La Banque centrale australienne a annoncé, hier, avoir abaissé son principal taux directeur de 0,25 point, à 3,25%, afin de soutenir une économie affectée par la crise de la zone euro, le ralentissement chinois et la chute des cours miniers qui pèse sur ses comptes nationaux. La Banque d'Australie (Reserve Bank of Australia, RBA) aura diminué le loyer de l'argent de 1,5 point depuis l'automne 2011 après les corrections de 25 points de base en juin, 50 points en mai, et 25 points en décembre et novembre dernier. "L'incertitude concernant les perspectives (économiques dans le monde) est plus grande qu'il y a quelques mois", a plaidé le gouverneur de la RBA, Glenn Stevens, qui estimait encore en septembre que l'Australie pouvait supporter un taux de 3,50% et que les précédents ajustements avaient pleinement joué leur rôle. "L'activité économique en Europe se contracte, tandis que la croissance américaine demeure modeste. De façon générale, en Asie la croissance est freinée par l'expansion plus modérée de la Chine et la faiblesse des économies européennes", a-t-il dit. L'abaissement du taux d'escompte australien a fait reculer le dollar australien à 1,0320 dollars contre 1,0369 dollars avant l'annonce de la RBA. Glenn Stevens a souligné que si la croissance australienne reste vigoureuse (3,7% au deuxième trimestre), profitant des sommes considérables investies dans l'extraction minière et d'une bonne tenue de la consommation, le pays devait se préparer à un contrecoup annoncé pour 2013. "Le pic des investissements dans l'extraction des matières premières devrait survenir l'an prochain, peut-être à un niveau inférieur à ce qui était auparavant attendu", a-t-il prévenu. "A l'approche de ce pic, il sera important de voir confirmé le renforcement prévu d'autres agents de la demande" alors que le marché de l'emploi montre des signes inquiétants, selon lui. Le taux de chômage a baissé en août et son niveau (5,1%) est très enviable au regard des difficultés rencontrées dans un certain nombre d'économies développées. Il n'en reste pas moins qu'il masque une lente détérioration de la situation de l'emploi liée au ralentissement chinois, le nombre des destructions d'emploi étant supérieur à celui des créations. L'économie australienne bénéficie depuis plusieurs années de la forte demande des pays émergents, Chine en tête, pour les matières premières dont elle est une grande productrice et exportatrice.Elle est ainsi le seul grand pays occidental à avoir échappé à la récession en 2008. Mais son secteur minier est confronté à l'érosion des cours (minerai de fer, charbon) corrélée à l'atonie de la conjoncture internationale et au ralentissement de l'activité en Chine, première consommatrice mondiale d'énergie et principal partenaire commercial de l'Australie. D'autre part la vigueur du dollar australien pèse sur d'autres pans de son économie, notamment le tourisme et le secteur manufacturier. Au total, a fait valoir Glenn Stevens, "le directoire de la RBA a jugé pertinent d'imprimer à la politique monétaire une orientation un peu plus accommodante".