Les taux d'emprunt en zone euro se sont détendus avant-hier sur le marché obligataire, les investisseurs se positionnant pour un nouveau geste de la BCE après des chiffres de croissances moroses dans la région. Les chiffres d'activité pour le troisième trimestre ont constitué la principale nouvelle de la journée, le marché ayant eu confirmation d'une croissance poussive. "Le marché reste positionné sur l'idée que la très légère hausse de la croissance n'est pas suffisante pour pousser la BCE à ne rien faire de plus", note Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas. "La probabilité augmente même aux yeux des investisseurs pour des annonces dès la réunion de décembre, ce qui explique la baisse des taux sur les pays du noyau dur et les périphériques", selon lui. A la cloture, le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a baissé à 0,785% contre 0,799% jeudi à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. De même, le taux de la France a reculé à 1,139% (contre 1,164%). Parmi les pays du sud de la zone euro, le taux de l'Espagne a baissé à 2,126% (contre 2,139%), tout comme celui de l'Italie à 2,346% (contre 2,377%). Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de 0,2% au troisième trimestre, une croissance légèrement meilleure qu'attendu. La France a fait mieux que la moyenne de la zone euro, avec une croissance de 0,3%, après un recul de 0,1% au deuxième trimestre. En revanche, la croissance ne dépasse pas 0,1% en Allemagne, première économie de la zone, qui évite de justesse la récession. "Les chiffres sont peu ou prou conformes à ce qu'on pouvait attendre. C'est même un peu plus fort en France mais dans le détail ce n'est pas très rassurant parce que c'est essentiellement lié à le remontée des stocks", qui est un soutien éphémère si la demande ne suit pas, explique M. Jacq. "Globalement, cela ne change rien au fait que la conjoncture est déprimée en France en particulier et dans la zone euro en général", selon lui. Les investisseurs attendent donc que la Banque centrale européenne (BCE) en fasse plus, notamment en annonçant un programme de rachat d'actifs de grande ampleur. Selon le stratégiste, la BCE pourrait toutefois attendre un peu avant d'éventuellement mettre en place de nouvelles mesures. Elle doit en effet mener en décembre un second prêt exceptionnel destiné aux banques de la zone euro, alors que les rachats de titres adossés à des créances ont débuté depuis peu. En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans a reculé à 2,116% contre 2,181% la veille. Aux Etats-Unis, le taux à 10 ans baissait à 2,333% contre 2,340% jeudi, tout comme celui à 30 ans à 3,054% contre 3,071% la veille. De son côté, le taux à deux ans progressait à 0,520% contre 0,515% la veille.