L'économie des Etats-Unis a continué de créer des emplois en août mais à un rythme nettement ralenti, décevant les attentes des analystes et réduisant la pression sur la Réserve fédérale (Fed) pour qu'elle relève les taux plus rapidement. Selon les données publiées vendredi par le département du Travail, il s'est créé 142 000 emplois en août et le taux de chômage s'est établi à 6,1%, reculant d'un dixième de point. Les analystes tablaient sur 223'000 créations d'emplois contre 212 000 en juillet, alors que les nouvelles embauches ont navigué au-dessus de la barre des 200 000 depuis six mois et que la plupart des indicateurs (ISM manufacturier et des services, commandes industrielles) étaient bien orientés en août. Malgré ce chiffre décevant, le taux de chômage est parvenu à glisser à 6,1% contre 6,2% en juillet, retrouvant ainsi son niveau de juin qui était un plus bas en six ans. Vu le paysage démographique américain, il faut un peu moins de 100 000 créations d'emplois par mois pour que le taux de chômage ne grimpe pas. Un léger recul de la participation au marché du travail (-64 000, à 62,8%) a aidé mécaniquement à la baisse du taux de chômage: "alors que les économistes s'attendaient à ce que le taux tombe grâce à de fortes embauches, il a reculé surtout à cause de ceux qui ont abandonné la recherche d'un emploi", notait Chris Williamson, économiste en chef pour Markit. Pour Jason Furman, qui préside le cercle des conseillers économiques de la Maison Blanche, "bien que le rythme des créations d'emplois ait été plus bas en août que les mois précédents, la tendance va dans la bonne direction". Dans l'ensemble, pour Michael Gapen de Barclays Research, "ce rapport sur l'emploi réduit la probabilité que la Fed change radicalement de ton en septembre pour prendre une attitude plus proche des " faucons "" qui réclament une première hausse des taux plus rapidement l'année prochaine. Il donnera aussi de l'eau aux moulins des "colombes" qui au sein du Comité monétaire (FOMC) estiment qu'il est encore urgent d'attendre avant d'abandonner une politique ultra-accommodante. Jeudi, le président de la Réserve fédérale de Minneapolis, Narayana Kocherlakota, rappelait que le pays avait "besoin d'inflation" alors que celle-ci n'est qu'à 1,6%, selon l'indice PCE, en dessous de l'objectif de 2%. Jusqu'ici, le FOMC, qui se réunit les 16 et 17 septembre prochain, a indiqué que les taux d'intérêt demeureraient proches de zéro "pour une période de temps considérable". Les analystes s'attendent à une première hausse au milieu de 2015.
Ralentissement manufacturier Le ralentissement des créations d'emplois en août a été le fait de quatre secteurs principalement: l'industrie manufacturière notamment automobile, le commerce de détail, le bâtiment et les transports. Les services, notamment aux entreprises et de santé, mais aussi le gouvernement ont eu augmenté les embauches. Parmi les chiffres regardés de près par la Réserve fédérale (Fed) pour évaluer la santé du marché du travail, les chômeurs de longue durée ont été moins nombreux en août à 3 millions, reculant de 192 000. Ils comptent pour 31,2% de tous les chômeurs. Le nombre de ceux qui travaillent à temps partiel faute de trouver mieux, encore à 7,3 millions, a néanmoins glissé de 234 000. Certains économistes demeuraient sceptiques à la vue des créations d'emplois décevantes: "Je n'y crois pas, pas du tout. Cela ne correspond à rien", lançait sur la chaîne économique câblée CNBC, Marc Zandi, l'économiste de Moody's Analytics qui compile l'enquête mensuelle d'ADP sur l'emploi dans le secteur privé. Cette enquête jeudi calculait 204'000 nouvelles embauches pour le seul secteur privé en août... D'autres soulignaient que le taux de réponses aux deux enquêtes du ministère du Travail pour déterminer les créations d'emplois d'une part et les chômeurs d'autre part, est très médiocre en ce mois d'été de la part des entreprises comme des ménages. "Il y a eu une tendance pour août à ce que les chiffres soient sous-évalués et révisés ensuite", assurait Jim O'Sullivan, économiste en chef pour HFE.