz, ou MTU. Soutenir un nombre d'entreprises nationales activant dans des filières à forte valeur ajoutée Sur un tout autre registre, M.Benmeradi a laissé entendre que la stratégie de relance industrielle engagée par l'Etat consiste notamment à soutenir un nombre d'entreprises nationales activant dans des filières à forte valeur ajoutée pour en faire un levier au développement des PME. "Pour ce faire, dira-t-il, nous œuvrons pour faire émerger un certain nombre de grandes entreprises performantes publiques et privées notamment dans certaines filières que nous considérons comme stratégiques. Ces grandes entreprises permettront de développer un tissu de PME dynamiques", a expliqué le ministre. D'autre part, il a estimé que la relance de l'industrie en Algérie exige à la fois la contribution des entreprises privées et publiques dans le cadre d'une nouvelle organisation du secteur. Ainsi, la relance de l'industrie "ne peut être le seul fait du secteur privé. Le secteur public marchand peut servir de locomotive pour initier et encadrer des actions de promotion et d'expansion industrielles". Le ministre a assuré, cependant, que l'expérience industrielle acquise par l'Algérie depuis plusieurs décennies lui confère "un avantage comparatif inégalé par rapport aux pays à structure économique similaire". Pour le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, le secteur industriel demeure le moyen le plus puissant pour que l'Algérie réussisse son intégration dans l'économie mondiale et devenir ainsi un pays émergent et une puissance régionale. "Il s'agit de se mobiliser pour impulser la croissance industrielle prévue à court et à moyen termes et la pérenniser dans le temps", a-t-il recommandé. Toujours selon M. Benmeradi, l'avenir du secteur industriel algérien est tributaire de sa capacité à relever certains défis majeurs, à savoir la mise à niveau technologique des entreprises, l'institution de mécanismes de concertation intersectorielle et l'engagement d'une démarche de valorisation des matières premières nationales et leur industrialisation. La réussite de cette stratégie de développement de l'industrie nécessite, a-t-il dit, "la mise en place d'une nouvelle organisation du secteur, dont la réhabilitation doit redevenir un enjeu national auquel toutes les parties prenantes doivent pouvoir apporter leur contribution". "Il s'agira pour nous de mettre à niveau nos entreprises, d'améliorer leur compétitivité industrielle et de bâtir une industrie innovante, pourvoyeuse de valeur ajoutée, créatrice de richesses et d'emplois, et garante d'une économie compétitive peu dépendante des hydrocarbures".