Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero a effectué, hier, une visite de travail de quelques heures, en Algérie et ce, à l'invitation du chef de l'Etat. Cette visite, troisième du genre, s'inscrit dans la perspective de la tenue "d'une importante réunion" entre les deux pays, s'inscrivant en droite ligne dans le cadre de l'accord d'amitié et de coopération signé en octobre 2002. M. Zapatero a été accueilli, à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene, par le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est entretenu en tête-à-tête avec le président du gouvernement espagnol. Les deux parties ont discuté, longuement, de la relance de la coopération bilatérale, notamment dans les domaines de la sécurité et la lutte contre le terrorisme, en plus de l'intensification de la coopération dans le domaine de l'échange des renseignements et de la formation judiciaire et de la lutte contre le crime organisé. Il est, également, question de l'immigration clandestine qu'elle soit d'origine maghrébine ou subsaharienne. Il faut dire que pour la question de l'immigration clandestine, l'Algérie a toujours prôné une vision globale. A l'issue de ces entretiens M. Zapatero a souligné avoir "réaffirmé" avec le président Bouteflika, le "partenariat" entre les deux pays et "la volonté (de l'Espagne) de continuer à accroître les investissements des sociétés espagnoles en Algérie et contribuer ainsi à son développement économique". M. Zapatero a précisé que l'Espagne aidera l'Algérie à développer le secteur des énergies renouvelables. L'Algérie et l'Espagne "partagent une géographie voisine et ont de grands intérêts communs dans le présent et à l'avenir", a-t-il affirmé. "Les questions que nous avons traitées se réfèrent aux relations économiques bilatérales et spécialement dans le domaine de l'énergie, surtout dans le gaz, secteur dans lequel l'Algérie et l'Espagne ont une intense coopération et où il y a une forte présence des sociétés espagnoles" en Algérie. Le président du gouvernement espagnol a cité "les grands projets énergétiques" entre l'Algérie et l'Espagne, notamment le gazoduc Medgaz "qui avance dans sa réalisation", a-t-il assuré. L'entretien en tête à tête a ensuite été élargi aux membres des deux délégations. C'est ainsi que plusieurs membres du gouvernement à l'image de M. Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement, M. Mohammed Bedjaoui, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, M. Noureddine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, M. Abdelhamid Temmar, ministre de la Participation et de la Promotion des investissements, M. El-Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, M. Mahmoud Khedri, ministre de l'Industrie, M. Noureddine Moussa, ministre du Tourisme, et M. Abdellatif Rahal, conseiller diplomatique du président de la République ont pris part à cette réunion. Côté espagnole, c'est le ministre des Affaires étrangères et de Coopération, M. Miguel Angel Moratinos, le ministre de l'Intérieur, M. Alfredo Perez Rubalcaba, le ministre de la Justice, M. Juan Fernando Lopez Aguilar, et le ministre de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce, M. Juan Clos qui accompagnent M. Zapatero qui ont pris part aux entretiens. Un déjeuner a ensuite été offert en l'honneur de M. Zapatero par le président de la République. Celui-ci donnera d'ailleurs un toast au cours duquel il insistera sur le refermissement des relations d'affaires grâce à une plus grande présence des entreprises espagnoles et leur participation à la plupart des appels d'offres pour la réalisation de grands projets. Le président de la République indiquera par ailleurs qu'"il se développe un mouvement d'investissements espagnols en Algérie dans divers secteurs, comme ceux des infrastructures de base, des ressources hydriques, des cimenteries, de la pêche et même du secteur bancaire, ce qui permet d'étendre notre partenariat à d'autres créneaux et sous des formes variées." Et d'ajouetr que "dans ce flux d'affaires, le secteur de l'énergie conserve une place de premier plan en tant que socle de la coopération entre nos deux pays, et force motrice d'initiatives novatrices et ambitieuses."M. Bouteflika évoquera également plusieurs questions internationales d'intérêt commun, à l'image de l'immigration clandestine, le