Le conseil de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) va prendre acte aujourd'hui d'une absence de progrès dans le dossier nucléaire iranien, un constat amer un an après le sévère rapport de l'agence sur Téhéran qui avait provoqué un redoublement à la fois du dialogue et des sanctions. Les délégations des trente-cinq pays membres du conseil des gouverneurs vont débattre à huis clos pendant deux jours au siège de l'agence des Nations Unies, située à Vienne. Les conclusions du rapport sur l'Iran que leur a transmis le directeur général Yukiya Amano mi-novembre sonnent familières. Faute de pleine coopération des autorités iraniennes, l'agence n'est pas en mesure de conclure que tous les matériaux nucléaires en Iran sont utilisés à des fins pacifiques, écrit le Japonais. L'agence s'inquiète depuis 2002 de la possible existence - systématiquement niée par l'Iran - d'activités nucléaires impliquant des organisations militaires, notamment des activités liées au développement d'une ogive nucléaire de missile, rappelle-t-il. Le rapport de novembre 2011 avait dressé une liste d'éléments présentés comme crédibles indiquant que l'Iran avait travaillé à la mise au point de l'arme atomique avant 2003, et peut-être ensuite. Pressé d'éclaircir l'ensemble des questions soulevées dans ce document, l'Iran a rencontré à plusieurs reprises cette année les responsables de l'agence pour mettre au point les modalités de vérification des points incriminés, mais sans résultat concret. Une nouvelle réunion est prévue le 13 décembre, dont l'issue est difficile à prévoir, a récemment déclaré Yukiya Amano, devenu particulièrement prudent depuis qu'il avait annoncé en mai, après un voyage à Téhéran, la signature prochaine d'un accord qui n'est jamais venue. Dans son nouveau rapport, l'AIEA a annoncé que l'Iran était parvenu à terminer l'équipement de son site d'enrichissement d'uranium souterrain de Fordo, malgré les sanctions sans précédent dont il fait l'objet, notamment de la part de l'Union européenne et des Etats-Unis. La plus sévère est l'embargo pétrolier entré officiellement en vigueur en juillet. Si le pays a augmenté ses capacités, le nombre de centrifugeuses en fonctionnement et donc la production reste toutefois stable. Le pays enrichit de l'uranium jusqu'à 5% et 20% dans ce site proche de la ville sainte de Qom (centre) pour produire de l'électricité et des isotopes médicaux. Les grandes puissances craignent néanmoins que l'Iran pousse l'enrichissement au niveau nécessaire pour fabriquer l'arme atomique (soit 90%), ce qui l'Iran dément. L'agence a par ailleurs renouvelé ces accusations selon lesquelles le pays serait en train d'effacer des traces d'activités compromettantes sur le site militaire de Parchin, où elle le soupçonne d'avoir procédé à des tests d'explosion conventionnelle applicable au nucléaire. La République islamique -qui nie de nouveau toute activité illicite- lui a jusqu'ici refusé l'accès à la base. Il est impossible de nettoyer des activités nucléaires sans laisser de traces, a récemment indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast, jugeant les accusations de l'agence inappropriées. Un incident à la centrale nucléaire de Bouchehr rapporté dans le rapport -un déchargement de carburant du réacteur, qui a causé sa fermeture- a aussi suscité quelques interrogations. Il s'agit d'une procédure technique normale, a indiqué le représentant iranien auprès de l'AIEA Ali Asghar Soltanieh, mais plusieurs diplomates ont exprimé leur inquiétude sur les conditions de sûreté de la centrale. Malgré les préoccupations sur les activités nucléaires iraniennes, le prochain conseil ne devrait pas épingler de nouveau l'Iran dans une résolution comme en novembre 2011, et comme en septembre dernier. Après la parenthèse des élections présidentielles américaines, les efforts vont porter sur une relance de la diplomatie. La rencontre du 13 décembre de l'Iran avec l'AIEA permettra de prendre la température avant une reprise attendue du dialogue avec le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne), estiment des diplomates à Vienne. Si l'Iran écrase quelque peu l'agenda du conseil, d'autres sujets y seront abordés, comme le programme nucléaire controversé de la Corée du Nord et les soupçons d'activités illicites en Syrie.