L'Agence internationale de l'énergie atomique pourrait admettre qu'une visite du site militaire iranien de Parchin, où elle soupçonne des activités nucléaires illicites, n'a plus grande utilité après que les lieux ont été nettoyés, affirmaient, avant-hier, des diplomates. L'AIEA insiste depuis le début de l'année pour se rendre sur cette base près de Téhéran, où elle soupçonne l'Iran d'avoir procédé à des tests d'explosion conventionnelle applicable au nucléaire, mais sans succès. L'agence avait fait état dès le mois de février d'activités inhabituelles sur les lieux laissant penser que l'Iran était en train d'effacer toute trace suspecte, ce que Téhéran réfute. L'AIEA est désormais tellement frustrée par cette impasse qu'elle devrait mentionner qu'une visite à Parchin n'aurait plus grande utilité dans son prochain rapport trimestriel sur l'Iran, attendu la semaine prochaine, indique un diplomate occidental. J'attends que le rapport dise: " vous êtes à l'évidence en train de désinfecter, les images satellite le montrent et quand l'accès nous sera accordé, vous aurez modifié tellement les lieux que cela sera sans objet ", a-t-il déclaré. Nous pensons que l'intérêt d'une visite à Parchin a nettement diminué, a estimé un deuxième diplomate occidental. Il serait certainement pertinent que l'AIEA l'exprime dans son rapport, a ajouté cette source. En mai, l'AIEA avait souligné que les activités observées à Parchin étaient susceptibles d'entraver la capacité de l'agence à effectuer des vérifications efficaces.Le groupe de réflexion américain ISIS diffuse depuis plusieurs mois sur son site internet des images satellite montrant des activités sur les lieux semblant être le résultat d'une désinfection. Les dernières images publiées par le site montrent le bâtiment où l'AIEA soupçonne l'Iran d'avoir procédé aux tests, recouvert d'une bâche de couleur rose, qui servirait, selon les diplomates, à empêcher les satellites d'observer ce qui s'y passe. Le site de Parchin a été mentionné par l'agence dans son sévère rapport de novembre, où elle a présenté des éléments indiquant que le pays avait travaillé à la mise au point de l'arme atomique avant 2003. L'Iran a rejeté les accusations, jugeant le rapport falsifié et politisé. Echec à Vienne L'AIEA et l'Iran ont sans surprise échoué la veille à conclure un accord visant à donner à l'agence un accès plus large à des sites considérés suspects, à l'occasion de la reprise de leurs discussions sur le nucléaire iranien. Après l'échec de plusieurs réunions similaires plus tôt dans l'année, les attentes étaient très modestes concernant cette nouvelle rencontre à Vienne, le chef de l'AIEA Yukiya Amano déclarant même dès mercredi ne pas être optimiste sur son issue. Le chef des inspecteurs Herman Nackaerts n'a pu que constater l'échec annoncé. Comme lors de notre dernière réunion en juin, nous comptions finaliser un document sur une approche structurée qui est en discussion depuis plusieurs mois, a déclaré le chef des inspecteurs de l'agence Herman Nackaerts à l'issue de la réunion. Les discussions aujourd'hui ont été intensives, mais des divergences importantes demeurent entre l'Iran et l'agence qui ont empêché la conclusion d'un accord, a-t-il précisé, ajoutant qu'aucune nouvelle réunion n'était prévue. L'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA Ali Asghar Soltanieh a, comme à son habitude, présenté les choses sous un jour plus positif. Nous avons été en mesure de réduire certains fossés et de nous rapprocher, a-t-il déclaré. Bien sûr, il y a quelques différences, mais le processus continu. L'important est que ce processus va continuer, a-t-il assuré. L'AIEA et l'Iran avaient repris leurs entretiens après plus de deux mois d'interruption. Elle veut obtenir un accord sur ce qu'elle appelle une approche structurée visant à résoudre toutes les questions en suspens relatives au programme nucléaire iranien. L'enjeu pour l'AIEA consiste à vérifier tous les points soulevés dans son sévère rapport de novembre, où, pour la première fois en plus de huit ans d'enquête sur l'Iran, elle présentait des éléments indiquant que le pays avait travaillé à la mise au point de l'arme atomique avant 2003, et peut-être ensuite. C'est dans ce cadre qu'elle veut obtenir un accès sans condition à des sites (comme la base militaire de Parchin), documents ou scientifiques permettant selon elle d'éclaircir la nature du programme nucléaire de Téhéran. Les Occidentaux et Israël accusent la République islamique de mener clandestinement, sous couvert d'un programme nucléaire civil, des activités visant à se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément formellement. Dans son rapport trimestriel sur l'Iran attendu la semaine prochaine, l'AIEA devrait annoncer que le pays continu à étendre ses activités nucléaires malgré les sanctions internationales sans précédent dont il est l'objet. Selon plusieurs sources diplomatiques, l'AIEA devrait préciser dans ce rapport que l'Iran a installé de nouvelles centrifugeuses dans son site souterrain de Fordo (centre), où il enrichit de l'uranium jusqu'à 20% de pureté, mais sans qu'elles soient encore toutes entrées en production. Pour améliorer son travail de vérification en Iran, l'agence pourrait aussi annoncer la constitution d'unité spéciale d'experts, affirme un diplomate occidental sous couvert d'anonymat. L'enrichissement d'uranium est au cœur des préoccupations des grandes puissances, car purifié jusqu'à 90%, il peut être utilisé dans la fabrication de l'arme nucléaire. Il est aussi le principal point d'achoppement des discussions diplomatiques entre l'Iran et le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et l'Allemagne). Téhéran affirme enrichir l'uranium uniquement dans le but de produire de l'électricité et des isotopes médicaux, utilisés dans le diagnostic de certaines maladies comme le cancer.