La menace d'invasion du criquet pèlerin en Algérie a été écartée pour la phase printanière, mais la vigilance reste de mise pour la saison estivale au niveau de l'extrême sud du pays, ont indiqué, avant-hier à Alger, les membres du Comité interministériel de lutte antiacridienne (CILA). "La menace a été écartée pour la phase printanière. Le plus gros a été traité au niveau de Bechar et cela a empêché le criquet de progresser vers les zones agricoles du Nord, notamment celles des Hauts-Plateaux et du nord du Tassili", a affirmé Mohammed Lazar, chef de département de lutte antiacridienne à l'Institut national de protection des végétaux (INPV). Plus de 20 000 hectares ont été traités depuis le mois de mars au niveau de Bechar (sud-ouest), Tamanrasset, Illizi et Adrar, a précisé le même responsable lors d'une réunion du CILA présidée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. L'activité acridienne qu'ont connue les régions du Sud au printemps 2013 résulte des infiltrations de fragments d'essaims au mois de mars en provenance du nord de la Mauritanie, du Sahara occidental et du Maroc. Selon le bilan présenté lors de cette réunion, l'interception du criquet a été faite grâce à un dispositif "lourd" composé de 30 équipes terrestres de prospection et de 224 unités de traitement appuyées par cinq hélicoptères du ministère de la Défense nationale (MDN), qui a été déployé précocement dès le mois de février au niveau de douze wilayas sahariennes. En 2012, la superficie traitée était de 48 000 ha depuis que l'activité acridienne a commencé en janvier de l'an dernier dans la région sud-ouest du pays. Mais malgré la maîtrise de la situation, quelques infestations n'ont pas pu être traitées au niveau de la bande frontalière avec la Libye du fait des conditions sécuritaires, selon le chef de service de la lutte antiacridienne à l'INPV, Hamid Bensaad. Le retour des groupes d'essaims vers les pays du Sahel a favorisé une reproduction estivale intense au niveau du Mali, du Niger et du Tchad et le manque de traitement au niveau de certaines zones de ces pays a poussé le criquet vers le nord de la Mauritanie et le sud du Sahara occidental, ce qui a facilité leur infiltration sur le sol algérien en mars dernier. La vigilance reste de mise à l'extrême sud "Vous avez gagné deux batailles, il vous reste encore deux : celle de la saison estivale (mi-juin, juillet) et celle de la surveillance de la situation acridienne dans les pays du Sahel en prévision d'éventuelles infiltrations en automne et en hiver prochains", a noté le ministre à l'adresse des membres du CILA. Selon M. Benaïssa, "un programme particulier" a été mis en place pour la saison estivale qui va concerner les wilayas de l'extrême sud et la vigilance sera maintenue vis-à-vis de ce qui se passe dans les pays voisins et dans certaines régions comme l'Egypte, la Corne de l'Afrique et le Soudan. Le dispositif de surveillance et de lutte sera orienté à présent vers l'extrême Sud pour intercepter les individus dans le vol de retour vers les pays du Sahel afin de protéger les zones agricoles situées sur leur passage et de minimiser les infestations a posteriori. Une équipe aérienne et trois équipes terrestres seront mobilisées pour surveiller les frontières algériennes avec le Mali et le Niger. Cette prospection permettra de préparer le plan d'action du CILA pour la période automnale et hivernale. Le ministre a souligné que "la grande expérience acquise par les services algériens de lutte antiacridienne permettra aux équipes de lutte de ne pas relâcher la vigilance pour les prochaines phases". Il a salué la coordination des secteurs concernés par cette lutte notamment celui du MDN, en demandant aussi aux techniciens de l'INPV d'aider les équipes de recherche qui mènent des projets de recherche sur les moyens de lutte biologique.