La Banque asiatique de développement (BAD) a réduit, hier, ses prévisions de croissance pour la plupart des économies émergentes d'Asie en 2012 et 2013, du fait du ralentissement de la demande mondiale qui pèse sur leurs exportations. Première concernée, la Chine voit sa prévision de croissance abaissée de près d'un point à 7,7% pour cette année, contre 8,5% auparavant. La prévision pour 2013 passe, elle, de 8,7% à 8,1%. La BAD, dans son rapport, souligne que les risques vont croissant pour la deuxième économie mondiale, lourdement tributaire du commerce international. Mais elle estime que le pays a les moyens d'éviter un atterrissage brutal. "La baisse de la demande, notamment en provenance d'Europe, constitue un frein sérieux pour la croissance sur le court terme", explique Changyong Rhee, économiste en chef de la BAD. "Cela dit, le gouvernement a les moyens d'en limiter l'impact sur l'économie. Sa position financière solide, la décrue de l'inflation et les mesures d'expansion monétaire devraient permettre un atterrissage en douceur, mais il faut parallèlement intensifier les efforts pour diversifier les sources de croissance et renforcer la demande intérieure". La croissance forte, c'est fini Illustration du ralentissement chinois, l'indice des directeurs d'achat pour les services, publié hier, à reculé à 53,7 en septembre, au plus bas depuis novembre 2010, contre 56,3 le mois précédent. Selon la BAD, l'Asie émergente doit maintenant se préparer à connaître une période prolongée d'expansion modérée après des années de forte croissance. Sa prévision globale pour la croissance des 45 pays asiatiques en développement - allant de l'Asie centrale aux îles du Pacifique - a été ramenée à 6,1% pour 2012, contre 6,9% dans ses estimations précédentes, et 6,7% pour 2013 au lieu de 7,3%. En 2011, leur croissance avait été de 7,2%. Comme pour la Chine, la Banque asiatique de développement recommande une diversification des moteurs de la croissance régionale et souligne que le secteur des services, en plein essor en Inde et aux Philippines, devrait être encouragé comme moyen de soutenir la croissance intérieure et équilibrer un affaiblissement de la demande extérieure. Les deux principaux risques pesant sur la croissance régionale, prévient la BAD, se trouvent dans la zone euro, où se prolonge la crise des dettes souveraines, et aux Etats-Unis, où se profile le "mur budgétaire" (une série de hausses des charges et des impôts et de coupes automatiques dans les dépenses publiques qui entreront en vigueur au 1er janvier sans un accord entre le Congrès et la Maison blanche). Pour l'Inde, deuxième économie émergente d'Asie, la Bad a ramené sa prévision 2012 à 5,6% au lieu de 7,0% auparavant.