Le taux de chômage a encore reculé en octobre aux Etats-Unis, tombant à 5,8% et faisant passer la barre du nombre de chômeurs sous les 9 millions pour la première fois en six ans. Le taux de chômage a perdu un dixième de point de pourcentage par rapport à septembre confirmant son niveau le plus bas depuis juillet 2008, selon les chiffres du département du Travail publiés vendredi. Pourtant, les créations d'emplois ont été un peu décevantes à 214 000, en recul de 16% sur celles de septembre, alors que les analystes misaient sur 235 000 embauches nettes. Mais le ministère a révisé en hausse de 31 000 les créations d'emplois des deux mois précédents. "Ceux qui sont déçus par ces chiffres d'octobre en dessous des attentes doivent se souvenir que les créations d'emplois sont au-dessus de la barre des 200 000 depuis neuf mois", a commenté Chris Williamson de Markit. "Cela veut dire que l'économie a ajouté 2,285 millions d'emplois" sur cette période dont l'essentiel dans le secteur privé, ajoute-t-il. Quasiment tous les secteurs ont créé davantage d'emplois, notamment ceux de la restauration (42 000), du commerce de détail (27 000) et des services de santé (25 000). Le service public a ralenti ses créations de postes à 5 000 contre 12 000 le mois de la rentrée mais "la période des coupes dans les effectifs du secteur public semble derrière nous", soulignait Michael Gapen, analyste pour Barclays Research. La baisse du taux de chômage est intervenue malgré une légère augmentation de 0,1% du taux d'activité, qui compte les personnes ayant un emploi et celles qui en recherchent un. Ce taux de participation qui a baissé depuis la crise pour des raisons démographiques et conjoncturelles accélérant mécaniquement le recul du chômage, est remonté à 62,8% en octobre. Cela représente 416 000 nouveaux entrants sur le marché du travail. Mais ce large nombre a été compensé par 683 000 nouvelles personnes ayant trouvé un emploi.
Sous la barre symbolique des 9 millions Pour la première fois depuis juillet 2008 et l'éclatement de la crise financière, le nombre de chômeurs a symboliquement glissé juste en dessous de la barre des 9 millions à 8,995 millions. Proportionnellement, les chômeurs sont toujours plus nombreux parmi les noirs (10,9%) que parmi les blancs (4,8%). Le taux de sans-emplois reste élevé (18,6%) parmi les très jeunes. Ceux-ci, qui ne constituent que 3,7% de la population active, comptent pourtant pour 12,1% des chômeurs. Au rang des améliorations, le taux de sous-emploi (baptisé U6), qui englobe le taux de chômage mais aussi les emplois à temps partiels faute de trouver mieux et les chômeurs découragés, a perdu 0,3 point à 11,5%. L'amélioration de cette mesure, très observée par la Réserve fédérale (Fed), devrait réjouir la banque centrale qui a signalé lors de sa réunion la semaine dernière que "la sous-utilisation des ressources du marché du travail diminuait". Au rythme des créations d'emplois actuel, soulignaient plusieurs analystes, le taux de chômage approche celui du plein emploi que la Fed estime être entre 5,2% et 5,5%. "Si le taux de chômage doit reculer ainsi plus vite que ne l'anticipe le Comité monétaire de la Fed, une première hausse des taux d'intérêt pourrait intervenir plus tôt que prévu", affirmait Sal Guatieri, de BMO Capital Markets. L'ensemble des analystes tablent sur une première hausse des taux en juin. Wall Street a réagi en légère baisse vendredi matin, l'indice Dow Jones cédant 0,15%. La Maison Blanche s'est félicitée du rythme de créations d'emplois qui pourrait faire de 2014 "la meilleure année" en la matière "depuis la fin des années 1990", selon l'économiste Jason Furman. Il a toutefois ajouté, dans la foulée de la déroute démocrate aux élections de mi-mandat, qu'il fallait "faire plus, s'assurer que le renforcement de l'économie se traduise par des salaires en hausse". Sans tenir compte de l'inflation, ceux-ci n'ont progressé que de 2% en rythme annuel en octobre, comme le mois d'avant.