L'économie américaine a progressé davantage que prévu au 3e trimestre, la croissance du Produit intérieur brut atteignant 3,9%, confirmant ainsi la solide reprise de la première économie mondiale depuis le printemps. Mardi, le département du Commerce a révisé en hausse de 0,4 point de pourcentage son estimation de la croissance du PIB en rythme annualisé par rapport à la première estimation qui s'était établie à 3,5%. Les analystes s'attendaient au contraire à ce que l'estimation de la croissance soit révisée en baisse à 3,2%. Cette solide expansion de juillet à septembre représente toutefois un léger ralentissement par rapport à celle du 2e trimestre qui avait bondi à 4,6%, après la contraction du 1er trimestre (-2,1%) du fait de conditions hivernales exceptionnelles. "Depuis la crise financière, l'économie américaine a rebondi plus fort que la plupart des autres économies dans le monde et ces données récentes montrent que les Etats-Unis continuent d'être les leaders de la reprise mondiale", a affirmé dans un communiqué, le président du Cercle des conseillers économiques de la Maison Blanche, Jason Furman. Le dynamisme américain tranche avec les difficultés des autres grandes économies mondiales, avec le Japon retombé en récession et l'expansion ralentie en Chine et en Europe. Cette révision en hausse de la croissance américaine "met encore davantage l'économie des Etats-Unis sur un page différente de celle de l'Europe et du Japon", notait Jennifer Lee, analyste pour BMO Capital Markets. Elle relance aussi le débat sur la date d'une première hausse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale (Fed). "Une croissance si florissante va inévitablement soulever la question de savoir si la Fed va relever ses taux plus tôt, peut-être au cours du premier semestre 2015", jugeait Chris Williamson, analyste chez Markit. Les taux d'intérêt sur les fonds fédéraux, qui sont maintenus proches de zéro depuis fin 2008, devraient être resserrés pour la première fois au milieu de 2015, estiment jusqu'ici une majorité d'analystes. A l'issue de ce 3e trimestre, la Réserve fédérale (Fed) avait estimé en octobre que l'économie était désormais assez solide et décidé de clore son programme d'achats d'actifs destinés à soutenir la reprise.
Moral des ménages décevant La révision en hausse au 3e trimestre reflète une progression des dépenses de consommation légèrement plus forte que prévu par rapport à la première estimation (+2,2% au lieu de +1,8%) et surtout une hausse plus importante des investissements (+5,1% contre +1%). L'accumulation des stocks s'est également renforcée ce qui pourrait toutefois peser sur la croissance au trimestre suivant si les entreprises choisissent de puiser dans ces stocks, soulignaient les analystes. Au sein des investissements, ceux des entreprises ont fait un bond de 7,1% tandis que les investissements résidentiels ont fait bien mieux que prévu lors de la première estimation, grimpant de 2,7% au lieu de 1,8%. La progression des exportations, initialement estimée à 7,8%, a été en revanche révisée en baisse à 4,9% ainsi que les dépenses publiques (+4,2% au lieu de 4,6%). Malgré cette solide croissance, le moral des ménages américains, mesuré par le Conference Board et publié aussi mardi, s'est affiché en retrait pour novembre contre toute attente (88,7 au lieu des 94,5 attendus). Les consommateurs se sont montrés moins optimistes quant aux conditions économiques et au marché de l'emploi. "C'est étrange", commentait l'économiste indépendant Joel Naroff. "Il y a toutes les raisons, sauf une, de croire que les consommateurs devraient être plus optimistes et cette raison est le manque de hausse de salaires", soulignait-il. Plusieurs analystes estimaient également que le trimestre suivant ne devrait pas être aussi dynamique, alors que la croissance de la première économie mondiale vient d'afficher ses deux meilleurs trimestres d'affilée depuis 2003. "Les perspectives pour le 4e trimestre ne sont pas aussi positives", affirmait Steven Ricchiuto, économiste en chef pour les Etats-Unis de Mizuho USA. "La production automobile est en retrait depuis trois mois et l'appréciation du dollar pourrait peser sur le commerce extérieur", a affirmé cet analyste.