La banque américaine Morgan Stanley a révisé, hier, à la baisse ses prévisions de croissance 2012 pour l'Asie, en raison de l'impact de la crise de la dette en zone euro et du ralentissement de la demande intérieure. La région Asie, hors Japon, devrait afficher un taux de croissance de 6,9% en 2012, estiment désormais les économistes de Morgan Stanley, qui prévoyaient jusqu'à présent une hausse de 7,3% du Produit intérieur brut (PIB). C'est la deuxième fois en trois mois que Morgan Stanley révise à la baisse ses prévisions de croissance pour l'Asie. Depuis août 2011, date des dernières estimations, "nous sommes restés constamment soucieux des risques pesant" sur l'économie de la région, soulignent les économistes de la banque dans un rapport. "En plus de preuves supplémentaires sur un ralentissement de la demande intérieure, l'environnement extérieur en Europe nous a rendu encore plus préoccupés", ajoutent-ils. L'Europe se débat depuis plusieurs mois dans la crise de l'endettement de plusieurs pays, dont la Grèce, l'Espagne et l'Italie, avec des risques de contagion à d'autres membres de la zone euro. La semaine dernière, les dirigeants français et allemand Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont estimé qu'un "écroulement de l'Italie amènerait inévitablement à la fin de l'euro", avait indiqué vendredi le gouvernement italien. Dans son rapport, Morgan Stanley indique que les économies asiatiques vont probablement prendre "des mesures de politique budgétaires ciblées" et continuer de baisser leurs taux d'intérêt afin de doper la demande intérieure. La banque table sur des baisses de taux "limitées" en Inde, Indonésie, Corée du Sud, Malaisie et Thaïlande l'année prochaine. Les pays de la région les plus dépendants des exportations (Hong Kong, Singapour, Taïwan, Malaisie, Corée du Sud et Thaïlande), seront logiquement les plus exposés à une aggravation des conditions économiques mondiales, a ajouté Morgan Stanley. Mais même les pays disposant d'un vaste marché intérieur (Chine, Indonésie, Inde) "ne pourront pas échapper" aux conséquences de cet environnement extérieur dégradé, ajoute-t-elle. Dans son rapport semestriel mensuel publié la semaine dernière, la Banque mondiale avait livré un diagnostic similaire. Elle avait prévenu que la crise européenne freinait la croissance des pays émergents d'Asie orientale, dont beaucoup dépendent de leurs exportations, mais que la Chine les préservait d'un coup de frein brutal.