Les taux d'emprunt en Espagne et en Italie ont une nouvelle fois grimpé en fin de semaine sur le marché obligataire, au profit des pays les plus solides comme l'Allemagne et la France, dans l'attente de détails sur une éventuelle intervention de la BCE en zone euro. Peu avant la clôture des marchés, le taux à 10 ans de l'Espagne, qui évolue en sens inverse du prix, montait à 6,419%, (contre 6,346% jeudi à la clôture) sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. De son côté, le taux de l'Italie progressait à 5,716% (contre 5,699%). Cette tension des taux "reflète le manque de précision sur la manière exacte dont la BCE entend intervenir sur le marché de la dette publique en zone euro", indique Luca Jellinek, économiste de Crédit Agricole CIB. Pour Patrick Jacq, stratégiste obligataire de BNP Paribas, "l'attente d'une action de la BCE pèse" mais les pays les plus fragiles ne résistent quand même pas si mal. "Le marché reste convaincu qu'il y aura une issue et que des décisions seront prises", selon lui. Les investisseurs devront attendre au moins la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) le 6 septembre, mais cette dernière a déjà prévenu qu'elle n'interviendrait que si un pays lui en fait la demande. Des informations de presse ont quant à elles, fait état de discussions au sein de la BCE pour fixer une limite aux taux d'emprunt. L'Espagne et l'Italie souffraient également des incertitudes concernant les discussions entre la zone euro et la Grèce, indique M. Jacq. Le pays cherche en effet à obtenir un délai pour l'assainissement de ses finances. La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré, vendredi, vouloir que la Grèce reste dans la zone euro, se disant sûre que le nouveau gouvernement grec d'Antonis Samaras, qu'elle recevait, faisait tout pour sortir de la crise. "Il semble peu probable qu'il y aura des décisions prises avant le rapport de la troïka en septembre", observe M. Jellinek. La troïka qui réunit l'Union européenne (UE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI), autrement dit les créanciers de la Grèce, doivent rendre leurs conclusions sur les comptes et les efforts de redressement du pays, ce qui conditionne le déblocage du prochain prêt. Au total, "l'environnement macroéconomique et financier favorise la recherche d'actifs sûrs de la part des investisseurs", selon M. Jacq. Pour preuve, les taux obligataires de l'Allemagne et de la France profitaient d'une nette détente. Le taux de l'Allemagne baissait à 1,353% (contre 1,377%) et celui de la France à 2,055% (contre 2,073%). En dehors de la zone euro, le rendement britannique à 10 ans baissait à 1,528%, contre 1,569% jeudi. Par ailleurs, le taux à 10 ans des Etats-Unis reculait à 1,663%, contre 1,678% jeudi, tout comme celui à 30 ans à 2,780%, contre 2,792% la veille. Le taux à trois mois était stable à 0,10%. Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois a reculé à un nouveau plus bas historique à 0,295% contre 0,303% jeudi. Le Libor libellé en dollars a baissé à 0,425%, contre 0,427% la veille.