NEPAD ainsi que la situation au Proche-Orient. Il saisira l'occasion pour exhorter les autorités espagnoles à trouver un règlement équitable au conflit au Sahara occidental. Aussi, une convention judiciaire algéro-espagnole sur l'extradition a été signée, hier, par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Tayeb Belaïz et son homologue, M. Juan Fernando Lopez Aguilar. La signature de la convention s'est déroulée en présence du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, et le président du gouvernement espagnol, M. Jose Luis Rodriguez Zapatero. Cette convention vient parachever la coopération judiciaire entre l'Algérie et l'Espagne, après l'accord d'entraide pénale et celui en matière civile et commerciale, signés respectivement en 2004 et 2005. Néanmoins elle permettrait surtout d'extrader plus de 70 ressortissants algériens arrêtés en Espagne pour activités terroristes. Les deux pays ont également l'intention de renforcer ce type de coopération par une coopération institutionnelle, à travers la formation en Espagne des magistrats algériens, sur des sujets "techniques pointus". L'Algérie et l'Espagne prévoient aussi un échange d'expérience en matière de norme, de jurisprudence et de coopération dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Des échanges de visite des magistrats des deux pays et un jumelage entre les institutions judiciaires et les écoles de formation algérienne sont également prévus dans l'agenda des responsables des deux parties. Il est attendu, dans ce contexte, l'organisation, au cours du 1er semestre 2007, de quatre séminaires en matière judiciaire entre les deux pays, en Algérie et en Espagne. Il reste néanmoins que la coopération entre l'Algérie et l'Espagne se situe également et particulièrement, dans les domaines énergétiques électricité et surtout en gaz. Il faut savoir que l'Algérie fournit 60% de la consommation en gaz espagnole. Parmi les projets stratégiques entre les deux pays figure le projet "Medgaz", lu gazoduc qui relie Beni Saf et Almeria et qui va servir à approvisionner l'Europe avec une capacité de 8 000 millions de m3 pendant deux années. Le renforcement de la coopération bilatérale dans le domaine de l'énergie passe également par de nombreux projets. On peut citer, dans ce cadre, le projet intégré de Gassi Touil-Rhourde-Nouss, (sud de Hassi Messaoud) et dont le coût d'investissement dépasse les 3,5 milliards de dollars. Un autre terrain de partenariat est, également, investi par la compagnie espagnole Iberdrola pour l'achat d'un milliard de m3 de gaz naturel/an. Cette quantité sera livrée à travers le gazoduc Medgaz (Algérie-Espagne). D'autre part, le marché algérien, très porteur, suscite un intérêt particulier auprès des PME espagnoles, d'ailleurs la Confédération des PME catalanes Pimec, avait appelé, récemment, à "l'ouverture d'un consulat d'Algérie à Barcelone pour propulser les relations économiques algéro-catalanes".Parmi les domaines de coopération l'on peut également citer les transports ferroviaire et urbain, trains de banlieue et réseaux routiers. La chimie et le tourisme sont, également, les secteurs les plus attractifs pour les opérateurs espagnols. Quant au domaine énergétique, une dizaine de projets sont en cours de concrétisation, menés par de grandes compagnies espagnoles. Des sources espagnoles citent aussi l'intérêt qu'a manifesté, l'entreprise espagnole Fertiberia pour l'achat des entreprises de production d'engrais alors que la firme PMS lorgne sérieusement, vers le secteur des détergents qui semble être un domaine plutôt insuffisamment pourvu. Il est à rappeler que l'Algérie et l'Espagne se sont engagées, ces dernières années, dans un processus de consolidation des relations bilatérales dans tous les domaines , et cela, en conclusion du traité d'amitié , de bon voisinage et de coopération signé entre les deux pays le 8 octobre 2002. D'ailleurs, plusieurs visites de hauts responsables ont été échangées entre les deux parties, dont celles du président de la République en 2002 et 2005 , en attendant la visite du couple royal espagnol, prévue pour le premier trimestre de l'année prochaine. Bref, les liens entre l'Algérie et l'Espagne se resserrent. Preuve en est : le récent retour de la compagnie aérienne Ibéria, à Alger, après une dizaine d'années d'absence.