Les chiffres de l'emploi en janvier aux Etats-Unis dressent un tableau en demi-teinte du marché du travail avec un rebond décevant des nouvelles embauches même si le taux de chômage a légèrement reculé. Le taux de chômage américain a poursuivi son recul baissant de 0,1 point de pourcentage pour s'établir en janvier à 6,6% par rapport à décembre, selon le rapport officiel sur l'emploi du département du Travail publié vendredi. Les créations d'emplois ont rebondi à 113 000 par rapport à un mois de décembre ultra décevant. Mais elles restent loin des attentes des analystes qui espéraient 175 000 nouvelles embauches et surtout bien en dessous de la moyenne mensuelle de 2013 où l'économie américaine a créé 194 000 emplois chaque mois, permettant au taux de chômage de perdre 1,3 point en un an. "Ce rapport montre à la fois les progrès enregistrés et les défis qui nous font face", soulignait la Maison Blanche dans un communiqué appelant le Congrès à renouveler l'indemnisation des chômeurs de longue durée. Les analystes se montraient dans l'ensemble déçus du chiffre des créations d'emplois qui n'était pas explicable cette fois-ci par les difficultés climatiques. "Le nombre de personnes qui n'ont pas pu travailler à cause du temps a été de 262 000, bien en dessous de la moyenne pour un mois de janvier (419 000)", notait Jennifer Lee, de BMO. En janvier, le secteur privé à lui seul a créé 142 000 nouveaux emplois, le deuxième rythme le plus lent en un an et demi, tandis que le gouvernement a connu un de ses pires mois en un an, détruisant 29 000 postes. Comme le résumait l'économiste indépendant Joel Naroff, "les créations d'emplois ont été un peu meilleures qu'en décembre (75 000) mais loin de ce qu'on a besoin de voir". Malgré cette timide croissance des embauches, le taux de chômage a reculé de 0,1 point de pourcentage à 6,6% (le plus bas niveau depuis octobre 2008) alors que les analystes s'attendaient à ce qu'il reste stable à 6,7%. Autre bonne surprise, il ne semblait pas ce mois-ci que la faiblesse de la population active y soit pour quelque chose, reflétant les chômeurs découragés abandonnant la recherche d'un emploi et sortant des statistiques du chômage. En janvier au contraire, même s'il reste à des niveaux historiquement bas, le taux de participation à la force de travail a augmenté légèrement (+0,2 point de pourcentage), soulignait le président du cercle des économistes de la Maison blanche, Jason Furman, dans un communiqué. Le rapport sur l'emploi du ministère résulte de deux enquêtes aux bases statistiques différentes, ce qui explique les dichotomies parfois observées. Les analystes notent qu'à 6,6% le taux de chômage se rapproche du seuil de 6,5% utilisé par la Réserve fédérale (Fed) pour déclencher un éventuel relèvement des taux d'intérêt.
Ajustement urgent Certains pensent qu'après avoir affirmé que les taux directeurs resteraient proches de zéro "bien après" que le taux de chômage passe sous les 6,5%, la Fed va devoir insister sur ce point. "Un ajustement des déclarations d'orientation monétaire se fait urgent", a déclaré Harm Bandholz, d'UniCredit Economics. Il a rappelé les déclarations d'un responsable de la Fed, Dennis Lockhart, qui a souligné mercredi qu'"au fur et à mesure qu'on se rapproche du taux de 6,5%, et encore plus si on le dépasse, il est raisonnable de s'attendre à une révision de l'orientation monétaire de la Fed". En attendant, ce rapport sur l'emploi mitigé ne devrait pas changer le cap de la Fed qui a commencé à réduire ses injections de liquidités, assuraient la plupart des analystes. "Il y a une claire majorité au sein du Comité monétaire (FOMC) pour continuer à réduire le soutien monétaire", c'est-à-dire à diminuer les achats de titres de dette publique destinés à soutenir la reprise, affirmait Harm Bandholz. "La Fed va continuer à lentement retirer son soutien" affirmait aussi Jennifer Lee, de BMO. Lors de sa prochaine réunion sous la houlette de sa nouvelle présidente Janet Yellen les 18 et 19 mars, le FOMC aura en main les chiffres de l'emploi de février.