L'Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendante), une des principales ONG du royaume dans ce domaine, a annoncé son boycott d'un Forum mondial des droits de l'Homme prévu à Marrakech (sud), sur fond de tension avec les autorités. L'AMDH a décidé de boycotter tous les travaux du Forum mondial, du 27 au 30 novembre, selon un communiqué publié au lendemain d'une manifestation organisée devant le Parlement de Rabat pour dénoncer une interdiction systématique, selon elle, de ses activités. En marge de ce rassemblement, auquel ont participé plusieurs centaines de militants, le président de l'AMDH, Ahmed el Haij, avait laissé entrevoir une telle décision: la situation que nous endurons ne nous paraît pas compatible avec une participation, avait-il déclaré. Dans une réaction, le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH, officiel), un des organisateurs du rendez-vous de Marrakech, a affirmé n'avoir reçu aucune notification d'un tel boycott. L'AMDH a été associée aux forums nationaux de préparation, et toutes ses propositions ont été retenues. Ils restent les bienvenus, a dit Driss el Yazami. Faisant valoir que le Maroc comptait quelque 80 000 associations, M. Yazamia souligné: La société civile est un atout pour le pays. Les autorités ont le droit d'interdire des activités mais, dans un Etat de droit, l'association visée doit pouvoir recourir à la justice. Ces derniers jours, une autre ONG locale, la Ligue marocaine de défense des droits humains (LMDDH), a également annoncé l'annulation de sa participation au Forum de Marrakech, où sont attendus environ 5 000 participants de 94 pays. Dans un communiqué, elle a déploré l'absence d'un climat de confiance et les entraves à l'organisation d'activités associatives dans des espaces publics. En juillet, le ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, avait accusé des ONG locales de servir un agenda étranger --en allusion à certains de leurs financements-- et d'affaiblir par leurs critiques la lutte contre le terrorisme, entraînant des protestations dans les milieux associatifs. Face aux critiques, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, a assuré que le Maroc ne mène aucune offensive contre les organisations de droits de l'Homme. De janvier à septembre 2014, 40 associations ont organisé 4.320 activités, a-t-il relevé. Début novembre, Human Rights Watch (HRW) a appelé les autorités à arrêter d'entraver arbitrairement les activités pacifiques des organisations indépendantes de défense des droits humains. A l'approche du Forum de Marrakech, le Maroc devrait mettre fin à toutes les restrictions arbitraires sur les rassemblements organisés par ses propres militants, a estimé HRW.