Pour produire et consommer national, il faut au moins savoir produire. Ce point les autorités algériennes l'ont très bien compris. C'est pour cela qu'elles mettent met les bouchées doubles afin d'améliorer cette production. La baisse des importations va redonner du sourire aux producteurs locaux qui offriront, par la même occasion, de l'emploi aux chômeurs. Le gouvernement compte intervenir par des mesures incitatives pour relancer la production nationale et mettre en place une offre abondante qui va se substituer à l'importation, a indiqué samedi le ministre des Finances, Karim Djoudi. Le développement de la production nationale est un objectif assigné à tous les acteurs économiques, aussi bien les entreprises que les banques et institutions de régulation et d'encadrement, a soutenu M. Djoudi dans un entretien à l'APS. Pour atteindre cet objectif, les pouvoirs publics "interviennent par la mise en place de mesures incitatives et d'un dispositif de régulation et d'organisation des activités approprié", a-t- il déclaré. Le premier argentier du pays s'est abstenu cependant de dévoiler les contours du projet gouvernemental visant à freiner les importations et dont une partie de la première mouture a été révélée par la presse. Recadrage du Credoc (crédit documentaire) au profit de l'économie nationale, institution de barrières non tarifaires à l'importation, freinage de la consommation des ménages en encourageant l'épargne et les placements immobiliers sont autant de mesures évoquées dernièrement par la presse spécialisée. Si le ministre n'a pas soufflé mot sur le retour du crédit à la consommation pour encourager la production nationale, il a cependant affirmé "que l'effort de conception, d'innovation et de diversification des biens et services locaux compétitifs doit être complètement assumé par les entreprises en tant qu'acteurs économiques de premier plan". L'explosion, par ailleurs, de la facture des importations qui a atteint 46 milliards de dollars en 2012 sans compter les services, était due à la hausse des investissements publics et privés et à une forte demande de consommation locale, a expliqué le ministre. A ce propos, M. Djoudi a tenu à lever toute équivoque sur le Crédit documentaire (Credoc), précisant que ce moyen de paiement des importations, institué en 2009, n'avait pas pour vocation de réguler les volumes importés mais d'assurer la traçabilité financière des opérations du commerce extérieur. "Les instruments et les techniques usités dans les transactions de commerce international n'ont pas vocation à réguler les quantités importées. Ils n'agissent que dans le sens d'assurer la sécurité des transactions, de permettre leur traçabilité et de garantir une meilleure transparence", a-t-il dit. Concernant les critiques faites au Credoc, selon lesquelles il a gonflé les importations au lieu de les contenir et qui a profité beaucoup plus aux banques privées à travers une hausse de leurs rémunérations, M. Djoudi a indiqué qu'il a été demandé à son département d'encadrer les conditions applicables à ce moyen de paiement des importations. C'est dans ce cadre que les dispositions du dernier règlement promulgué par la Banque d'Algérie limitent les excès de rémunération pour les banques dans les opérations liées au dispositif du Crédit documentaire, a-t-il relevé. Ciment, médicaments, produits alimentaires... aucun produit ne déroge à la règle de l'importation. La production nationale pourrait alléger ces dépenses qui pèsent toujours lourds sur le dos de l'Etat.