Le Parlement russe a l'intention d'envoyer à Damas des députés de la chambre basse (Douma) pour qu'ils rencontrent leurs homologues syriens et étudient la question syrienne sur place, a déclaré le président de la Douma Sergueï Narychkine, ouvrant la discussion à la "Tribune ouverte" consacrée à la situation en Syrie, a écrit mercredi le quotidien " Rossiïskaïa gazeta ". Narychkine a rappelé que la Douma était en consultations internationales sur le problème syrien depuis le début de la sixième convocation. Elles devraient se poursuivre au cours de la session à venir de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) à Strasbourg, où la délégation russe se rendra en fin de semaine. En revanche, les congressistes américains ont, pour une raison qu'on ignore, refusé la proposition russe d'évoquer le thème syrien. "Malheureusement leur refus témoigne certainement d'une incapacité à mener un dialogue argumenté avec nous", en a conclu Narychkine. La situation est identique sur la proposition du président russe de placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international. Le fait que Washington ignore l'initiative des députés russes - et la bloque - met en évidence son manque d'arguments, voire l'absence de soutien de la politique d'Obama au Congrès américain, suppose le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov. D'après Riabkov, "en allant au compromis sur les armes chimiques, les représentants américains continuent d'affirmer la responsabilité du régime syrien pour leur utilisation, sans fournir de preuves exhaustives et en précisant constamment que les plans de sanction contre Damas restent pertinents et pourraient aller jusqu'à l'intervention militaire". "Nous aussi nous tirons des conclusions (a déclaré Riabkov) vu que le risque d'agression et la violation du droit international ont été repoussés mais pas levés." Le vice-ministre est satisfait que les appels de Moscou pour envoyer un nouveau groupe d'experts en Syrie afin d'enquêter sur d'autres cas d'utilisation des armes chimiques aient été entendus : ce groupe est parti à Damas le 25 septembre. Selon Riabkov, le gouvernement syrien a déjà dit être prêt à tenir tous les engagements consécutifs à son adhésion à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, soulignant sa bonne volonté. "Dans ces conditions, les tentatives des Américains de pousser le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter une résolution incluant une menace directe pour la Syrie sont absolument illogiques, a déclaré le diplomate russe. Nous ne ferons pas la même erreur deux fois : nous avons retenu la leçon de Libye." "Il faut profiter de cette crise pour élaborer un modèle de réaction de la communauté internationale face à ce genre de conflits", estime Sergueï Markov, membre de la Chambre sociale russe. "Les événements en Syrie créent un foyer de terrorisme et les vagues d'activité terroriste pourraient se déverser sur le territoire de l'OTSC", met en garde Alexeï Pouchkov, président de la commission des affaires étrangères à la Douma, soulignant que dans ce sens, la Russie était directement intéressée par un règlement politique de la crise dans cette région. Après la discussion sur le thème syrien à la Tribune ouverte, Sergueï Riabkov a déclaré aux journalistes que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie pourrait être adoptée d'ici la fin de semaine, précisant toutefois qu'il n'en était pas complètement certain.
L'opposition posséderait des éléments d'armes chimiques, selon Moscou Il y a une forte chance que l'opposition syrienne possède certaines composantes d'armes chimiques, a déclaré mardi à New York le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à l'issue d'une rencontre avec son homologue américain John Kerry. "Il existe de fortes inquiétudes sur le fait que l'opposition possèderait certaines composantes de ces matériaux néfastes. Nous nous basons sur des faits. Et ces faits disent que le gouvernement syrien a rejoint la Convention internationale sur l'interdiction des armes chimiques, qu'il s'est déclaré prêt à respecter immédiatement tous les engagements pris dans ce cadre et qu'il a fourni à l'organisation des informations sur ses stocks d'armes chimiques et sur les lieux de leur emplacement", a fait savoir le ministre. La situation en Syrie a atteint sa "phase critique" le 21 août, date à laquelle certains médias ont fait état de l'attaque chimique lancée par les troupes gouvernementales syriennes dans une banlieue de Damas. Plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, ont rejeté la responsabilité de cette attaque sur le régime du président Assad. La Russie estime que l'attaque chimique en question constituait une provocation organisée par l'opposition en vue de susciter une intervention militaire étrangère dans le conflit syrien. Le 18 septembre, Moscou a annoncé avoir reçu des preuves attestant l'emploi d'armes chimiques par les insurgés. Les experts de l'ONU chargés d'enquêter sur l'incident ont conclu dans leur rapport qu'il y avait bien eu usage d'armes chimiques le 21 août près de Damas, en particulier de gaz sarin. Le mandat des enquêteurs ne prévoyait pas d'établir qui a fait usage des armes chimiques. D'après le document, les ogives retrouvées près de la capitale syrienne pourraient avoir été fabriquées tant de façon industrielle qu'artisanale.
Les experts de l'ONU de retour à Damas Les experts de l'ONU chargés d'enquêter sur les cas présumés d'emploi d'armes chimiques en Syrie sont retournés à Damas, rapportent mercredi les médias occidentaux. Le groupe d'experts dirigé par le professeur suédois Ake Sellstrom est arrivé en Syrie le 18 août afin d'enquêter sur un recours à l'arme chimique le 19 mars près d'Alep (nord). Cependant, les spécialistes ont dû quitter la région d'Alep le 21 août suite à l'annonce d'une attaque chimique près de Damas avant de quitter le pays pour préparer un rapport destiné à l'ONU. Le 16 septembre, ce rapport a été soumis aux Nations unies, confirmant l'usage d'armes chimiques près de la capitale syrienne. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a annoncé le même jour que les inspecteurs retourneraient bientôt en Syrie pour enquêter sur les autres cas de recours à l'arme chimique, dont celui près d'Alep. Moscou insiste sur la nécessité d'enquêter sur tous les cas signalés d'utilisation d'armes chimiques en Syrie, dont celui d'Alep, ainsi que les cas d'intoxication de soldats syriens survenus les 22, 24 et 25 août.
Les islamistes appellent le peuple à s'unir sur la base de la charia Plusieurs groupes d'opposition anti-Assad ont appelé la population syrienne à s'unir sur la base de la charia (loi islamique traditionnelle), rapporte mercredi la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera sur son site internet. Dans la nuit de lundi à mardi, 13 groupes d'opposition syriens ont diffusé un communiqué dans lequel ils ont refusé de reconnaître toute formation anti-Assad basée hors de la Syrie, dont la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution. Les rebelles ont alors indiqué que la Coalition et son gouvernement intérimaire avec à sa tête Ahmad Tomeh ne reflétaient pas leurs intérêts. Selon Al Jazeera, parmi les groupes ayant rejeté l'autorité de la Coalition figurent notamment l'Armée syrienne libre (ASL), la brigade Liwa al-Tawhid, les groupes "19e division" et "Ahrar al-Sham", ainsi que le Front al-Nosra associé avec la nébuleuse terroriste internationale Al- Qaïda. Ces forces "appellent tous les groupes militaires et civils syriens à s'unifier dans un cadre islamique clair, basé sur les normes de la charia, ce qui en fera l'unique source de la législation", lit-on dans la déclaration commune des rebelles. Le document appelle également à "l'abandon des divergences", ainsi qu'au "respect des intérêts de la nation islamique avant les intérêts particuliers de tout groupe séparé".