Une hausse faramineuse de 20% en un an ! Les importations algériennes de produits alimentaires ne cessent d'augmenter, de jour en jour. Importer des produits alimentaires nous coûte de plus en plus cher. C'est ce qu'il faut retenir des derniers chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) qui démontrent une explosion de la facture de certains produits alimentaires. De ce fait, les importations de l'Algérie de lait ont connu, durant le premier semestre 2014, une "importante hausse", alors que celles des sucres et huiles ont reculé de plus de 20%, par rapport à la même période de l'année écoulée, indique-t-on auprès des Douanes algériennes. Durant les six premiers mois de 2014, la facture des importations de l'Algérie du lait a été estimée à 1,03 milliard de dollars (usd), contre 549,13 millions usd à la même période de 2013, enregistrant une hausse de 88,22%. Les quantités achetées de l'étranger ont également connu la même tendance haussière, passant de 144.838 tonnes à 202.348 tonnes, en augmentation de près de 40%, précise le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) des Douanes. L'Algérie produit actuellement environ 3,5 milliards de litres de lait cru par an et en importe l'équivalent de 1,5 à 2 milliards de litres, alors que la consommation est estimée à plus de 5 milliards de litres/an, selon les estimations du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Selon les estimations de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), l'Etat consacre annuellement plus de 46 milliards de DA au soutien de la filière lait pour encourager la production et réduire la facture d'importation qui avait atteint l'année écoulée 1,13 milliard de dollars. Afin d'atteindre cet objectif, l'Etat a mis en place un dispositif de développement de la production laitière nationale qui prévoit entre autres une prime de 4 DA/litre pour l'intégration du lait cru dans le processus de transformation, alors que les laiteries qui utilisent totalement leurs capacités pour la production de lait en sachet à partir de lait cru ont une prime de 7 DA/litre. Ce dispositif prévoit également plusieurs mesures incitatives "importantes" au profit des éleveurs, des collecteurs, des transformateurs et récemment même des producteurs de certains aliments de bétail comme le maïs et la luzerne.
Chute des importations des sucres et huiles Par ailleurs, le Cnis indique que les importations des sucres, durant les six premiers mois de 2014, ont chuté de 20,5% et celles des huiles alimentaires de 23,76% en valeur, par rapport à la même période de l'année dernière. En effet, les importations des sucres (de betterave et de canne) ont atteint 454,67 millions usd durant le 1er semestre 2014 contre 571,91 millions usd à la même période de l'année écoulée (-20,5%). Les quantités importées ont totalisé 998.290 tonnes les six premiers mois de 2014 contre 1,091 million de tonnes en baisse de 8,50%, précise encore le Cnis. Les importations des huiles de soja, de tournesol brutes et huile de palme brute destinées à l'industrie alimentaire ont atteint quant à elles 358,88 millions usd les six mois de 2014, contre 470,76 millions usd à la même période en 2013, en baisse de 23,76%. Pour les quantités importées, elles ont totalisé 380.000 tonnes contre 424.814 tonnes durant la même période de comparaison déjà citée, en baisse également de plus de 10,5%, selon le Cnis. Ce recul des importations est due à une bonne récolte notamment en Europe, qui a pesé sur les prix sur le marché mondial, qui sont déjà proches d'un minimum historique. Il est à signaler que les huiles brutes sont entièrement importées et transformées en Algérie par un groupe privé et réexportées vers des pays de l'Union européenne et de l'Afrique. En 2012, l'Algérie avait réussi à réduire de 8,4% ses importations de produits alimentaires, à 9,02 milliards de $. Mais la faiblesse du secteur agricole algérien ne permet pas aujourd'hui de rétablir une balance déficitaire. C'est la raison pour laquelle le gouvernement veut sévir contre les exploitants qui ne mettent pas en valeur les terrains agricoles accordés par l'Etat. En 2012 toujours, la facture totale des importations - alimentaires et non alimentaires - avait atteint 47,49 mds $. La balance commerciale était malgré tout largement excédentaire. Cette année, l'excédent fond comme neige au soleil, puisque les importations globales s'élèvent à 41,33 mds $ sur les neufs premiers mois de l'année soit une hausse d'ores et déjà constatées de 14,16%. La logique de l'import-import freine ainsi le développement de l'agriculture. Alors que les besoins de la population augmentent et les ressources financières risquent de s'amenuiser en cas de retournement du marché pétrolier. Cette précarité invite les pouvoirs publics à mener des actions préventives afin que l'Algérie soit à l'abri des crises alimentaires cycliques, préjudiciables à la bourse des consommateurs.