Le 3e Sommet Amérique du Sud-pays arabes (Aspa) qui s'ouvre, demain, à Lima vise à consolider le dialogue politique mais surtout la coopération économique entre deux blocs géographiquement éloignés mais unis par un intérêt commun: l'ouverture de nouveaux marchés. Nous ne sommes pas forts, notre présence dans le monde arabe est encore minime mais notre potentiel est énorme, a assuré le ministre du Commerce extérieur péruvien José Luis Silva, faisant miroiter une ère de prospérité à l'Aspa, qui comprend les pays membres de la Ligue arabe et de ceux de l'Unasur, l'Union des nations d'Amérique du Sud. Etant donné les turbulences internationales, l'Europe qui décroit et les Etats-Unis qui stagnent, il existe un consensus entre pays latino-américains pour aller au-devant de nouveaux marchés, a t-il dit dans une conférence de presse. Le chef de l'Etat péruvien Ollanta Humala, président d'un pays dopé par une croissance record, et hôte de la rencontre au bord du Pacifique, estime également qu'il existe actuellement un climat très propice aux investissements où le monde arabe peut voir que l'Amérique latine présente les meilleures conditions d'investissements. Le Pérou a beaucoup oeuvré sur le plan diplomatique pour que ce Sommet, le troisième après ceux de Brasilia en 2005 et Doha en 2009, puisse avoir lieu. Initialement prévu en février 2011, il avait été repoussé en raison des événements du printemps arabe. Le bain de sang en Syrie ou la vague de protestations suscitée dans le monde musulman par un film américain anti-islam ont fait craindre un nouveau report. Néanmoins, si 20 des 32 membres de l'Aspa seront bien représentés, seuls cinq chefs d'Etat arabes feront le voyage de Lima: le président du Liban Michel Sleimane, le président palestinien Mahmoud Abbas, l'Emir du Qatar cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, le président tunisien Moncef Marzouki et le roi de Jordanie, Abdallah II. Pour l'Amérique du Sud seront présents les présidents Juan Manuel Santos (Colombie), Sebastián Piñera (Chili), Rafael Correa (Equateur), José Mujica (Uruguay), Donald Ramotar (Guyane), Cristina Kirchner (Argentine), Dilma Rousseff (Brésil). Le président Hugo Chavez, dans la dernière ligne droite de la campagne électorale au Venezuela, sera représenté par son ministre des Affaires étrangères Nicolas Maduro. Deux pays manqueront à l'appel: la Syrie, suspendue par la Ligue Arabe et le Paraguay par l'Unasur. Le Sommet doit se dérouler en deux temps, avec une première journée lundi consacrée à des réunions bilatérales entre délégations arabes et sud-américaines et une conférence réunissant quelque 400 entrepreneurs et hommes d'affaires de l'Aspa. La présidente du Brésil Dilma Roussef notamment devrait y prendre la parole. Le Brésil, dont l'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a été un des promoteurs de l'Aspa, fort d'une importante communauté d'origine arabe de 12 millions de personnes, se taille la part du lion dans ses échanges avec le monde arabe. Ceux-ci ont plus que triplé depuis le premier Sommet à Brasilia et ont atteint, selon la Chambre de Commerce arabo-brésilienne, plus de 25 milliards de dollars en 2011. Mardi, se tiendra le Sommet des chefs d'Etat, essentiellement à huis clos et qui devrait se conclure par la déclaration de Lima sur laquelle planchent déjà les ministres des Affaires étrangères des pays participants, à New York, en marge de l'assemblée générale des Nations unies. Selon une source diplomatique, la déclaration devrait évoquer notamment la situation en Syrie et inclure une condamnation du terrorisme et de la violence religieuse, ethnique et raciale. Deux jours fériés ont été décrétés et les Liméniens invités à profiter du long week-end pour faire du tourisme, par mesure de sécurité, mais aussi pour réduire la circulation dans la mégalopole notoirement chaotique de 8 millions d'habitants.